Si j’étais une Lettre..

.. je serais un « Y ».

Cela m’a pris du temps pour l’apprivoiser. Aujourd’hui, c’est la lettre dont je me sens le plus proche, celle qui me parle le plus.

– Le Y, en Français, on ne le croise pas très souvent, il est timide.
– Le Y, il n’existe pas partout, il a parfois l’air d’une anomalie.
– Le Y, il a l’air de chercher son équilibre, sa place.
– Le Y, c’est un oiseau qui ouvre les ailes pour s’envoler, bientôt.
– Le Y, il est mal jugé. On l’oublie vite, on rechigne à s’en servir, et pourtant il a ses utilités.
– Le Y, il est mal aimé : beaucoup de gens le remplacent régulièrement par un « i », d’allure plus ordinaire.
– Le Y, ce n’est pas un élève modèle : il se cache au fond de la classe de l’Alphabet.
– Le Y, il a ses faiblesses, ses défauts. Il ferait une note épouvantable.
– Le Y, il a ses propres forces : il peut devenir un mot à lui tout seul, et dévoile une grande valeur au Scrabble.
– Le Y, c’est un visage en majuscule, où les sens se rejoignent en un point central, formant ainsi un tout.
– Le Y, il peut évoquer une union, où deux soudain ne font plus qu’un.
– Le Y, il ressemble à une décoration ou un signe de victoire : à sa façon, il enrichit et égaye les mots.
– Le Y, c’est une lettre qui mérite qu’on lui laisse une chance de se découvrir.
– Le Y, il est « différent » : c’est une voyelle aux allures de consonnes. Il est un peu moitié-moitié.
– Le Y, il est « étranger » : son nom se prononce bizarrement, c’est comme s’il venait d’ailleurs.

Ce Y qui a l’air d’un marginal incompris me plaît. Ce Y caméléon qui se fait tout petit me correspond. Ces particularités me parlent.
Finalement, on se ressemble beaucoup, lui et moi.
Alors, oui.

Si j’étais une lettre, je serais un Y.

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