Du bord de ce moi-même épuisé, je contemple les ponts que j’ai pu créer..

Ceux qui me sont devenus trop étriqués, et qu’il me faudrait modifier. J’ai grandi, et le monde -comme moi- a changé.
Ceux que les éléments ont bien usés, et qui menacent de céder si rien n’est fait. En suspens dans le temps, et pour lesquels il faut statuer : les réparer ou les abandonner.
Ceux qui ont brûlé, et ceux qui se sont écroulés. Ces ponts détruits sans réelle contrariété, parfois par ma main trop blessée, parfois par ceux avec qui je les partageais..
Ceux qu’on a rasés, ou laissé être emportés, mais à regret, parce qu’on comprenait le besoin de liberté, ou d’évoluer, d’oublier. Leurs ruines seulement partiellement immergées..
Ceux recouverts de brume, tous différents, que l’on n’ose plus traverser, car on ignore qui peut bien être encore de l’autre côté. Les regarder nous rend parfois apeurés, ou nous fait espérer. Choisir – d’attendre de le voir tomber si on est incapable de décider -, de le faire sauter pour s’en libérer, ou quelques fois, de prendre son courage et aller vérifier – par amour du souvenir qu’on en avait -.
Ceux qu’on a rebâtis, ou du moins, on a essayé. Qui ont parfois un drôle d’air ainsi rafistolés, qui peuvent manquer un brin de solidité, mais ça viendra peut-être une fois peaufinés, et alors ils seront tellement plus adaptés que ce qu’ils étaient.
Et puis bien sûr, il y a ces ponts qui n’ont jamais bougé, ils étaient déjà parfaits, immuables et sûrs depuis tant et tant d’années.

Toutes ces façons de construire quelque chose pour se relier, toutes ces couleurs -parfois surprenantes- que l’on découvre sur le trajet… celui pour aller de “l’autre côté”, “rencontrer”.

La vie n’est pas un long fleuve, tranquille et satiné. C’est une succession de rives, subtiles et bigarrées.

4 Comments

  • Aude dit :

    Que de poésie dans ce texte. ça me parle complètement.
    Je me prends à imaginer le pont qui nous relie, je le vois bigarré, un peu tortueux, pleins de surprises, comme nous deux au fond, et tout ce qui nous attache l’une à l’autre.
    J’imagine le chant de l’eau, le soleil doux et chaud, l’ombre des saules et l’odeur des fleurs.
    Je me dis que ça fait un moment que je ne l’ai pas traversé, trop de semaines et de mois. Et qu’avant que l’été ne n’emmène, J’ai envie d’aller faire un tour par chez toi.

    • MGraph dit :

      Coucou n’Aude !
      Comment vas tu ??
      Je suis contente que mon petit texte te plaise =3 Oui, notre pont a sûrement une allure surprenante, mais je l’aime tel qu’il est également ^^
      Je crois bien que c’est moi qui n’ait pas encore répondu à ton dernier email ^^ »’ J’ai eu du mal les derniers temps à faire quoi que ce soit, une nouvelle vague quoi… Mais quoi qu’il en soit, je serais ravie de te revoir aussi, tu es toujours la bienvenue bien sûr ! =)
      D’ici là porte toi bien surtout ! Gros bisous !!

  • Nath dit :

    Coucou!

    Magnifique texte, très percutant, et touchant, comment ça va? J’espère que tu as encore assez de ponts pour tenir le coup dans les moments difficiles, n’hésites pas à nous faire signe si tu as besoin!

    Des bisous!

    • MGraph dit :

      Coucou Nath,

      Merci pour ton gentil commentaire (et d’être toujours là ♥)
      Je sais que je pourrais toujours compter sur vous, ne t’en fais pas – et à ma moindre mesure la réciproque est bien sûr vraie également.
      Ici, c’est un peu nébuleux en ce moment, mais je n’ai pas à me plaindre. J’espère que tout va bien de votre côté ! Des gros gros bisous !!

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