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Poésie / Texte

Psst. Au fait, c’est le Printemps

By | Photos, Poésie / Texte | No Comments

Mieux vaut tard que jamais, non ? xD

Entre le moment où j’ai pu sortir la première fois très vite fait, et celui où j’ai pu trouver le temps de m’assoir pour écrire, il s’est passé bien deux semaines ! Mais ce n’est pas grave, au pire ce blog sera en décalé toute ma vie ^^’

Photo prise à l’arrache avec le téléphone (d’où la qualité moisie) d’une branche avec des feuilles d’un joli vert et des fleurs blanches (je dirais de merisier mais en vrai, j’ai 0 certitudes).

Encore un Printemps qui m’échappe partiellement.
Moins que ceux d’entre 2020 et cette année, mais un peu quand même. Confinée à la poussette, je ne peux vadrouiller l’appareil à la main, je n’ose pas m’écarter ou lâcher le guidon, une part trop grande de moi me hurle que ce serait irresponsable. Néanmoins, je peux regarder avec le coeur et les yeux un minimum, quand j’ai la force de sortir mes petites fées.

Alors voilà, si vous voulez, je prends trois minutes pour qu’on puisse se poser, et extrapoler cette simple petite photo malgré sa qualité très limitée.

Car c’était une balade agréable.
On avait poussé jusqu’à la rivière, pour l’écouter fredonner. Enfin, moi surtout. J’ignore si mes filles ont ou auront comme moi la passion de ses sons.. J’espère que oui.

Sur place, des papillons en pagaille, virevoltant de ci de là, librement, insouciants.. Comme j’aurais aimé les approcher en catimini, appareil à la main pour les photographier ! Azuré, Cuivré, Citron, Piéride, Robert le diable, Tabac d’Espagne, Soucis… ils étaient aussi en couleurs que les fleurs !
La lumière en éclats sur leurs ailes et les remous de l’eau clignotait autour de nous. Ses reflets jouaient avec le relief des fleurs et des feuilles, variant les ombres et déclinant les teintes du Printemps à chaque instant. Ciel, ce que cela avait pu me manquer ! Se poser, observer, respirer..
Tout dansait dans un filet de vent qui courrait avec douceur sur ma peau, dans l’étreinte jointe de la chaleur du Soleil. Elles, je les laissais sous le couvert des arbres, plus frais, mais plus tendre pour leurs peaux de soie, plus douce encore que les pétales de fleur ou la mousse..

De là où nous étions, j’entendais les chants d’oiseaux qui tournoyaient là-haut, et ceux qui jouaient dans les haies. Je devinais le bruissement des insectes qui s’affairaient de ci de là dans les fourrés verdissants. De partout flottait dans l’air comme un embrun, une odeur familière, mélange de subtils parfums que j’avais pour certains déjà oubliés. Ici je reconnaissais le genêt, là bas, je restais sans réponse devant un parterre de fleurs non identifiées. Chaque fois, je re-découvre, chaque fois, je m’émerveille. Cette fois-ci plus encore tant cela m’avait manqué.
Aucun de mes sens n’a été déçu au final. Enfin bref, voilà. C’était la petite sortie-éclaircies, entre deux jours de pluie.

Ça, moi ça me fait respirer, ça, c’est un moment cadeau. Et j’ai envie de partager tout ce que je trouve beau ♥

bientôt, j’aurais encore mieux à partager. En attendant, bonne fin de journée. ☺

Des morceaux en bleu

By | Blabla / News, Dessins, Évènement, Liens, Poésie / Texte, Réflexions | 2 Comments


Le 2 avril 2022, ce sera la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme. À l’occasion, la ville de Saint-Étienne organise une animation sur la place Jean Jaurès, en partenariat avec une dizaine d’associations tournées vers l’autisme, dont celle qui m’a permis d’obtenir un diagnostic. L’évènement porte un nom qui me plaît forcément : « tous en bleu« .

Sur le stand de l’association qui m’a accompagnée, il y aura une exposition visant à montrer des oeuvres créées par des personnes diagnostiquées.
Comme toute personne étant dans ce cas là (combien on était, aucune idée), j’ai été contactée pour ça. Je crois que je n’ai pas tout compris quand on m’a contactée : je n’ai proposé que trois dessins pour montrer « mon univers ». J’ai aussi envoyé un texte et deux photographies. J’aurais eu bien plus à montrer, mais je ne voulais pas submerger l’interlocuteur, donc je me suis forcée à sélectionner.
Texte et photos n’ont pas été retenus, mais il s’avère que les trois dessins, eux ont été retenu ! On m’a proposé de faire afficher un titre et une description, je n’ai choisi de ne faire apparaître que le titre. J’étais déjà très contente à l’idée que quelqu’un veuille exposer un peu mes gribouilles, quelle qu’en soit la raison… et puis j’ai réfléchi, juste comme ça, et j’ai réalisé que je n’expliquais pas si souvent mes dessins… sauf peut être ici, mais pas toujours.

+ EDIT DU 1er Avril + : exposition annulée. Forcément hein.. En ce moment, tous les petits évènements me tenant à coeur sont annulés ou reportés… é_è tant pis, c’est comme ça.. Je laisse mon article.. au moins mes dessins seront visibles ici, même si je ne parle jamais de mon blog à personne…

J’aime l’idée que les gens y voient un peu ce qu’ils veulent, qu’en regardant ils puissent ressentir librement les émotions qui leur conviennent même si ce ne sont pas celles qui m’ont animée au moment de la création ou que j’ai mise en intention dedans.
Pourtant, là, je me dis « pourquoi pas ? ». Pourquoi ne pas, pour une fois, ici sur mon petit blog à moi, expliquer un peu ce qui me passait par la tête quand j’ai fait ces oeuvres que j’ai sélectionnées… Et puis ce sera l’occasion de reposter un peu certain dessins qui m’ont tenu à coeur.

(cliquez sur les titres pour afficher/masquer)
Premier dessin sélectionné : Dépression.

Deuxième dessin sélectionné : La pirate (en moi).

Troisième dessin sélectionné : Ouvre ton coeur.

S’il y avait eu d’autres dessins.

Si j’avais su que je pouvais en proposer plus de trois (si j’avais compris qu’il fallait envoyer tous les candidats et pas juste une sélection drastique montrant le genre d’œuvres réalisées), j’aurais tapé dans les dessins que je vais montrer là.

Une plume sur le coeur.

Au coeur du silence et l’Envol

La porte silencieuse ou « worLds » (: les mots sont des portes)

« Early morning » (Tôt le matin) ou « Fading in the Rain » (Se fondre dans la pluie)

La fée du lac

« Spring Moon » (Asperger)

Et voilà..
Peut être que des explications sont redondantes. Peut être que certaines creusent un peu plus que je ne le fais habituellement, ou complètent ce que j’avais déjà pu dire dessus. Quoi qu’il en soit, j’ai essayé d’expliquer quelques dessins importants pour moi. C’est un peu compliqué d’autant que j’ai du mal à me concentrer, surtout les derniers temps, mais j’espère que c’était compréhensible et intéressant (désolée s’il y a des fautes, je n’ai pas le courage de me relire !)… Quoi qu’il en soit, j’aime bien l’idée que mes dessins seront probablement affiché au stand. Si j’arrive à marcher, j’essaierai peut être d’aller les voir et de voir les œuvres des autres aussi.. On verra !

Bonne journée, à bientôt.

Rattrapage Janvier/Février

By | Dessins, Poésie / Texte | 4 Comments

Enfin un peu de temps et d’énergie pour tenir le blog !

J’en profite pour exhiber les plantes que j’ai adopté en Janvier. J’ai éprouvé le besoin d’avoir du vert à côté de moi.
Pour le moment, elles tiennent le coup, qui sait combien de temps ça va durer ? Bon les photos sont faites avec le téléphone alors c’est pas fou-fou, mais les plantes sont jolies, non ?

Aller. Il est temps de faire un petit point de rattrapage sur les créations des mois de Janvier/Février !

Pas tant de créations que ça au final, mais comme toujours : une créa, ça reste une créa ! Je me console comme ça, en me disant qu’au moins, il n’y a pas rien.

Bien sûr, comme je ne peux toujours pas marcher, je ne sors pas, donc toujours pas de photo…. L’Automne est mort sans moi, l’Hiver est passé sans moi, et le Printemps précoce, lui aussi, s’éveille sans moi… Certains jours ça me fait très mal, mais c’est pour la bonne cause, alors j’espère juste que je pourrais me rattraper l’an prochain 🤞

Pas non plus de réalisation manuelle. Je n’ai eu ni le temps, ni l’énergie, ni la patience… J’ai vaguement essayé de prendre un cours de crochet, hélas mes mains tremblent tellement et ma tête est si floue que c’est pas possible, et comme – évidemment – je n’ai pas réussi du premier coup, j’ai manqué de volonté pour reprendre après l’opération. Je verrais plus tard, quand j’aurais l’impression d’avoir la tête plus claire et le contrôle de mes membres.

En Janvier, deux ou trois bricoles, mais rien de bien notable en dehors :
– d’un essai licorne différent de d’habitude,
– d’un petit chibi fait pour Ikuto, un petit Prince choupitroll que j’aime beaucoup,
– et d’un dessin juste comme ça.
C’est tout.

En Février, une bonne surprise en début de mois : ma toute première « Daily Deviation » sur Deviant Art.
En fait, tous les jours, il y a un certain nombre d’œuvres dans chaque catégorie qui sont désignées pour être mise en avant. C’est loin d’être « rare » puisque c’est tous les jours et que les deviations y sont par dizaines, mais les œuvres sur le site se comptant en millions sinon bien davantage, et étant personnellement une toute petite créatrice qui ne communique pas sur son travail, ça reste un truc assez dingue qu’une de mes créations soit sortie du lot ce jour là ! Curieusement, ce n’était ni un dessin, ni une photo, mais une poésie en Français qui a été mise en avant : mon poème « Cadeau« . Un petit peu de baume sur la montagne de soucis que j’avais à ce moment là.

Côté Twitch : un peu d’animation, principalement pour le plaisir et penser à autre chose :
– une émote papillon qui change de couleur pour faire une émote animée sur ma chaîne*,
– un renne qui câline une licorne (inspiré par un gif existant mais fait avec les personnages de la copine IGotYB – date en réalité de fin Janvier),
– une autre émoji animée : j’ai juste retaillé mon animation de raid et l’ai basculé dans le bon format
– une licorne dans une télé pour mon alerte de Host,
– une licorne qui fait un looping pour l’alerte de dons de bits et comme éventuelle transition de scène (si un jour je trouve précisément comment on fait).

Côté pas animé, j’ai refait mes overlays pour qu’ils soient plus dynamiques et avec une identité visuelle un peu moins plate.J’en poste un histoire qu’on voit un peu. C’est l’écran de base de la scène de dessin.

Envers et contre tout, j’ai aussi réussi à maintenir (même si carrément moins que voulu) une activité twitch, et pourtant mon PC agonisant m’a mis bien des bâtons dans les roues (plus ça va, moins il fonctionne bien… et en changer serait un sacré budget -_-‘). J’avais plein de projets pour cette chaîne. La plupart sont pour le moment reportés jusqu’à une date ultérieure plus que floue… Néanmoins, j’essaie de garder la fierté de ne pas avoir abandonné.

Vite fait, j’ai aussi fait deux gribouilles pour la copine Leia_Tortoise. Une tortue un peu « tatouage » qui n’a pas servi mais que j’aime bien, et une mini tortue bulle pour faire l’icône de ses points de chaîne. Je les mets en petit vu que c’est pour elle que je les ai faites.

Côté texte : je n’ai pratiquement rien gardé, sauf quelques lignes, écrite un jour où, perchée à ma fenêtre, je désespérais de pouvoir aller marcher… je les ai écrit pour illustrer un test dessin sur le thème du Vent (qui lui-même illustrait déjà un autre texte sur le vent mais qu’il faudra sûrement retravaillé x) ).

Sortir pour écouter le Vent chanter dans le décor,
le sentir jouer avec ses cheveux, envelopper son corps;
L’observer danser et tout animer au-dehors,
respirer à plein poumons, et en vouloir encore..

Côté Gribouille : Seulement 5 dessins.
– Un design pour le fun, et pour « le sel ». Parce que c’est fou comment les gens qu’on croise ont presque toujours des conseils non sollicités à donner pour nous expliquer comment gérer nos vies, surtout quand on est enceinte et  (je pense que ce sera pire encore) quand on devient parent. J’envisage très sérieusement de m’en prendre un pour le mettre chaque fois que je mettrai le nez dehors… en tout cas, il est en ligne dans ma boutique Spreadshirt.
– Un délire rapide en guise de souvenir d’un live de IGotYB parce que j’ai passé un bon moment et que j’ai pensé que ça pourrait être cool. Je l’ai fait pendant son live et un peu après.
– Un dessin inspiré par mon beau frère, lequel avait vu, dans mon dessin posté ici une femme enceinte, une « déesse de la fertilité ». Ce n’était pas le cas, mais j’ai aimé l’idée du thème. J’ai commencé l’esquisse avant une période compliquée, la finir m’a un peu coûtée, mais je l’ai fait.
– Un dessin dont l’esquisse avait été faite pour la Saint Valentin, je ne l’ai finie que plus d’une semaine après, quand le calme est un peu revenu.
– Un dessin de fin Janvier, peaufiné début Février, qui aurait du servir à annoncer la grossesse, si tout s’était passé plus calmement… On avait imaginé l’imprimer sur du papier holographique pour avoir le rendu coloré en fond.

Le dessin de la rousse enceinte a sa création pour partie en vidéo sur ma chaîne youtube, et le dessin de la St Valentin a toute la partie de numérisation en ligne également. Pour rappel ma petite chaîne est par là. J’avais bien préparé les vidéos, j’ai juste mis du temps à les uploader.

 

Et parce que ça fait du bien d’être un peu gourmand parfois, il est bon de le noter quand même : on a fait un peu de cuisine avec mon chéri.
– De la tapenade d’olives vertes,
– et des cookies.

Cela n’a l’air de rien, mais croyez moi, ça compte !

Et je crois que c’est tout pour ces deux derniers mois..!

Je suis quand même contente d’avoir réussi à sortir des trucs, même dont je ne suis pas pleinement satisfaite, en cette période si compliquée. Je sais que tout n’est pas terminé, que mon corps va encore souffrir et avoir besoin de récupérer, que le temps va continuer à me manquer, qu’une pause risque de s’imposer, que mon moral va devoir redoubler de volonté… mais aujourd’hui est un jour où je me dis que je peux y arriver.
Les doigts croisés, les yeux fixés sur l’objectif à réaliser. Avancer. Ne rien lâcher. Un jour, ça finira par aller.

À bientôt ♥

Je dépose ça ici

By | Blabla / News, Dessins, Poésie / Texte, Réflexions | 3 Comments

Je me demande combien de fois au cours de ma vie, j’ai pu me rabâcher ou m’entendre reprocher que j’étais « différente », « anormale », « bizarre »…?
Combien de fois ai-je entendu des jugements sur moi que je ne comprenais pas tant ils étaient loin de tout ce que je me voyais ou tentais d’être ?
J’ai passé bien vingt cinq années de ma vie à me sentir totalement dysfonctionnelle, inadaptée à ce monde, incapable de le comprendre et de m’y faire entendre… Ce serait peine perdue de tenter de décrire la solitude dans laquelle j’ai pu évoluer, et les cicatrices que j’ai pu porter sans en faire part à quiconque… Je n’écris pas cela pour me plaindre, je pose un constat, et je m »interroge : tout aurait il pu être autrement ? le fameux « Si j’avais su », si « on » avait su…
Une question bien inutile, et pourtant, elle m’effleure souvent…

J’en ai parlé plusieurs fois sur ce blog, à mots plus ou moins découverts (comme ici, ici, ou encore et surtout *), mais cette différence a été le pivot central de nombre de mes réflexions, de mes obsessions…

Il y a quelques années, j’ai entamé un long parcours. Un parcours encore inachevé dans le sens où pour faire reconnaître son débouché, j’ai encore beaucoup à affronter, quand j’en aurais le courage et la volonté. Un parcours incertain, éprouvant, en plusieurs étapes, attirée par un mot comme un papillon de nuit par la lumière trop vive d’un réverbère. Avec au coeur, un espoir insensé, un rêve émietté et discret : comprendre, et peut-être par la suite, pouvoir accepter… C’était devenu vital.

J’ai lu des centaines de pages web sur le sujet, des livres, des témoignages, j’ai regardé des vidéos en boucle, écouté des podcasts, fait des recherches toujours plus poussées… Qu’est-ce que j’ai pu pleurer, en lisant les lignes écrites par d’autres et qui pourtant, pour la première fois, à la perfection me décrivait, moi, l’anomalie inexpliquée… De découvrir que nous étions des milliers, tous aux mêmes épreuves confrontés, et dans la même solitude et la même inquiétude moulés, parfois pétrifiés..
Au fond de moi, j’ai très vite su. Je le sentais, même si j’avais infiniment peur de me tromper. Au début, mon conjoint a été le seul à ne pas avoir cherché à me détourner du chemin que j’empruntais pour obtenir une validation de mon ressenti et mon vécu.. même s’il ne comprenait pas tout, il a fait comme il fait presque toujours : il a accepté, parce que ça venait de moi, et que pour lui, ça ne changeait pas quoi que ce soit… ♥

J’ai eu de la chance, c’est allé « vite » pour moi. Certains attendent toute une vie une piste à remonter, ou une file d’attente qui daignerait les laisser passer… Je suis tombée au bon moment sur les bonnes personnes, en quelque sorte. Fin 2021, j’ai eu ma réponse. LA Réponse. Celle réponse que j’attendais désespéramment depuis si longtemps sans le savoir. Celle qui m’a enfin tendue un autre miroir… un que je pouvais croire.
Je l’ai accueillie avec force de larmes, de soulagement, et d’appréhension, mais ça a été une réelle libération.

♥ trois des livres posés sur la fin de mon chemin vers le diagnostic ♥

Toutefois, cette révélation reste suspendue à un fil bien ténu. Que je comprenne la raison de mes tourments est une chose incroyable, mais jusqu’ici, malgré une furieuse envie de le crier sur tous les toits, je l’ai beaucoup gardée par devers moi, comme un petit secret. D’abord parce que je suis un peu comme ça, surtout le temps d’intégrer les informations, et ensuite, parce que je manquais de foi. La foi de se dire « si j’en parle, mon interlocuteur l’acceptera« . J’ai fait quelques tentatives aux résultats variables… Quatre proches ont accepté l’information sans broncher (mes êtres humains préférés ♥). Deux proches ont accepté mais sans bien comprendre de quoi il retournait, ou avec une idée un peu biaisée de la chose et ses retombées. D’autres ont vivement protesté : c’est impossible, je m’invente des problèmes. Ah cette phrase… combien de fois l’ai-je entendu aussi ? Combien de fois ce que je pouvais être ou ressentir a-t-il été minimisé ou nié ?
C’est si fragile ce genre de choses. Les handicaps et les douleurs qui ne se voient pas sont si souvent ignorés, voire niés, et presque systématiquement mal jugés..

Aujourd’hui, le temps aidant, je commence à me dire que je m’en fiche, de ce que les gens pensent.. Je ne vais pas le crier sur tous les toits, mais je n’ai plus l’intention de me cacher. Je suis moi, avec ce fait impalpable qui me donne bien des faiblesses, mais aussi quelques jolies qualités que même le temps passé à me remodeler n’a pas pu complètement effacées…

Je le dépose ici, comme on poserait un objet délicat dans son carton tapissé de papier bulle et de coton.

Je suis Autiste Asperger.

Je suis toujours différente. Différente d’une norme, mais pas de milliers d’autres oubliés. Avec ma personnalités et ses fêlures, mais la même singularité que d’autres humains que je remercie d’exister. Je ne suis plus anormale, ou dysfonctionnelle, c’est ce monde qui l’est, par la façon non inclusive dont il a été pensé, et qui pourra(it) être améliorée, avec du temps, et de la volonté des deux côtés… J’ai toujours les mêmes défauts, les mêmes qualités, les mêmes problèmes à affronter, mais désormais : je sais.

Je ne suis plus complètement perdue dans un monde où je n’ai pas ma place. Je suis en recherche, dans un monde pas encore complètement exploré, d’un tout petit espace..

Après tant d’années à me haïr, moi l’anomalie dysfonctionnelle,
Si différente qu’elle s’isolait, quand elle n’était pas rejetée…
Prisonnière de sens et de pensées, d’effondrements trop réguliers,
Et en proie aux doutes sans arrêt.. Je peux enfin m’accepter.
Rudes furent mon errance et ma douleur confidentielles..
Gardez donc votre “normalité”, je cesse de m’y contraindre et de la désirer.
En réalité je peux accueillir qui je suis depuis que je sais..
Rien que moi, une Aspie qui -finalement- ne s’est pas si mal débrouillée.

May I always recall myself,
Even in bright light, there’s shadow,
even in dark night, there’s something to glow…

Texte: Un peu de rien.

By | Poésie / Texte | 4 Comments

Cela ne m’était pas arrivé depuis… à ce point : jamais, en fait. Ou alors, j’ai oublié.
Cela m’arrive désormais, d’oublier…

Me poser devant mon écran, et ne rien vouloir y faire dessus. Ni jouer, ni dessiner. Ni lire, ni écrire. Ni rechercher, ni contacter… rien. Rien qu’une immense flaque de néant au bout de mes envies.
Je regarde autour de moi, et c’est la même chose. Les esquisses en attente depuis le début du « Art Block », la couture délaissée, les livres abandonnés… le rangement qui s’impatiente, le ménage aussi. Je n’ai juste envie de rien faire. Rien du tout.

Je suis sans doute plus fatiguée que je ne le pensais, mes souhaits noyés dans une torpeur démesurée.

Tout est terne en dedans.. Dehors, le ciel est gris-blanc. Rien ne s’y passe, rien n’y bouge, tout fait semblant, en suspens… Dans les rues en contrebas, à demi noyée par la bruine, quelques personnes s’agitent. Il y a un évènement en ville. Moi, je n’irai pas. Trop de monde, trop de bruit, j’ai besoin de tranquillité, de solitude choisie.

J’ai dormi plus que de raison aujourd’hui, migraines et cauchemars ont pourri ma nuit. Me lever a représenté un considérable défi… je n’ai pas même le goût de m’alimenter.. Je verrais ce soir, quand Il sera rentré… après tout, ce n’est pas comme si j’allais m’activer…
Je sais que plus le temps sera morne et plus il en sera ainsi. Mon énergie en chute libre, et le moral aussi, si je ne cultive pas les petites satisfactions avec précaution.. Spleen de fin de saison. Déprime de fin d’année, sur fond d’une dépression qui a toujours plus ou moins été. J’ai commencé à m’en libérer, mais par moment, les symptômes reviennent me hanter.

Novembre et Décembre… ce sont deux mois qui voient presque systématiquement ma forme s’envoler. Le froid, le manque de Soleil, l’absence de papillons dans les bosquets… je dois trouver des moyens de compenser pour ne pas m’écrouler. À croire qu’une part de moi est née pour hiverner… j’aime la consonance de ce mot « hiverner »..
Mais cela ne se fait pas, dans l’univers des humains. Il y a à faire toute l’année, sans jamais s’arrêter. C’est pesant par moment si vous saviez…  D’ailleurs, j’ai parfois l’impression que c’est de plus en plus lourd pour moi chaque année..

Aujourd’hui, même si c’est un peu malgré moi, je prends le temps. Le temps de ne rien faire. Le monde des ‘miens’ à deux pas, et pourtant, infiniment lointain déjà. Mes réflexions d’habitude si tourbillonnantes pénètrent l’oeil du cyclone au fond de moi. C’est flou, c’est las. En suspension dans un espace qui n’existe pas, où le temps n’est plus qu’une illusion qui s’effiloche au moindre geste, à la moindre pensée qui se déforme et disparaît avant même que d’avoir été pleinement formulée. Un univers rien qu’à moi qui ne se décrit pas.

J’observe cette sensation de trop-plein qui sonne comme du vide, à l’intérieur comme à l’extérieur. Je réalise avec distance tout ce qui traverse mon esprit et mon coeur. J’accepte que ce jour soit réservé au constat factuel de ces ressentis, et je chasse toute la culpabilité qui essaie de m’enserrer. Je respire, en flottant intérieurement au grès du vent..

Par la fenêtre, je vois le jour qui déjà décroît, et je me souviens que ces nuits précoces m’ont toujours plus ou moins vidée. C’est dur pour moi, de voir les jours raccourcir. Même quand je n’en profite pas.. Il y a quelque chose qui ne va pas dans ces moments là… mais quoi ? Peut-être le fantôme de cette impression qui m’a si souvent peinée, piétinée ou affolée : « ma vie me passe à côté. Je n’ai jamais vraiment existé« . Tout est plus saisissant dans la langueur des jours blancs.. Peut-être autre chose, qui n’a pas encore de nom dans mon inconscient..

J’arrive à saisir la beauté de l’arrière-saison qui souffle sur la terre, à aimer la présence de la Nuit autour de chaque lumière.. J’arrive à affectionner ce ciel de plomb et de coton et sa mollesse, le froid qui fait tressaillir le corps à la moindre caresse. J’ai l’âme qui vibre au premier flocon, et dès que dans l’air des rues fusent des chansons.. mais quelque chose à l’intérieur de moi, dans tout cette lente et pure transmutation, ne trouve pas sa place, et je voudrais pleurer de n’en pas saisir la raison..
Elles sont lourdes à porter, les larmes qui s’interdisent de couler, bloquées par des croyances passées.

Il y a dans les nuages quelques nuances timides, qui peu à peu se fadent totalement. Dans le ciel, un grand silence à peine masqué par la rumeur confuse de la ville. En ouvrant, une goulée d’air froid vient me mordiller la joue. Le vent sent le gris, et l’amorce de l’Hiver. Je ferme les yeux pour mieux le goûter, comme si une part de ce qu’il est me comprenait.
Je tremble et referme, puis enroulée dans un plaid bien chaud, je pose le front contre la vitre.

Je touche du bout de l’être l’absence d’actions, et toujours mes pensées errent, lointaines, floues, presque inexistantes elles aussi..

J’attends. Je regarde le simulacre de couleurs alentour s’estomper, jusqu’à se noyer dans ce bleu nuit qui engloutit les montagnes et tout le paysage en arrière plan. Je regarde disparaître chaque élément dans son manteau de velours, jusqu’à me lasser de ce sombre monochrome qui remplace la vie dans l’embrasure de ma fenêtre, seulement piqueté de jaune par quelque lampadaires vacillants..
Je décolle mon front de la vitre et je tire les rideaux. Combien de temps s’est il écoulé ? Je ne saurais le dire. Tout est calme en dehors du roulement des voitures qui passent régulièrement. Autour de moi tout reste vide et inanimé.

Je n’ai rien fait de mon après midi, mais ça n’est pas grave. Il y avait en moi un gouffre assoiffé de néant qui me hurlait de tout mettre sur pause, et je lui ai donné ce qu’il voulait. Demain, le jour traversera peut être ma fenêtre pour arriver jusqu’à ma peau, et je ressentirai ‘autre chose’, et l’envie et la Vie, peut-être, pointeront le bout du nez..?

En attendant, les mots emmêlés, je note dans un coin cette étrange journée. Il y a quelque chose à y capturer. À garder, ou relâcher…
Quoi exactement ? Ça… Qui le saurait ? Parfois les mots ne sortent que pour s’envoler, sans rien nous laisser.

Texte : J’aime la brume…

By | Poésie / Texte | 2 Comments

Tôt ce matin, alors que j’avais à faire à l’extérieur, je me suis retrouvée à traverser une vaste zone noyée dans la brume.
D’épais nuages laiteux qui réduisaient la visibilité, et donnaient au monde du quotidien un air fantasmagorique… peuplés de fantômes de moments similaires, à l’éclat irisé dans ma mémoire.. j’aurais adoré m’arrêter. Prendre des photos, marcher dans n’importe quelle direction, jusqu’à ce que mes jambes me demandent une pause bien méritée… Attendre dans le demi silence que le jour se lève tout à fait, estompant progressivement les ténèbres…
Hélas j’étais prise dans la frénésie de l’horloge. Des rendez-vous à ne pas manquer, des papiers à envoyer avant telle heure donnée… J’ai chassé cette pensée, du moins j’ai essayé : elle m’a poursuivie toute la journée.
Cela m’a rappelé des moments que j’ai dérobé dans le passé, et que j’ai confiés à la douce nébulosité de ces jours tamisés. Je me souviens du plaisir de marcher dans cet irréel écran de fumée…

Bon sang, comment ai-je pu oublier ces dernières années ? J’aime la brume… Cette familière inconnue aux allures de poème.
Vous ai-je jamais parlé de cet étrange sortilège qui peut revêtir la légèreté d’une plume ? Combien de fois, il y a longtemps, ai-je pris plaisir à faire mes trajets à ses côtés ?
Comme il est bon de s’abîmer dans ses souvenirs jalousement gardés..

S’enfoncer dans son voile gris, s’évaporer aux yeux du monde comme par magie… Cette sensation de s’aventurer dans un lieu oublié, qui n’appartient qu’à ceux qui se tiennent au centre  de la buée… Un goût de retombée dans la candeur de l’enfance. Une allégorie de l’avenir que l’on ne peut jamais vraiment deviner…

En ville, voir les gens et les voitures disparaître dans la grisaille, et apparaître d’un coup, par enchantement, seulement pour un fugace moment. Arbres et bâtiments émergent au fil de la route comme on sort d’un long sommeil, avant d’y sombrer à nouveau, quelque part dans notre dos.

Par endroits, l’on n’y voit guère à plus d’un mètre de distance, tandis qu’ailleurs, quelques dizaines de mètres sont visibles, ou devinables. Comme des bulles diverses et variées, ci et là déposées. On passe de l’une à l’autre au son de l’écho de nos pas.  Un univers estompé, lavé, qui gomme les défauts et le trop parfait dessiné par le hasard. Tout prend un air différent dans ces cas là, ensevelis sous le brouillard..

Dans son étreinte, même les plus connus des chemins s’auréolent de mystère. L’occasion de les redécouvrir, d’une singulière façon, à mesure que les détails se dévoilent lentement, tour à tour. Un pas après l’autre, l’oeil capture les contours qu’il ne faisait qu’interpréter l’instant d’avant. Timides, les couleurs se fondent dans un camaïeu de gris, monochrome de génie..

Au sein de cet espace artificiel, créé par une illusion de cocon, je ressens une certaine forme d’intimité. Lors de mes instants d’angoisse, il se ressert sur moi, et j’ai peur de tout ce qui pourrait, à tout moment, surgir de n’importe quel côté. Mais les bons jours, c’est un cadeau dans lequel je me sens libre d’être et de respirer.. Mon imagination de grande enfant se teinte d’humidité, et je parcours des terres oubliées. C’est comme plonger dans des citées immergées, mais sans avoir à retenir son souffle.. lequel s’échappe en volutes de vapeur. J’hume le sol qui transpire de fraîcheur, cet humus détrempé dont la douceur est presque palpable. Loin dans ma tête, se jouent des scénarios incroyables, et en avant plan, mes sens savourent le présent.

Écouter les oiseaux, les seuls qui se moquent de défier le silence de leurs mots si plaisants. Sentir la vie qui s’éveille, bruissant dans chaque recoin, et ressentir ce léger picotement sur la peau, ce frissonnement qui nous rappelle qu’on est vivant. Voir le voile se dissiper, à mesure que le jour gagne du terrain, se délecter de l’air qui glisse autour de ma main… Respirer le vent, le parfum des fleurs au petit matin. Observer les couleurs qui saturent graduellement sur toute chose, comme avec pudeur, alors que le tableau se métamorphose. Les premiers rais de lumière qui percent vraiment le rideau de petits cristaux en suspension, faisant naître – parfois, quand on a de la chance – de petits arc-en-ciel inopinés.. S’ouvrir à ce monde opalescent, constellé de gouttelettes abandonnées, comme autant de points de rosée qui scintillent au Soleil. Se dire que notre Terre est véritablement une pure merveille..

Revenir délicatement dans le monde « des gens ». Reprendre la marche pour rentrer chez soi, paisiblement. Ancrer en soi ces heures clandestines, l’âme chaussée de ballerines.

Poème : Cadeau

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J’aurais aimé être mieux, et faire plus, sans être limitée.
J’ai l’impression que rien jamais ne sera assez..

Offrir. Donner. Même en sachant que l’on sera oublié, après.
Juste pour la beauté du geste désintéressé, pour la joie que cela va procurer..

C’est doux et beau, un cadeau. Qu’on puisse ou non le toucher.
Parfois juste des mots. Parfois juste une présence qui s’abstient de juger..

Faire des cadeaux, à défaut d’en être un. Aimer. Imparfait ;

J’aurais souhaité devenir cette dérisoire chance d’un instant,
Cet infime petit rien qui donne de la valeur à son ‘présent’.

Je me serais voulue ce petit pas grand chose finalement important,
qui dessine des sourires sur les visages et le temps..

J’aspirais à être, provoquant ce discret soupir dans le vent,
Ce beau cadeau qui aide à se sentir moins seul, plus aimé et vivant..

Je ne suis que moi. Je tente d’apporter ce que je peux. Momentanément.

Je ne serai jamais plus que ça. Je n’ai pas davantage à donner.
J’espère malgré tout que l’un des mes “cadeaux” au moins aura compté;

Que quelque part, peut-être, une goutte de lumière en sera née.

Poème : Aujourd’hui.

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Aujourd’hui, il fait gris, et le ciel pleure d’ennui.
Elle me tient compagnie, la pluie.

Par moment je l’entends, à travers mes carreaux,
J’ai toujours aimé le bruit de l’eau…

J’ai mal, à la fois je sais, et ne sais pas pourquoi.
Il y a des jours comme celui-là. C’est comme ça.

J’ai la tête qui tourne et j’ai un peu froid.
Mais curieusement, si je me pose pour respirer, ça va.

Demain, si ça se trouve, il fera beau, et chaud.
J’aurais envie de rire, et j’oublierais mes maux.

La curieuse magie d’être moi, et celle d’être en vie.
Il y a des surprises dans chaque « Aujourd’hui »…

Poème : Boule à Facettes

By | Poésie / Texte | 2 Comments

Il y a quelques temps, j’écrivais ceci. (Le dessin lui date de 2010 je crois). Doucement, mais sûrement, je recolle les morceaux. Je sens grandir en moi la volonté d’assumer toutes ces parts qui me constituent. Un important pas de plus.

J’ai tant redouté la folie… le fait de perdre la tête…
Tous ces morceaux de ‘moi’, éclatée comme une boule à facettes.

Pour me protéger, pour être acceptée, j’ai tout découpé.
Pour chaque bout de moi, une nouvelle identité..

Celle qui écrit, celle qui dessine, celle qui photographie..
Celle qui doute, celle qui pleure, celle qui rit..

Toutes éparses sur la toile, jamais réunies en un même endroit.
Me dire, et communiquer, certes, mais un morceau à la fois…

Dans tous les aspects de ma vie, j’ai procédé ainsi,
J’ai tout sectorisé, et soigneusement choisi avec qui.

Aujourd’hui, j’en paie le véritable prix.

Je suis cette étrangère familière que personne vraiment ne connaît.
J’ai tout enfermé dans des cages séparées pour mieux me cacher.

Je n’avais pas le choix, comprenez-vous ?
Convaincue que personne, jamais, n’accepterait tout…

Mais morceau par morceau, pas après pas, lentement,
il existait une chance pour qu’on accepte mes éléments..

J’ai arrêté. J’arrête. Je veux être vraiment moi, désormais.
Je veux vous laisser une chance de me rencontrer…

Cela m’aura pris tellement de temps.. mais j’y suis, maintenant.
Je rassemble mes facettes éparpillées aux quatre vents…

Un pas de plus vers la vie… ma Vie.

Beaucoup sont partis en découvrant l’un de mes nouveaux aspects.
Ma seule consolation c’est qu’au moins, j’aurais essayé…

Je ne puis leur en vouloir d’être déçus, ou de s’être sentis trompés…
Par omission, mais finalement, je leur ai menti, au moins à moitié…

Des perles de rosées pendues à mes cils, je les laisse s’envoler.
Au moins cette fois, on me quitte pour moi, et c’est ‘vrai’.

Aujourd’hui, je sors la superglue et mon espoir insensé,
je recolle les morceaux et tente d’assumer un “moi” entier.

La “Boule à facettes”, c’est fini…

Tombent les masques et la pluie, me voici…

Les ponts

By | Poésie / Texte, Réflexions | 4 Comments

Du bord de ce moi-même épuisé, je contemple les ponts que j’ai pu créer..

Ceux qui me sont devenus trop étriqués, et qu’il me faudrait modifier. J’ai grandi, et le monde -comme moi- a changé.
Ceux que les éléments ont bien usés, et qui menacent de céder si rien n’est fait. En suspens dans le temps, et pour lesquels il faut statuer : les réparer ou les abandonner.
Ceux qui ont brûlé, et ceux qui se sont écroulés. Ces ponts détruits sans réelle contrariété, parfois par ma main trop blessée, parfois par ceux avec qui je les partageais..
Ceux qu’on a rasés, ou laissé être emportés, mais à regret, parce qu’on comprenait le besoin de liberté, ou d’évoluer, d’oublier. Leurs ruines seulement partiellement immergées..
Ceux recouverts de brume, tous différents, que l’on n’ose plus traverser, car on ignore qui peut bien être encore de l’autre côté. Les regarder nous rend parfois apeurés, ou nous fait espérer. Choisir – d’attendre de le voir tomber si on est incapable de décider -, de le faire sauter pour s’en libérer, ou quelques fois, de prendre son courage et aller vérifier – par amour du souvenir qu’on en avait -.
Ceux qu’on a rebâtis, ou du moins, on a essayé. Qui ont parfois un drôle d’air ainsi rafistolés, qui peuvent manquer un brin de solidité, mais ça viendra peut-être une fois peaufinés, et alors ils seront tellement plus adaptés que ce qu’ils étaient.
Et puis bien sûr, il y a ces ponts qui n’ont jamais bougé, ils étaient déjà parfaits, immuables et sûrs depuis tant et tant d’années.

Toutes ces façons de construire quelque chose pour se relier, toutes ces couleurs -parfois surprenantes- que l’on découvre sur le trajet… celui pour aller de “l’autre côté”, “rencontrer”.

La vie n’est pas un long fleuve, tranquille et satiné. C’est une succession de rives, subtiles et bigarrées.