Category

Réflexions

Lever les ténèbres

By | Blabla / News, Réflexions | No Comments

Cet article là, je l’ai commencé il y a maintenant un bon moment, je dirais deux ans, ou pas loin..
Il est peut être temps de le partager aussi, après mise à jour rapide.

J’aurais mis quinze ans à réaliser, presque seize au final.
Quinze années pour affronter l’un des plus ténébreux fantôme de mon passé, l’un des plus lourds à porter. Et j’ai eu envie d’en parler.

Quand j’étais plus jeune, je rêvais toutes les nuits. La plupart du temps de jolis rêves, d’incroyables fantaisies. J’attendais chaque jour la nuit pour me réfugier dans ses bras de velours. Avec elle, je vivais mille vies, dans plus de mille couleurs. Je faisais mille rencontres, mille voyages, et je n’avais jamais peur. Les cauchemars étaient peu nombreux, et c’étaient toujours les mêmes. Rares étaient les réveils qui se faisaient dans la douleur. Elle était le remède à mes journées de peine, ma meilleure alliée, si belle avec ses constellations oniriques et son voile ébène..

Il aura suffit d’une à deux années pour que tout bascule sans même que je ne m’en aperçoive.

Une personne a brisé mon rythme et mes habitudes, et presque tout de moi, en fait. Cela me déplaît de lui donner tant d’importance, mais avec le recul, le constat est édifiant : cette personne n’a pas seulement tout brisé de mes journées; en cours de chemin elle m’a aussi volé la nuit, la seule amie que j’avais vraiment à l’époque, avec les livres et l’ordi…
Petit à petit, en changeant tout, en volant toujours plus, même ce qui ne se dit pas sans détresse, elle a maudit l’obscurité autant que le reste.. Les jolis rêves se sont petit à petit effacés, remplacés par toujours plus de noirceur.. faisant ressurgir toutes souffrances jusqu’ici ignorées, et en édifiant de nouvelles.
Le terreau était déjà largement là, lui facilitant le travail, je n’ai pas su voir ni comprendre que j’aurais pu et dû me défendre. Ou fuir…
Cette personne avait pris soin de m’isoler totalement très tôt, alors j’imagine que le fait de m’être retrouvée seule face à cela n’a pas aidée. Parler demandait un courage incommensurable, et personne n’avait envie d’écouter, ou de comprendre les mi-mots, les demi appels à l’aide. Personne n’a cru. Personne n’a agit… sauf moi. Un ultime élan de survie que moi-même je n’ai pas compris, mais que je remercie aujourd’hui.

Du jour où j’ai réussi à m’extraire de ses filets, je n’ai presque plus jamais rêvé. Je n’ai fait que cauchemarder.
Tout ce qui avait pu être avant, pendant, et tout ce qui était désormais me hantait chaque fois la nuit tombée, au point que j’ai souvent eu peur d’aller me coucher… Je dormais à côté de mon écran, du son en permanence auquel me raccrocher, une petite lumière allumée. Même ainsi, je ne pouvais guère y échapper. Des cauchemars nombreux, douloureux, qui me faisaient me réveiller en train de m’étouffer, de pleurer, de transpirer, de hurler, et en ayant envie d’en terminer… j’ai eu beau m’abrutir de jeux, de livres, de tout ce que je pouvais, je ne parvenais qu’à limiter leur emprise le jour. La nuit demeurait un enfer sans fin..

Tant bien que mal, je m’y suis faite. J’avais renoncé. Renoncé à me réveiller revigorée. Renoncé à rêver ces belles choses qui m’avait tant portée… Je me croyais punie pour une faute que j’aurais faite, ou pour le seul fait d’avoir toujours été imparfaite. J’avais accepté ce châtiment inexpliqué comme je pensais avoir acceptée chacune des choses qui m’était arrivée… je me trompais, mais je l’ignorais.

J’ai bien essayé d’affronter ça avant, mais me heurtant à des dénis, de l’indifférence, et ce genre de choses, j’avais fini par me convaincre que j’avais peut-être tout rêvé/cauchemardé, ou que c’était « normal ». La vérité c’est que c’est tellement « commun » que bien des gens n’y font pas attention, c’est tellement loin des clichés véhiculés partout et qui arrangent bien ceux qui commettent ces méfaits ordinaires ou souhaitent continuer à les ignorer… et c’est compliqué de cheminer seule sur un chemin pareil, sans personne pour nous conforter dans l’idée qu’on fait bien, que non ce n’était pas normal, etc.. répétez à n’importe quelle personne qu’elle est folle ou mytho assez souvent assez longtemps, et elle finira par le croire elle même..

Les années passant, la thérapie m’a aidée sur bien des sujets, l’Amour de mon conjoint aussi, lui qui a su adoucir la solitude que l’on ressent la nuit, seul face à soi-même. Combien de fois l’ai-je réveillé car la douleur était trop forte pour ne pas craquer ? Combien d’heures nocturnes a-t-il passé à me consoler, sans me juger ? On s’est habitués. C’était ainsi : je me réveillais plusieurs fois par nuit en proie à des crises de larmes, de paniques, d’angoisses ou de douleurs. À moitié réveillé la plupart du temps, il me prenait dans ses bras, me murmurant que c’était passé, que j’étais en sécurité et qu’il m’aimait… ce que j’ai pu m’en vouloir de lui infliger celle que j’étais. Ce que j’ai pu me détester de me sentir ainsi perdue et brisée…(sans compter ceux de mon entourage qui me dépeignaient comme un boulet à ses côtés.. une autre source de cauchemars qu’il a fallut traiter..)

Et puis en 2021, après un long, très long chemin de pensée, j’ai contacté une association sur un thème bien précis. Je leur ai livré sans fard mon témoignage sur cet épisode que j’avais cru enterré mais dont je ne parvenais pas à me débarrasser. J’ai tout déballé, même les passages les plus choquants, ceux dont je crevais encore de honte de même juste y penser. Je n’ai rien caché.
Je crois que j’étais prête à assumer au moins en partie, ou du moins, à entendre la vérité – au moins juste une fois. Car au fond, une petite voix hurlait. Depuis toujours, elle savait..
Et le verdict est tombé.
Je l’ai accueilli comme je ne sais quoi : avec peine, avec douleur, avec colère, et avec soulagement… il était temps.

Oui, pendant deux années, cet ex m’a abusée, mentalement comme physiquement.

Oui, il y a eu violences, et pas seulement verbale et psychologique, ignorées ou minimisées si j’avais le malheur d’en parler. Oui, il y avait eu viols. Répétés, et niés. Oui, j’ai porté ça seule pendant des années, puis à mi-mots avec mon conjoint qui a tout accepté, et rien brusqué. J’ai reconstruit, à force de volonté -et de retours en arrière involontaires parfois-, un semblant de confiance en moi, une confiance en l’autre, un vague sentiment de communion et d’appartenance avec mon corps, et un milliard de petites choses qui n’ont l’air de rien mais qui changent absolument tout… Mais il manquait quelque chose, quelque chose de crucial : l’intégration.

Il me manquait de regarder en face les faits, leur violence et leurs effets, d’admettre que tout cela était bien réel – aussi dur que ce soit -, de me laver de la culpabilité que j’en ressentais, de lâcher la colère que j’avais réprimée, d’accepter le désespoir que cela avait engendré, de réaliser tout ça et de l’intégrer à mon histoire sans le laisser me résumer.

J’ai re-traité la chose en thérapie, en profondeur et sans déni cette fois-ci. Et les mois ont passé. Jusqu’à ce qu’un matin je me réveille en réalisant pour la première fois : « ma nuit était noire« . Je n’avais pas rêvé, je n’avais pas cauchemardé. J’avais simplement dormi. Pas de douleurs au réveil. Pas de larmes au milieu de la nuit. Pas d’angoisse provoquant ensuite une insomnie. Une nuit sans son, et sans image… alors j’ai observé mes nuits, l’une après l’autre, et j’ai compris. J’ai compris que la plupart de mes cauchemars étaient partis. Simplement comme ça, lentement, « normalement »…

Le poids dans ma poitrine était plus léger aussi. La boule de haine qui s’était implantée quinze ans auparavant, et contre laquelle j’avais lutté de toutes mes forces pour n’en laisser que des résidus informes n’était tout bonnement plus là. Pas même en poussière. Reste de vagues grains de colère qui font partie de moi, mais rien de si lourd qu’avant à porter.

 

Quinze années, et un zeste de besoin d’en parler pour l’encrer dans la réalité, mais la page peut enfin se tourner désormais…

Je n’aurais jamais cru que ça puisse réellement arriver… par moment je me demande même si cela va durer… Je me sens toujours amputée de ces rêves qui comptaient tant pour moi, mais j’arrive à me contenter de la chance d’avoir connu ça. L’essentiel est que les ténèbres qui m’entouraient se dissipent. Car pendant plusieurs mois d’affilé je n’ai plus fait de cauchemars multiples chaque nuit.
Il y a bien autre chose qui a ensuite perturbé mon sommeil depuis, mais rien à voir. C’est que ça chamboule tout, une grossesse (surtout quand ça se passe mal) et des bébés. Et puis mes peurs qu’il leur arrive quelque chose se manifestent la nuit comme toutes mes peurs, mais ça reste très différent, et bien moins systématique. J’ai bien quelques rêves désagréables encore, par-ci par là, et quelques cauchemars qui perdurent, mais pas sur ça, plus toutes les nuits, pas plus d’une ou deux fois par nuit, et rien d’aussi horrible qu’avant.
C’est vrai, les beaux rêves fantastiques ne sont pas revenus, mais qu’importe aujourd’hui. C’est déjà pour moi un miracle que, quand aucun pleurs ne résonne, j’arrive à dormir sans souffrir..

Quinze ans de vie, voilà ce que ça m’aura pris,
mais désormais, je n’ai plus peur de la nuit.

Nota Bene

By | Photos, Réflexions | No Comments

– Ne fais jamais de mal volontairement à quiconque, mais ne laisse personne te faire de mal.
– Continue à toujours faire de ton mieux. Ce mieux est variable et ce n’est ni bien ni mal. Fais les choses à ton rythme.
– Tu es « capable ». Crois en toi. Fais ce que tu aimes faire.
– Si tu ne le sens pas, c’est que ça ne va pas. Fais toi confiance. Ne subis pas, sors toi de là.
– Si tu ne peux vraiment rien y faire, sache que « Tout passe ». Promis.
– Tu n’as pas à être seule en toutes circonstances. Demande de l’aide. Fais toi accompagner. Il n’y a aucune honte à ça. Ça demande même du courage, et tu as ce courage en toi.
– Si tu as besoin, ou même juste envie, je suis là. Tu auras toujours ta place auprès de moi.
– Personne ne mérite de souffrir. Tu mérites d’être heureuse.
– Tu as le droit d’avoir et d’exprimer tes émotions. La joie, la tristesse, la peur, la colère; toutes les émotions qui existent et toutes leurs nuances. Tu peux réussir à les canaliser pour que leur expression ne fasse pas de mal, on va apprendre ensemble.
– Tu as le droit, tout court. Le droit d’exister. De vivre. De t’exprimer. De douter. De prendre le temps ou de foncer. D’aller bien. D’aller mal. De penser par toi même. D’être différente. De faire des erreurs. D’apprendre. De tenter. D’échouer. De réussir. De suivre ce que te dicte ton coeur. De dire oui. De dire non. De te défendre. D’être acceptée telle que tu es, sous tous tes aspects. D’être respectée. D’être aimée. D’être.
– Tu es parfaite telle que tu es.
– Je suis fier/fière de toi.
– Je t’aime. Sans conditions.
– Je suis heureux/euse de t’avoir rencontrée. Merci de faire partie de ma Vie.

Nota Bene : Ces phrases que j’aurais aimé entendre en grandissant… penser à les leur dire régulièrement.

Des morceaux en bleu

By | Blabla / News, Dessins, Évènement, Liens, Poésie / Texte, Réflexions | 2 Comments


Le 2 avril 2022, ce sera la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme. À l’occasion, la ville de Saint-Étienne organise une animation sur la place Jean Jaurès, en partenariat avec une dizaine d’associations tournées vers l’autisme, dont celle qui m’a permis d’obtenir un diagnostic. L’évènement porte un nom qui me plaît forcément : « tous en bleu« .

Sur le stand de l’association qui m’a accompagnée, il y aura une exposition visant à montrer des oeuvres créées par des personnes diagnostiquées.
Comme toute personne étant dans ce cas là (combien on était, aucune idée), j’ai été contactée pour ça. Je crois que je n’ai pas tout compris quand on m’a contactée : je n’ai proposé que trois dessins pour montrer « mon univers ». J’ai aussi envoyé un texte et deux photographies. J’aurais eu bien plus à montrer, mais je ne voulais pas submerger l’interlocuteur, donc je me suis forcée à sélectionner.
Texte et photos n’ont pas été retenus, mais il s’avère que les trois dessins, eux ont été retenu ! On m’a proposé de faire afficher un titre et une description, je n’ai choisi de ne faire apparaître que le titre. J’étais déjà très contente à l’idée que quelqu’un veuille exposer un peu mes gribouilles, quelle qu’en soit la raison… et puis j’ai réfléchi, juste comme ça, et j’ai réalisé que je n’expliquais pas si souvent mes dessins… sauf peut être ici, mais pas toujours.

+ EDIT DU 1er Avril + : exposition annulée. Forcément hein.. En ce moment, tous les petits évènements me tenant à coeur sont annulés ou reportés… é_è tant pis, c’est comme ça.. Je laisse mon article.. au moins mes dessins seront visibles ici, même si je ne parle jamais de mon blog à personne…

J’aime l’idée que les gens y voient un peu ce qu’ils veulent, qu’en regardant ils puissent ressentir librement les émotions qui leur conviennent même si ce ne sont pas celles qui m’ont animée au moment de la création ou que j’ai mise en intention dedans.
Pourtant, là, je me dis « pourquoi pas ? ». Pourquoi ne pas, pour une fois, ici sur mon petit blog à moi, expliquer un peu ce qui me passait par la tête quand j’ai fait ces oeuvres que j’ai sélectionnées… Et puis ce sera l’occasion de reposter un peu certain dessins qui m’ont tenu à coeur.

(cliquez sur les titres pour afficher/masquer)
Premier dessin sélectionné : Dépression.

Deuxième dessin sélectionné : La pirate (en moi).

Troisième dessin sélectionné : Ouvre ton coeur.

S’il y avait eu d’autres dessins.

Si j’avais su que je pouvais en proposer plus de trois (si j’avais compris qu’il fallait envoyer tous les candidats et pas juste une sélection drastique montrant le genre d’œuvres réalisées), j’aurais tapé dans les dessins que je vais montrer là.

Une plume sur le coeur.

Au coeur du silence et l’Envol

La porte silencieuse ou « worLds » (: les mots sont des portes)

« Early morning » (Tôt le matin) ou « Fading in the Rain » (Se fondre dans la pluie)

La fée du lac

« Spring Moon » (Asperger)

Et voilà..
Peut être que des explications sont redondantes. Peut être que certaines creusent un peu plus que je ne le fais habituellement, ou complètent ce que j’avais déjà pu dire dessus. Quoi qu’il en soit, j’ai essayé d’expliquer quelques dessins importants pour moi. C’est un peu compliqué d’autant que j’ai du mal à me concentrer, surtout les derniers temps, mais j’espère que c’était compréhensible et intéressant (désolée s’il y a des fautes, je n’ai pas le courage de me relire !)… Quoi qu’il en soit, j’aime bien l’idée que mes dessins seront probablement affiché au stand. Si j’arrive à marcher, j’essaierai peut être d’aller les voir et de voir les œuvres des autres aussi.. On verra !

Bonne journée, à bientôt.

Je dépose ça ici

By | Blabla / News, Dessins, Poésie / Texte, Réflexions | 3 Comments

Je me demande combien de fois au cours de ma vie, j’ai pu me rabâcher ou m’entendre reprocher que j’étais « différente », « anormale », « bizarre »…?
Combien de fois ai-je entendu des jugements sur moi que je ne comprenais pas tant ils étaient loin de tout ce que je me voyais ou tentais d’être ?
J’ai passé bien vingt cinq années de ma vie à me sentir totalement dysfonctionnelle, inadaptée à ce monde, incapable de le comprendre et de m’y faire entendre… Ce serait peine perdue de tenter de décrire la solitude dans laquelle j’ai pu évoluer, et les cicatrices que j’ai pu porter sans en faire part à quiconque… Je n’écris pas cela pour me plaindre, je pose un constat, et je m »interroge : tout aurait il pu être autrement ? le fameux « Si j’avais su », si « on » avait su…
Une question bien inutile, et pourtant, elle m’effleure souvent…

J’en ai parlé plusieurs fois sur ce blog, à mots plus ou moins découverts (comme ici, ici, ou encore et surtout *), mais cette différence a été le pivot central de nombre de mes réflexions, de mes obsessions…

Il y a quelques années, j’ai entamé un long parcours. Un parcours encore inachevé dans le sens où pour faire reconnaître son débouché, j’ai encore beaucoup à affronter, quand j’en aurais le courage et la volonté. Un parcours incertain, éprouvant, en plusieurs étapes, attirée par un mot comme un papillon de nuit par la lumière trop vive d’un réverbère. Avec au coeur, un espoir insensé, un rêve émietté et discret : comprendre, et peut-être par la suite, pouvoir accepter… C’était devenu vital.

J’ai lu des centaines de pages web sur le sujet, des livres, des témoignages, j’ai regardé des vidéos en boucle, écouté des podcasts, fait des recherches toujours plus poussées… Qu’est-ce que j’ai pu pleurer, en lisant les lignes écrites par d’autres et qui pourtant, pour la première fois, à la perfection me décrivait, moi, l’anomalie inexpliquée… De découvrir que nous étions des milliers, tous aux mêmes épreuves confrontés, et dans la même solitude et la même inquiétude moulés, parfois pétrifiés..
Au fond de moi, j’ai très vite su. Je le sentais, même si j’avais infiniment peur de me tromper. Au début, mon conjoint a été le seul à ne pas avoir cherché à me détourner du chemin que j’empruntais pour obtenir une validation de mon ressenti et mon vécu.. même s’il ne comprenait pas tout, il a fait comme il fait presque toujours : il a accepté, parce que ça venait de moi, et que pour lui, ça ne changeait pas quoi que ce soit… ♥

J’ai eu de la chance, c’est allé « vite » pour moi. Certains attendent toute une vie une piste à remonter, ou une file d’attente qui daignerait les laisser passer… Je suis tombée au bon moment sur les bonnes personnes, en quelque sorte. Fin 2021, j’ai eu ma réponse. LA Réponse. Celle réponse que j’attendais désespéramment depuis si longtemps sans le savoir. Celle qui m’a enfin tendue un autre miroir… un que je pouvais croire.
Je l’ai accueillie avec force de larmes, de soulagement, et d’appréhension, mais ça a été une réelle libération.

♥ trois des livres posés sur la fin de mon chemin vers le diagnostic ♥

Toutefois, cette révélation reste suspendue à un fil bien ténu. Que je comprenne la raison de mes tourments est une chose incroyable, mais jusqu’ici, malgré une furieuse envie de le crier sur tous les toits, je l’ai beaucoup gardée par devers moi, comme un petit secret. D’abord parce que je suis un peu comme ça, surtout le temps d’intégrer les informations, et ensuite, parce que je manquais de foi. La foi de se dire « si j’en parle, mon interlocuteur l’acceptera« . J’ai fait quelques tentatives aux résultats variables… Quatre proches ont accepté l’information sans broncher (mes êtres humains préférés ♥). Deux proches ont accepté mais sans bien comprendre de quoi il retournait, ou avec une idée un peu biaisée de la chose et ses retombées. D’autres ont vivement protesté : c’est impossible, je m’invente des problèmes. Ah cette phrase… combien de fois l’ai-je entendu aussi ? Combien de fois ce que je pouvais être ou ressentir a-t-il été minimisé ou nié ?
C’est si fragile ce genre de choses. Les handicaps et les douleurs qui ne se voient pas sont si souvent ignorés, voire niés, et presque systématiquement mal jugés..

Aujourd’hui, le temps aidant, je commence à me dire que je m’en fiche, de ce que les gens pensent.. Je ne vais pas le crier sur tous les toits, mais je n’ai plus l’intention de me cacher. Je suis moi, avec ce fait impalpable qui me donne bien des faiblesses, mais aussi quelques jolies qualités que même le temps passé à me remodeler n’a pas pu complètement effacées…

Je le dépose ici, comme on poserait un objet délicat dans son carton tapissé de papier bulle et de coton.

Je suis Autiste Asperger.

Je suis toujours différente. Différente d’une norme, mais pas de milliers d’autres oubliés. Avec ma personnalités et ses fêlures, mais la même singularité que d’autres humains que je remercie d’exister. Je ne suis plus anormale, ou dysfonctionnelle, c’est ce monde qui l’est, par la façon non inclusive dont il a été pensé, et qui pourra(it) être améliorée, avec du temps, et de la volonté des deux côtés… J’ai toujours les mêmes défauts, les mêmes qualités, les mêmes problèmes à affronter, mais désormais : je sais.

Je ne suis plus complètement perdue dans un monde où je n’ai pas ma place. Je suis en recherche, dans un monde pas encore complètement exploré, d’un tout petit espace..

Après tant d’années à me haïr, moi l’anomalie dysfonctionnelle,
Si différente qu’elle s’isolait, quand elle n’était pas rejetée…
Prisonnière de sens et de pensées, d’effondrements trop réguliers,
Et en proie aux doutes sans arrêt.. Je peux enfin m’accepter.
Rudes furent mon errance et ma douleur confidentielles..
Gardez donc votre “normalité”, je cesse de m’y contraindre et de la désirer.
En réalité je peux accueillir qui je suis depuis que je sais..
Rien que moi, une Aspie qui -finalement- ne s’est pas si mal débrouillée.

May I always recall myself,
Even in bright light, there’s shadow,
even in dark night, there’s something to glow…

Texte: Évolution

By | Réflexions | No Comments
Au fil d’innombrables circonvolutions, s’affûtent, s’affinent, parfois s’effacent, ou s’enfoncent, et se déforment nos pensées, nos âmes et nos convictions. Rien n’est différent, mais rien n’est plus pareil non plus. Bricolages de mouvements si souvent imprévus.
Tout change et se transforme. Vont et viennent les couleurs et les contours à chaque heure de l’année ou du jour. Forces et faiblesses mêlées, meurent et naissent chaque nuitée, richesses sans cesse renouvelées.

Ombres et lumières se succèdent dans un insondable ballet, et je danse au milieu sans forcément le réaliser. Ballotée en tout sens comme dans le vent la fumée, plume perdue dans les ondes d’Alizé.

Parfois j’y laisse ou j’y gagne des morceaux de raisons. Des bouts de moi s’échappent dans ces tourbillons. Certains pour ne plus jamais revenir, d’autres pour un temps seulement. Ceux qui reviennent tombent comme autant de larmes et d’éclats de rire, en silence ou dans de grands fracassements.
D’aucun sont immuables, le reste est méconnaissable..

Et je change à chaque ressac de l’existence; je me perds et me retrouve, étrange voyage de la conscience qui s’éprouve. Inexorable. Impalpable..

Au milieu de ma peur du changement, il y a la beauté du Présent, et de quelque chose de plus grand. Cet indicible harmonie au sein de l’inintelligible chaos de la Vie.

Tout n’est que variation, apprentissage de leçons, et en regardant la route derrière moi, je comprends ce que je vois : ma propre Évolution.

Les ponts

By | Poésie / Texte, Réflexions | 4 Comments

Du bord de ce moi-même épuisé, je contemple les ponts que j’ai pu créer..

Ceux qui me sont devenus trop étriqués, et qu’il me faudrait modifier. J’ai grandi, et le monde -comme moi- a changé.
Ceux que les éléments ont bien usés, et qui menacent de céder si rien n’est fait. En suspens dans le temps, et pour lesquels il faut statuer : les réparer ou les abandonner.
Ceux qui ont brûlé, et ceux qui se sont écroulés. Ces ponts détruits sans réelle contrariété, parfois par ma main trop blessée, parfois par ceux avec qui je les partageais..
Ceux qu’on a rasés, ou laissé être emportés, mais à regret, parce qu’on comprenait le besoin de liberté, ou d’évoluer, d’oublier. Leurs ruines seulement partiellement immergées..
Ceux recouverts de brume, tous différents, que l’on n’ose plus traverser, car on ignore qui peut bien être encore de l’autre côté. Les regarder nous rend parfois apeurés, ou nous fait espérer. Choisir – d’attendre de le voir tomber si on est incapable de décider -, de le faire sauter pour s’en libérer, ou quelques fois, de prendre son courage et aller vérifier – par amour du souvenir qu’on en avait -.
Ceux qu’on a rebâtis, ou du moins, on a essayé. Qui ont parfois un drôle d’air ainsi rafistolés, qui peuvent manquer un brin de solidité, mais ça viendra peut-être une fois peaufinés, et alors ils seront tellement plus adaptés que ce qu’ils étaient.
Et puis bien sûr, il y a ces ponts qui n’ont jamais bougé, ils étaient déjà parfaits, immuables et sûrs depuis tant et tant d’années.

Toutes ces façons de construire quelque chose pour se relier, toutes ces couleurs -parfois surprenantes- que l’on découvre sur le trajet… celui pour aller de “l’autre côté”, “rencontrer”.

La vie n’est pas un long fleuve, tranquille et satiné. C’est une succession de rives, subtiles et bigarrées.

« Silent Door »

By | Dessins, Réflexions | 4 Comments

Il y a quelques temps, j’ai fait une nouvelle séance pour ma thérapie. Juste avant, j’avais dessiné une image qui s’était imposée à moi, puis j’avais rédigé des mots dans un poème sans prétention. Juste un morceau d’introspection. Un petit bout de l’ancienne moi qui s’efface à l’horizon.
Après ma séance, j’ai rajouté un paragraphe. Du genre qui change toute ma perception. Je crois que c’était le moment de se pencher un peu plus sur la question. Et là j’ai envie de partager ce qui était sorti au premier jet (modifié depuis – mais je garde le finish pour le mettre ailleurs), juste comme ça, car après tout je n’ai pas besoin de raison.

«  »
Je voulais juste faire partie de votre monde. Je n’ai jamais vraiment demandé davantage …

Ma vie résonne encore, parfois, des échos de mes prières passées, tout bas murmurées.
Je peux encore sentir le trou béant qu’ont creusé en moi des années de larmes douloureuses.

Mon cœur connaît ça si bien… la profonde tristesse intérieure… la cruelle solitude..

Ma mémoire est si pleine de toutes les pensées qui poignardent l’âme, quand elle est prisonnière d’un autre rivage,
Quand on attend et qu’on disparaît, seul dans le noir, transi de froid, et que personne n’est là pour s’en inquiéter.

Je suis désolée. Je me suis laisser devenir égoïste quand j’ai succombé à mes peurs trop nombreuses.
Depuis, j’ai toujours repoussé tout le monde. Ne le prenez pas personnellement. Je craignais que la folie ne devienne une habitude.

Pardonnez-moi. Je ne crois pas avoir appris à être autre chose qu’une porte silencieuse. . . .

Pourtant, peut-être… juste « peut-être »… Peut-être qu’aujourd’hui, je peux essayer de faire ce que je n’ai jamais fait avant…
Ouvrir la porte, et découvrir le monde qui se trouve de l’autre côté, et dont j’ai rêvé si longtemps ..?
«  »
C’est long, infiniment long. Mais je crois de plus en plus en une guérison.

Sorry Children (#LaPireExcuse) & Nous y sommes.

By | Liens, Réflexions | No Comments
« Cela me semblait loin, alors j’ai pensé qu’on avait le temps, que c’était pas si important que cela.« 
Ce genre d’excuse, ça pique et ça rend fou.
Ce n’est pas parce que le raz-de-marée a l’air loin qu’il ne va pas très prochainement tout dévaster sur son passage. On est précisément dans un cas comme celui-ci. On l’avait « prédit » : des décennies que les chercheurs de tous horizons tirent la sonnette d’alarme. Désormais, il se profile le « raz-de-marée » planétaire, c’est tangible pour qui veut bien ouvrir les yeux. « Nous y sommes ».
C’est le moment ou jamais pour choisir d’agir.
 
₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪
 
Certains le savent, l’environnement est un sujet qui me tient à coeur.  Mon amour de la nature m’interdit de fermer les yeux sur ce qui la met en danger.  C’est pour cela que, petit à petit, et depuis des années, je change mes habitudes à la hauteur de mes possibilités pour mettre mes actes en accord avec mes idées. Ce n’est pas encore parfait, ça fait parfois un peu le yoyo, mais on maintient le cap.
 
Il faut accepter qu’on ne peut pas toujours tout faire, ou pas en même temps. Que s’adapter, c’est changer, remettre en question le confort quotidien, au moins un temps, celui de l’habitude et de la découverte des bienfaits engendrés par nos évolutions. Il faut aussi accepter qu’il arrive qu’une solution n’en est en fait pas été une, et qu’il faut changer à nouveau, que « bon sang, ça aussi, faut modifier ! ». Oui, c’est du boulot, mais ça vaut plus que largement le coup.
 
Il existe de nombreuses pistes pour agir. Tout le monde peut trouver quelque chose qu’il est capable de faire :
 
Limiter tout ce qui est à usage unique ou limité. Remplacer les « indispensables » par des solutions durables. Limiter les achats et privilégier le troc, les réparations, les prêts, etc.  Limiter les emballages, apporter les siens dès que c’est possible, et limiter les déchets. Mettre en place un compost, et des espaces fleuris pour faciliter la vie de la biodiversité et le travail des abeilles. Éviter les produits chimiques, quels qu’ils soient. Limiter l’usage de véhicule, et optimiser les trajets. Limiter la consommation de viande, oeufs, lait, etc. Consommer autant que possible local, de saison, et bio. Bannir les aliments et produits qui ne respectent pas la planète. Utiliser modérément l’énergie autant qu’on peut. Soutenir ceux qui entreprennent des démarches saines. Etc. La liste est longue.
 
Trouvez plein d’idées concrètes sur le site : « ça commence par moi » (long à s’afficher chez moi, pour info).
 
Un sacré défi, pas toujours très rigolo au début (mais sur le long terme, on se sent mieux !), pas toujours facilement réalisable suivant où l’on vit et les moyens qu’on a (mais ça vient, ça vient !). Un défi qui, relevé en masse, pourrait changer bien plus les choses, et donc un défi qui commence par tout un chacun, à son niveau. Un défi, par contre, à débuter pendant une durée limitée dans le temps…
 
Essayez de vous dire la même chose pour déléguer vos fonctions de base (respiration alimentation, etc.). Vous allez voir comme c’est sensé comme raisonnement… Sérieusement, si tout le monde se dit ça, on est foutu.
 
La mauvaise nouvelle, c’est que l’urgence grandit chaque jour qui passe, et que certaines choses perdues ne pourront jamais être retrouvées.
La bonne, c’est que nous sommes de plus en plus nombreux à en avoir conscience, à être prêts à sacrifier le confort pour sauver tout ce qui pourra l’être, et qu’il y a encore beaucoup à sauver.
 

Vraiment beaucoup. En faune, en flore, et plus encore. Et pour ceux qui auraient besoin de motivation supplémentaire, ça permettrait de sauver tout simplement notre habitat. Parce qu’actuellement aucune autre planète n’est disponible pour nous accueillir ailleurs, et les billets de banques ne fournissant ni air, ni eau, ni nourriture, ils ne devraient même pas entrer dans l’équation. Nous avons besoin de la planète, son air, son eau, ses habitants, pour vivre. La planète elle, elle tournera sans nous, non sans s’être bien vengée avant. Si nous jouons la montre, nous sommes sûrs de perdre.

*tic tac, tic tac*
 
Après le mouvement « on est prêt » qui réunit les citoyens désireux de changer les choses et de prouver que oui, nous sommes prêts à faire ce qu’il faudra pour sauver le monde, arrive le mouvement « #LaPireExcuse« . Celui-ci propose de réunir les excuses qui selon nous, sont les pires qu’on puisse sortir le jour où il faudra expliquer à « nos enfants » pourquoi on leur laisse une planète poubelle alors qu’on pouvait changer les choses, et d’y apporter une solution adéquate pour agir dès maintenant : Excuse versus Action.
 
Excuse Versus Action, et vous, vous êtes sur quelle position ?
Images récupérées sur le site du mouvement « #LaPireExcuse » : SorryChildren.
 
Vous l’aurez compris, j’espère du plus profond de mon âme que quiconque passant par là aura à coeur de s’investir pour l’avenir. N’hésitez pas à faire connaître les mouvements qui encouragent les actions positives, à vous renseigner sur ce que vous pouvez faire à votre niveau, à sensibiliser sur la question les plus jeunes comme les plus vieux : ratissez large ! La planète est merveilleuse, la vie, la nature, même le mot « Demain » est resplendissant de promesses, alors ce serait pas mal que tout ça, ça continue à exister, pas vrai ?
 
Bonne soirée à tous, et à bientôt.

Corps et Décalage

By | Poésie / Texte, Réflexions | 2 Comments

L’attention et l’affection que je porte à mon corps ont beaucoup fluctué au fil du temps. Mon rapport à lui a toujours été soit inexistant, soit très compliqué.

Ceci est un poème de début d’Automne 2018, mais j’ai eu envie de le partager, car il est représentatif de nombreuses années :

Distante de quelques dizaines de centimètres, elle m’observe.
Étonnée, incrédule, elle copie le moindre de mes gestes.
Cette inconnue qui me fait face me dérange, me répugne, m’énerve..
A fleur de peau, mon cœur murmure  » je la déteste « .
L‘image qu’elle me projette n’est pas celle que je connais.
A qui donc est ce corps qui me semble étranger ?
Gardant mon calme, je m’obstine, je l’affronte, les larmes aux yeux.
Et pourtant c’est bien moi, la fille du miroir, qui me ressemble si peu.

Celui-ci, en revanche, est récent. Il correspond à une révélation que j’avais déjà eue, mais dont je n’ai pris la mesure que récemment :

Ce corps est le chariot de mon âme sur le chemin de la vie
Outils des sens et de l’esprit, il ressent à l’infini
Rivage de l’interface avec autrui, il m’ancre ici
Puissant et fragile petit abri, je veux prendre soin de lui
Si son image me contrarie, puis-je me rappeler tout ce qu’il a subi.

Depuis quelques années, j’ai essayé de mieux « m’entendre » avec mon corps, notamment en ne le maltraitant plus et en lui témoignant de la reconnaissance pour tout ce qu’il rend possible.
J’ai la chance d’avoir un corps complet, et en relative bonne santé. Ce n’est pas un acquis ni un dû, c’est un cadeau quotidien… et il est bien rude d’en demander davantage sans pleinement considérer cela.

Pour autant, c’est seulement depuis assez peu que j’arrive à affronter le « décalage » qui lui est lié, celui qui concerne son image : car je ne me vois ni ne me sens pas telle que me reflète le miroir, et c’est très très perturbant.

J’ai mis longtemps à accepter mon corps, et le fait qu’il avait évolué sans moi, sans que je ne le vois. Je lui en ai voulu, alors que j’avais moi-même évolué « sans lui », en l’ignorant totalement, et qu’il a fait ce qu’il a pu pour suivre. Il n’a fait que s’adapter, et vivre avec mon rejet de son image. Il a continué à me porter, quand bien même je m’en dissociais…

Aujourd’hui, je veux faire un pas de plus vers une Paix durable avec lui. Avec « nous ». Car que je le réalise ou non, je suis ce corps.
Il est moi, mon existence dans ce monde, la partie qui encaisse les dures réalités physiques, qui abrite mon esprit. Ce n’est toujours pas facile de le considérer comme mon « meilleur ami », mais je m’y emploie, petit à petit.. et j’essaie de le réinvestir.

Je pense que cela fonctionne plutôt pas mal, tout doucement, il guérit. Notre relation n’est pas encore parfaite, mais on avance de concert. Tant qu’il a la santé, je n’ai pas à me plaindre.

Car c’est pourtant si fragile un corps. Alors quand on y pense, à tout ce qu’un corps nous offre en termes de possibilités, quand on songe à tout ce qu’il est capable d’endurer sans lâcher totalement, et à quel point il lui est permis de se régénérer… C’est juste incroyable, et digne d’admiration, non ?

Aujourd’hui, je vous propose quelque chose : ayez une pensée consciente pour lui, et demandez vous la dernière chose que vous ayez faite pour prendre soin de lui. Moi en tout cas, c’est ce que je vais faire =)

Jolie journée à tous, et à bientôt !

Amitié

By | Dessins, Réflexions | No Comments

Il m’arrive souvent de me poser des questions, notamment  autour des relations sociales, ainsi que sur la communication et ses termes & concepts. J’ai besoin de comprendre les mots. De même, j’aime parfois à donner un sens précis à des mots un peu imprécis, j’apprécie de pouvoir structurer le vocabulaire pour l’employer au mieux (quand j’y pense ^^)… De fait, je peux m’accrocher à un mot, et le dévisager sous toutes ses coutures, passer des heures à le remuer, à le penser, à l’apprivoiser. Certains diront que je me prends la tête pour rien, mais c’est un cheminement logique, instructif, et parfois nécessaire, ou éventuellement divertissant pour moi.
Il n’y a pas si longtemps, j’ai eu une longue phase centrée sur les mots « amitié », et « ami ».

J’ai naturellement consulté le dictionnaire en premier lieu, mais cela reste évasif, peu concret. On y parle « d’attachement », de « courtoisie », « bonne entente ». Rien de plus que la base connue de tous. Rien de précis ne méritant une majuscule. Et je ne sais pas si vous avez remarqué, mais j’aime bien aussi mettre des majuscules aux mots qui les méritent, ou que je personnifie un peu. Santé, Bonheur, Espoir, Vie, Amour…    « Amitié ».

C’est une idée à l’air objectif, qui recouvre pourtant une réalité totalement subjective.

Chacun construit son concept.

Quand j’étais petite, j’estimais que tout le monde était un « ami » (ou plutôt un « copain », je ne connaissais pas vraiment la différence), d’emblée, et indéfiniment, sauf rejet explicite. Depuis le temps et au fil des années, j’ai bien compris que c’était une vision parfaitement naïve et erronée de la chose, tout le monde « peut » en devenir un certes, mais j’ai compris « l’impermanence » de bien des relations sociales, et la force des autres. Et surtout j’ai commencé à attribuer à ce mot « Amitié » un sens plus profond, plus précis, plus « rare », mais aussi plus « important » dans ma tête et dans mon coeur.

On peut trouver un ami en un collègue, un frère, un conjoint. On ne sait jamais où un ami apparaîtra. L’Amitié aime jouer les surprises.

Chaque personne dans le monde pourrait donner sa propre définition en fonction de ses attentes dans la relation, de ses valeurs, et le sens qu’elle accorde aux mots. En fonction même de l’état dans lequel elle se trouve et qui pourra ne plus être le même à un autre moment. D’où sans doute, l’impossibilité de se mettre d’accord, et de la définir vraiment.
J’ai voulu déterminer ce que cela signifiait pour moi. J’en avais déjà construit, brique par brique, une notion bien à moi, mais depuis quelques années, je crois que j’ai raffermi davantage l’idée que je m’en faisais… Finalement, avec ces mots là, je sais « ce que j’ai, et ce que je perds », ce qui m’a conduite par exemple en 2017, à jeter ma bouteille a la mer.

Oui, je pense que j’ai trouvé « ma » définition. J’aimerais vous la proposer, et éventuellement connaître la vôtre.


La vie est pleine d’« amis/Amis »

Il y a une phrase qui dit « Tout le monde veut un ami, peu de gens se soucient d’en être un. ». J’y trouve un fond de vérité, mais aussi une réciproque « Ceux qui se soucient trop d’être des amis oublient souvent d’en avoir ». Un Ami est souvent une personne ayant trouvé le juste milieu, souvent sans avoir eu à se poser de questions. Un ami ne cherche pas à « être un ami » ou à « en avoir un ». Il ne vit ni « pour », ni « contre » nous. Il vit « avec » nous, et ça fait toute la différence.

De la façon dont je l’envisage, et pour jouer avec les mots et les lettres, l’Amitié est présente dans notre Vie via des « amis » et des « Amis » :
– Des « amis » à sens unique : on peut être un ami pour moi mais moi ne pas forcément en être un pour la personne, et inversement, ou pas en même temps.
– Des « Amis » à double sens : l’un pour l’autre, au fil de chapitres de l’existence.
Un ami/Ami peut être là pour une période donnée et s’en aller, ou pour la vie. Il n’y a pas de durée obligatoire à respecter, seulement celle que la vie nous réserve, et qui sera probablement fonction du lien que l’on entretiendra chacun à sa façon. Il n’y a pas véritablement de « meilleur » cas qu’un autre au final. Ce qui se termine a eu lieu quand même, et laisse sa trace. Cela ne change rien à ce qui a été partagé.

L’Amitié ne demande rien. Chacun est donc libre de « vouloir » ou « pouvoir » être ou non un ami.
– « Vouloir », car nous sommes tous libres de nous sentir ou non un attachement avec une personne, qui nous poussera à vouloir être présent pour celle-ci.
– « Pouvoir », car chacun, de base, essaie d’être un ami selon sa propre définition et ses propres moyens à un instant T.. et ne sera pas toujours considéré comme tel, même s’il le souhaite.

Bien sûr, on souhaite tous tomber sur des « Amis » avec un grand A, avec l’Espoir que ce sera « à la Vie, à la Mort ». Cela arrive, et c’est merveilleux. Mais cela n’impacte en rien la Beauté de ces amitiés éphémères dont la vocation n’aura été que de partager un peu de ce dont nous avions besoin au moment où elles sont apparues. Des sourires, des rires, des pleurs, des écoutes attentives, des coups de pouces… Ce n’est pas pour rien qu’on peut parler d’un « geste amical ». Cela recouvre parfois plus qu’on ne croit.


Qu’est-ce que l’« Amitié »  ?

Je n’ai jamais été très forte pour exprimer/expliquer ma vision des choses, c’est donc une tentative, probablement maladroite, qui n’engage que moi. Je pars naturellement du principe que la relation est authentique depuis son tout début, dont la base est un Respect sincère de l’individu.

L’Amitié, pour moi, est une forme de Liberté dans la Relation à l’Autre, et un Respect mutuel.
Je ne dis pas que c’est toujours facile, ou évident, ni que c’est éternel… mais que c’est Beau, et qu’il est parfois possible de choisir de la construire.

Être en relation d’Amitié avec une personne… C’est se sentir libre d’être qui l’on est, et accepté, c’est offrir cette même liberté à l’Autre. C’est être libre de partager, en toute confiance, ce que l’on souhaite partager. C’est avoir un libre arbitre total dans sa Loyauté envers l’Autre, mais aussi envers nous-même.

Car en Amitié, on ne nourrit pas d’attente illusoire : on communique ce qu’on est, ce qu’on veut/pense, ce dont on a besoin, et on vit les instants avec l’autre tels qu’ils sont. On peut partager avec un ami ses plus beaux moments comme les pires, sans souffrir de véritable jugement.
L’ami est celui qui fait de son mieux pour être là pour nous (en accord avec lui-même, ses besoins, etc.), même s’il n’y parvient pas toujours.
Il est celui avec qui on peut « discuter ». En quelque sorte, « il ne nous passe rien, mais nous ‘garde’ malgré tout  » : c’est à dire qu’au besoin, il n’hésite pas à nous dire franchement quand on a merdé, mais sans rancune personnelle, car rien n’est jamais fait contre lui, le Respect est toujours conservé en ligne de mire. Une fois les points mis sur les « i », il n’y a pas de conflit.
Il est celui qui nous apprécie pour nous même, nous accepte même dans notre imperfection, ne cherche jamais à nous nuire ou nous changer. Il ne se changera pas non plus pour nous, il ne cherche pas à accéder à nos moindres desiderata, surtout si ça ne lui convient pas.
Il a sa propre personnalité lui aussi, vit la relation en accord avec lui-même, sans jamais se renier. De fait, un Ami a autant le droit que nous d’avoir ses avis, ses humeurs, ses erreurs, ses échecs.. ses hauts, ses bas. Sa Vie. Le temps peut passer, la Distance s’allonger … ce sentiment que l’on éprouve demeure inchangé. Et lorsque la porte s’ouvre sur ce visage aimé, le coeur bondit avec la même intensité.

L’Amitié est une forme d’expression d’Amour, et l’Amour vrai est inconditionnel.

Voilà, c’est comme ça que je vois ces mots, que j’entends leur sens.
C’est peut-être un brin idéaliste, mais j’ai la Chance d’avoir dans ma Vie des gens en or qui sont la source même de cet idéalisme et de cette définition.

D’ailleurs, au passage, un immense « Bisou-Câlin-Merci » spirituel à tous les Amis/amis qui partagent ou ont partagé ma vie. Chacun d’entre vous est un astre dans le ciel de ma vie, et mon ciel est juste magnifique grâce à vous tous <3

Douce journée, et à bientôt.