Bonjour  !

Un article peut-être plus personnel que d’habitude, que je n’étais pas certaine de finir un jour, mais le voilà.

Ça y est. J’ai posté le dernier dessin de ma série « Pain ». Petite la série, vu qu’elle ne comporte que 4 dessins.
Cela faisait longtemps que je voulais finir ce mini projet, mais je voulais que les images viennent d’elles-mêmes, et cela prend du temps dans un cas comme celui-ci.

Pain, c’est mon personnage qui représente la Douleur Morale.

La première image d’elle m’était venue dans un cauchemar, où elle se dessinait dans un miroir.. ses yeux cadavériques et exorbités braqués sur moi. Elle m’a hantée jusqu’à ce que je la mette sur papier.
Cela correspond un peu à l’époque où j’avais vraiment commencé à mettre de l’ordre dans ma vie, mais où il restait tant à faire… et j’ai commencé à me dire qu’il faudrait peut-être en passer par elle pour avancer. Alors je suis partie à sa recherche, et j’ai été surprise de voir qu’elle avait toujours été juste là, dans mon dos… et une période étrange a suivie, riche d’enseignements. Au fil du temps, l’image a changé dans ma façon de la percevoir, au même rythme que mes propres douleurs ont évolué. Les dessins de cette série symbolisent un peu ma vision des évolutions de Pain. A quelque part, Pain, c’est moi. Elle est ma douleur exacerbée qui me hurlait de m’occuper d’elle depuis si longtemps..

Si la douleur apparaît, c’est qu’elle est nécessaire. C’est que l’âme a besoin d’exorciser quelque chose, qu’elle a besoin d’être entendue, et qu’on s’occupe un peu d’elle, pour une fois. Elle ne demande qu’à « être » pour pouvoir s’en aller, et on ne peut pas réellement passer outre – tout comme on ne peut accélérer l’orage pour revoir plus vite le Soleil.

Je vois la douleur comme une petite fille dont personne n’a pris soin, et qui est devenue physiquement ce qu’elle vécu. Elle est le fruit de tout ce qui a pu être négligences, hurlements, coups, jugements, humiliations, etc… Tout ce qui peut faire mal en fait. Tout ce qu’on a tendance à placer derrière soi trop vite, pour ne plus le voir, pour le fuir…
Salie, terrifiée, écorchée, humiliée, brisée… la douleur peut être incroyablement difficile à regarder en face.

En effet, ce n’est pas évident d’affronter la douleur, tant elle est « laide » au départ.
Il faut pourtant apprendre à la regarder « bien en face », pour ce qu’elle est. Ne pas remettre en cause sa légitimité, ne pas la comparer : Une souffrance est une souffrance. L’affronter, c’est reconnaître cet état que l’on juge trop souvent « lamentable », alors que ce n’est qu’un état. C’est aussi admettre que tout cela est bien arrivé, quelles qu’en soient les raisons, et prendre conscience qu’elle est bien là, et qu’elle ne partira pas. C’est oser l’identifier, l’observer dans les moindres détails, sans la juger…
Jusqu’à l’apprivoiser. Moins terrifiante, il devient possible de la creuser pour la comprendre, non seulement elle, mais aussi ce qui se cache au delà… Et de la vivre. On oublie trop souvent de vivre sa douleur. Pourtant plus la douleur est grande, plus il est important de prendre un peu de temps pour lui laisser SA place. Juste ce qu’il faut, sans la laisser prendre toute la place, ni jamais la nier pour autant. Pour réaliser au bout d’un moment qu’on peut vivre avec.
Il est alors possible d’accepter la douleur. Accepter qu’elle fait partie de nous, pour toujours. Accepter que rien ne changera cela, mais que ses origines appartiennent désormais au passé, et que l’histoire continue. L’accepter, c’est commencer à entrevoir la lumière.
Alors enfin, on peut avancer, et guérir, ou du moins apaiser, la douleur. Elle gardera comme nous les cicatrices de ce qu’elle fût, mais elle ne sera plus le poids qu’on fuyait auparavant. Une douleur qui atteint ce dernier stade est un boulet de moins dans le coeur et la mémoire. C’est une fragilité, une peine encrée sur les lignes de notre histoire, mais qui pourra devenir une force, une sagesse, un repère… ce qu’on voudra, pour peu qu’elle ne soit plus reniée et maltraitée.

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Aujourd’hui, j’ai fait la paix avec la plupart de mes douleurs, et suis en passe de la faire avec les autres, plus vives ou plus récentes, ou les deux. J’ai mes séquelles, mais le ‘monstre’ informe et sanguinolent du miroir ne hante plus ma tête. Il est une petite fille fragile au fond de moi dont j’apprends à prendre soin.
Je crois qu’on a tous cet(te) enfant au fond de nous, tout comme la joie et l’émerveillement sont un enfant aux yeux qui brillent dans un coin de notre âme. J’espère qu’un jour, tout le monde pourra être en paix avec sa « Pain ».

Et vous ? Comment voyez vous la douleur ??

Prenez bien soin de vous. Et à bientôt ^^

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