Le 2 avril 2022, ce sera la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme. À l’occasion, la ville de Saint-Étienne organise une animation sur la place Jean Jaurès, en partenariat avec une dizaine d’associations tournées vers l’autisme, dont celle qui m’a permis d’obtenir un diagnostic. L’évènement porte un nom qui me plaît forcément : « tous en bleu« .
Sur le stand de l’association qui m’a accompagnée, il y aura une exposition visant à montrer des oeuvres créées par des personnes diagnostiquées.
Comme toute personne étant dans ce cas là (combien on était, aucune idée), j’ai été contactée pour ça. Je crois que je n’ai pas tout compris quand on m’a contactée : je n’ai proposé que trois dessins pour montrer « mon univers ». J’ai aussi envoyé un texte et deux photographies. J’aurais eu bien plus à montrer, mais je ne voulais pas submerger l’interlocuteur, donc je me suis forcée à sélectionner.
Texte et photos n’ont pas été retenus, mais il s’avère que les trois dessins, eux ont été retenu ! On m’a proposé de faire afficher un titre et une description, je n’ai choisi de ne faire apparaître que le titre. J’étais déjà très contente à l’idée que quelqu’un veuille exposer un peu mes gribouilles, quelle qu’en soit la raison… et puis j’ai réfléchi, juste comme ça, et j’ai réalisé que je n’expliquais pas si souvent mes dessins… sauf peut être ici, mais pas toujours.
+ EDIT DU 1er Avril + : exposition annulée. Forcément hein.. En ce moment, tous les petits évènements me tenant à coeur sont annulés ou reportés… é_è tant pis, c’est comme ça.. Je laisse mon article.. au moins mes dessins seront visibles ici, même si je ne parle jamais de mon blog à personne…
J’aime l’idée que les gens y voient un peu ce qu’ils veulent, qu’en regardant ils puissent ressentir librement les émotions qui leur conviennent même si ce ne sont pas celles qui m’ont animée au moment de la création ou que j’ai mise en intention dedans.
Pourtant, là, je me dis « pourquoi pas ? ». Pourquoi ne pas, pour une fois, ici sur mon petit blog à moi, expliquer un peu ce qui me passait par la tête quand j’ai fait ces oeuvres que j’ai sélectionnées… Et puis ce sera l’occasion de reposter un peu certain dessins qui m’ont tenu à coeur.
(cliquez sur les titres pour afficher/masquer)
Premier dessin sélectionné : Dépression.
Je pense que celui-ci est probablement l’un des plus éloquents que j’ai dessiné dans ma vie.
Ceux qui me connaissent ou me lisent le savent, ou bien l’auront déjà compris : je suis atteinte de dépression. Cela remonte à très loin, et s’il y a eu des périodes moins ‘violentes’ que d’autres et qu’aujourd’hui cela va mieux, elle est toujours là. Je vis avec, en continue.
C’est compliqué d’expliquer la dépression, surtout à ceux qui ne la vivent pas. Souvent on renonce. On garde son énergie pour la combattre en soi-même ou sauver les apparences. Mais dans l’ombre de notre être, il n’y a plus que ça..
On m’a beaucoup reprochée de me « noyer dans un verre d’eau » et ce genre de choses. Moi j’ai toujours eu la sensation que la moindre larme pouvait m’ensevelir. Et pourtant, pendant longtemps, mes larmes ne sortaient pas comme ça. J’ai scellé des fleuves entiers en moi, pendant des années. Bien cachés dans un endroit que nul ne pouvait voir, il y avait des milliards de larmes, et dans chacune d’elle, il y avait un bout de moi qui se noyait, parfois sans même savoir pourquoi.
Je me disais « c’est comme ça« . Je m’étais résignée. Ma vie c’était ça : cacher les larmes, pleurer à l’intérieur, et attendre le moment où ma bulle de désespoir allait soit éclater, soit m’asphyxier. Souffrir, mais en silence, sans faire de vague. Sans voir de lumière alentour autre que la détresse elle-même, et la solitude, devenues les seules choses familières de notre monde.
Évoquer la moindre de ces larmes, c’était se mettre à nu. Prendre le risque d’ajouter d’autres larmes encore, à cause des jugements, des rejets, des trahisons de confiance et de tant d’autres choses. J’avais essayé au début, et je l’ai amèrement regretté. Longtemps je n’ai plus eu confiance en personne ou presque. Et ceux à qui je faisais confiance, je me refusais à leur en parler par manque de confiance en moi. Je pensais être folle, me plaindre pour rien, être « trop sensible« , trop « faible« …
Et puis il y a eu des rencontres, des réalisations, et la thérapie.
Des années d’acharnement avant que je n’arrive à ouvrir les valves et laisser sortir mes larmes. Des années de plus derrière pour comprendre que si dans ma tête, je voyais mes larmes briller, ce n’était pas sans raison : offrir une issue c’était leur rôle. Pleurer pour évacuer. Pour admettre ce qu’on ressent et l’exprimer. Pour être plus humain, plus vivant, plus vrai avec soi même. Prendre consistance.. Je ne saurais pas expliquer exactement, mais après beaucoup de temps, j’ai réussi à pleurer. Sans culpabiliser, sans demander à ce qu’on veuille bien m’en excuser. Je ne dis pas que c’est simple, encore maintenant j’ai du mal par moment, mais j’y arrive. Je pleure parce que j’en ai besoin, parce que même si je me sens nulle sur le coup, après ça fait du bien.
On m’a longtemps dit que pleurer ne « servait à rien« , que ça « n’allait rien changer« . C’était faux. Ce n’est pas pour rien que ces émotions et ce mécanisme existent. Je me suis réapproprié ce fonctionnement de mon propre esprit, de mon propre corps. Cela m’a beaucoup aidée à affronter les crises de dépression, parce qu’au lieu de tout vouloir engranger jusqu’à l’implosion, je pouvais de temps en temps relâcher de la pression. Pleurer, c’est accepter, et se libérer.
Ce dessin, quand je l’ai enfin terminé, c’était moi qui revendiquait cette part de mon être : celle qui ressent, qui est vulnérable, qui vit avec une maladie qui tente de lui ronger le moral. C’est moi qui accepte de pleurer dans un monde où c’est si souvent jugé comme une faiblesse. C’est moi qui me suis mise à nue, sans fard, sans honte, dans un acte revêtant à mes yeux un courage que je n’aurais jamais cru avoir : celui d’être moi.
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Deuxième dessin sélectionné : La pirate (en moi).
Sans doute l’un de mes dessins de personnage le plus abouti. Parfois en le regardant, je me demande encore comment je l’ai fait x)
Ce dessin là n’est à l’origine pas tout seul. J’ai fait deux esquisses en même temps : La pirate en moi, et la sorcière en moi. De mémoire, j’ai d’abord fini la sorcière, puis la pirate, assez longtemps après. Je vous mets les deux, mais seule la pirate à droite sera présente à l’exposition (s’ils n’ont pas changé d’avis et qu’au dernier moment mes dessins n’y sont finalement pas).
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Pendant longtemps, j’ai fragmenté mon être. Je pense que, dans une moindre mesure, on fait tous un petit peu ça. On prends des morceaux de nous-mêmes et on les sépare, d’une façon ou d’une autre. En moi, il y a ainsi la fille de mes parents, la femme qui grandit, la créatrice qui veut faire des choses de ses mains, la rêveuse qui lit et qui écrit, l’aventurière refoulée qui rêve d’exploration et de photos au bout du monde, etc… À tous les niveaux, je peux diviser mon être en plusieurs morceaux, plusieurs identités… Avec la thérapie, j’ai fait le choix de, petit à petit, rassembler tous ces bouts de boules à facettes pour reconstruire un tout plus complet. Pendant cette transition, j’ai esquissé deux personnages : la sorcière et la pirate, l’une n’allant pas sans l’autre, car chacune était une facette de la part de moi qui combattait.
En gros, la petite sorcière, bien à l’abri dans sa tour, lutte à sa manière. Elle se crée une bulle à elle, mélange d’ombre et de lumière diffuse. Discrète, elle se réfugie dans la magie, les livres, les chants d’oiseaux… Tout ce « beau » qui fait qu’elle peut encore s’accrocher et sourire. Elle n’affronte pas le monde, elle le fuit et fait tout à sa façon dans son petit monde. Elle apprend tout ce qu’elle peut sur l’extérieur, et le ramène à l’intérieur quand ça lui plaît.
La pirate elle, est en plein jour, dans le monde. Armes aux poings, elle ne se cache pas. Elle avance, elle affirme, et surtout elle se défend. Peu importe les règles établies, les choses qu’on « peut », qu’on « doit »… Elle se rebelle, et souhaite tracer sa propre voie. Elle veut s’aimer pour elle-même et avoir confiance en elle, elle n’attend rien du monde, mais n’a pas peur de l’explorer, elle y va. Elle n’est pas dans le cliché du pirate qui tue et qui boit, mais dans celui du marin qui s’affranchit du monde et y fait son trou. C’est la partie active de moi et mes innombrables petits défis ignorés du monde que j’ai relevé au fil du temps. La partie que je tente petit à petit de booster.
Un jour, je n’exclue pas de refaire un dessin qui serait un mix de ces deux personnages : une pirate capable de magie mais qui vogue sur l’océan, très loin de sa tour d’ivoire dont le contenu enchanteur voyage avec elle… Qui sait..
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Troisième dessin sélectionné : Ouvre ton coeur.
Le plus récent des trois. J’ai essayé des choses différentes dessus au passage, mais dans l’espoir de souligner la symbolique qu’il représente pour moi.
Mon coeur, comme ma tête, est longtemps resté un secret bien gardé. Peu de gens y ont eu accès en profondeur…
Mon petit coeur de verre, si fragile que j’avais peur qu’il ne se brise en mille morceaux, que les gens ne jugent ce qu’il contenait.. Je l’avais enterré, scellé… oh j’ai aimé. J’ai essayé d’être une bonne fille, une bonne amie, une bonne petite amie… mais à vrai dire la plupart du temps, j’ai déséquilibré la relation en acceptant d’écouter sans jamais accepter de parler. Parfois cela m’a sauvée. Les autres fois, le lien a fini par se rompre à mon grand regret. J’ai travaillé sur ça, beaucoup, mais ça restait compliqué. Il a fallut y aller étape par étape, et me nourrir des exemples qui marchaient, car j’ai découvert qu’il y en avait. Je n’avais pas, avant la thérapie, pleinement réalisé qu’il avait réellement exister des liens où la personne en face n’avait jamais cherché à me changer. C’étaient pourtant les personnes les plus précieuses pour moi, celles vers qui je me tournais en dernier recours avant de faire n’importe quoi, mais je n’avais pas réalisé pas pourquoi.
Un matin, je me suis réveillée avec l’esquisse de ce dessin en tête. Ce jour là, j’avais une séance avec ma thérapeute, qui a fini d’en préciser les contours. Comme un message de mon inconscient, un trophée pour marquer un changement déjà entamé.. encore une fois, c’est difficile à expliquer, mais je devais le dessiner.
Ce dessin, c’est moi qui ait accepté de briser moi-même un morceau du mur de verre de mon coeur, pour en laisser la lumière et les couleurs s’en échapper et librement tournoyer. Ne plus cacher, ne plus me contraindre à m’enfermer. Prendre le risque de quelques éclats de verre pour laisser l’air sortir mais aussi entrer. Laisser la vie intérieure qui fleurit gagner l’extérieur… Avant ça, j’ignorais que mon coeur ne finirait pas nécessairement en tas de bris. Je ne savais pas que mon univers et celui du « reste du monde » pouvait essayer de se mélanger sans heurt, que mon coeur, aussi différent qu’il puisse être, avait sa place quand même.. Et même si tout me semble très carré dans cet Univers dessiné par les humains, je réalise que rien ne l’est vraiment jamais, et que mes rêves et mes idées ont bien le droit de dépasser. Je ne fais pas de mal, je ne force personne à qui que ce soit. Je me donne seulement le même droit que je donne à tout les autres : celui d’exister.
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S’il y avait eu d’autres dessins.
Si j’avais su que je pouvais en proposer plus de trois (si j’avais compris qu’il fallait envoyer tous les candidats et pas juste une sélection drastique montrant le genre d’œuvres réalisées), j’aurais tapé dans les dessins que je vais montrer là.
Une plume sur le coeur.
Le dessin le plus « fou » de ma collection. Pas du tout par son design, mais par l’intention derrière… En 2019, un projet complètement dément a germé dans ma tête : rassembler mes textes, poésies, photos, et dessins au même endroit. Sélectionner les plus représentatifs de mon être, de ma vie, mon parcours… et un jour les proposer à l’édition.
Je sais, c’est un peu ridicule. Qui voudrait d’un recueil illustré, un peu décousu, sur la vie d’une inconnue ? Quoi qu’il en soit, pour moi-même, j’avais envie de le faire. Après quoi, j’ai travaillé régulièrement dessus, jusqu’en Novembre 2021 à peu près. Comme beaucoup de mes projets, je me suis arrêtée à 80%. La sélection est plus ou moins terminée, l’ordre des textes et images pour ainsi dire arrêté. Il reste à relire, corriger… Et proposer. Dès que la partie « proposer le projet » a été plus concrète, plus proche d’arriver, je me suis figée… depuis ça n’a plus bougé.
Sur ce dessin, tant de choses et rien à la fois. Un personnage sensé être moi, qui tient une plume sur le coeur, celle avec laquelle il a écrit un à un les chapitres de sa vie dans un livre. La tête dans les nuages et les étoiles, et pas n’importe lesquels. Des oiseaux-espoirs qui volent de nuit. Ah, la nuit.. c’est un peu mon univers ça aussi. Les ombres, les rêves, la lumière discrète… elle évoque plus facilement l’espace que le Soleil qui a longtemps brillé trop fort pour moi. Les pieds à terre, qu’elle soit noyée, constituée d’herbe fraîche, de boue ou de béton.. mais assise souvent pour reprendre ma respiration. Dans les flaques se reflètent le ciel, comme dans un miroir trouble : ce n’est pas encore vraiment le ciel, mais ça reste à portée de main.
J’y avais mis tant de choses, dans ce dessin, sans pour autant trop y penser. Les idées germaient de partout, et ma main simplifiait tout, juste pour le poser quelque part… Après quoi je l’avais illustré d’un petit poème, juste quelques mots encrés comme ils venaient :
Une âme lune, caressant l’infini à chaque instant..
Son histoire sur les genoux,
les pieds dans l’eau, l’herbe ou la boue.
Des étoiles déposées sur un ciel tout doux..
Mille senteurs, mille couleurs,
L’éternité dans une goutte de splendeur.
Frôlant du bout du soi la soie des fleurs.
Des mots de pluie, et de feuilles,
enveloppant une parole en deuil.
Le cœur en perpétuel accueil.
Un chant d’oiseau au creux du corps.
L’Amour comme un tout petit ressort.
Laissant couler les pleurs, tâchant d’y croire encore.
Des reflets de rêves au fond des chagrins,
des lueurs d’espoir sur le mot “demain”.
Un concentré de résilience à portée de main.
L’esprit filant au firmament,
libre et léger comme les nuages et le vent.
(Je vis) la tête ailleurs,
Une plume sur le coeur.
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Au coeur du silence et l’Envol
Ici, j’aurais plus vraisemblablement envoyé le second, mais pour moi, il est plus ou moins lié au premier, alors je vous mets les deux.
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Pour le premier dessin, il a changé plusieurs fois de titres. D’abord « Solitude« , puis « Quand le silence est d’or« , ensuite un titre anglais « Not really drowning alone » (« ne se noyant pas tout à fait seule ») pour enfin en arriver à « Au coeur du silence« .
Ce dessin m’a servi à extérioriser plusieurs choses que je n’ai pleinement mesurer qu’après coup. Il y a eu la perte de mes enfants, le sentiment d’asphyxie que je ressentais au contact des autres et de leurs attentes, l’impression de couler lentement mais inexorablement (ma dépression), mais aussi le fait que ce n’est pas encore le fond, que l’eau forme un cocon bleu qui sépare du reste du monde, et l’encrage d’un petit quelque chose, fin léger et fragile, que je pouvais percevoir dans les moments de calme, et qui m’accompagnait et m’obnubilait : l’Espoir.
Je ne ressens pas le besoin d’expliquer chaque chose sur le dessin, je sais que ce que je ressens quand je le regarde, et donc ce que j’espère qui s’y dégage, suffit à le comprendre inconsciemment.
Le second dessin est un peu un écho du premier, des années après. L’eau petit à petit s’est changé en Espace, même si la transformation n’est pas achevée et si j’ignore si elle le sera jamais. Je ne sais même pas si je souhaite que ce morceau là soit un jour terminé. L’eau et moi, on garde une relation particulière… En tout cas, des étoiles et des galaxies s’allument tandis que les petites bulles continuent de me porter. Chaussée de ballerines, j’apprends à danser au rythme de l’existence, aussi vague soit elle encore. Ma plume d’espoir n’est plus inerte, c’est un papillon qui brille et frétille.. et je continue de le suivre, inlassablement.
Son corps en forme de point virgule reprend un design que je compte me faire tatouer. Le « ; » est en effet un symbole pour les gens qui ont eu à affronter des envies ou tentatives de suicides (pour eux-même ou de leurs proches) et qui, au final, ont choisi la vie. C’est tout un combat et une victoire – au moins momentanée – qui pulse dans ce simple caractère. Cet été, je compte me l’inscrire sur le poignet avec des ailes de papillons, pour que chaque fois que je le regarde je me dise que j’ai tenu bon. Que malgré tout ce que j’ai subi et affronté, je suis toujours là, peu importe dans quel état. Que j’ai choisi d’avancer et d’essayer, même sans la certitude d’un jour y arriver.
Rien n’est gagné, mais j’ai au moins pris mon envol..
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La porte silencieuse ou « worLds » (: les mots sont des portes)
Je ne pense pas que j’aurais présenté ceux là à la réflexion, mais je les aime bien quand même. Deux portes, deux symboles très différents.
La première porte est celle derrière laquelle je suis restée coincée très longtemps : celle des relations sociales. Souvent, je me sens encore derrière. Il y fait froid et brumeux, mais quoi que je fasse, impossible de l’ouvrir. Malgré la lumière qui s’en échappe, cet autre univers me fait peur et ne semble pas avoir de place pour moi. Il y a les gens qui m’ont mise derrière cette porte par leurs mots ou leurs actions, et il y a moi, qui indirectement ait fait le choix de rester coincée derrière parce que c’était au final plus simple, malgré la douleur ressentie. C’est compliqué à expliquer une fois encore. Je ne suis pas la plus douée quand il s’agit d’expliquer ce genre de truc, mais je pense que l’atmosphère du dessin suffit à imprimer la sensation que j’ai vécue.
La seconde porte, c’est tout le contraire, et ce n’est pas pour rien si elle n’est pas du même côté du personnage (même si le personnage change). Cette porte, c’est la communication, avec soi, avec les autres, et avec ce qui m’a servi de tuteur pour comprendre le monde et les gens à l’origine : les livres et les jeux vidéos, mais surtout les livres, quand j’étais plus jeune. J’ai découvert des mondes incroyables et magiques, grâce à la seule force des mots. Les mots sont des clés vers d’autres mondes, des portes qui n’ont l’air de rien mais qui brillent de mille feux dans l’embrasure, attendant qu’on vienne les découvrir.
En anglais le mot » Mot » se dit » Word « , et le mot » Monde » se dit » World ». Tout juste un « L » de différence, et ça aussi, j’ai trouvé ça magique. J’ai écris quelques lignes, en anglais et en français, pour me l’inscrire quelque part. Voici la version Française :
Une pensée…
Que par une voix, un livre, ou un esprit, ils soient transportés,
Les mots peuvent créer de nouveaux univers hors du temps.
Ils ont la même magie que les images pour qui les aime vraiment.
Les mots peuvent ouvrir les portes vers d’autres mondes, même irréels,
En anglais, il suffit pour cela de leur sentir pousser une aile.
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« Early morning » (Tôt le matin) ou « Fading in the Rain » (Se fondre dans la pluie)
Mes dessins dans un style plus « minimaliste ». Probablement pas idéaux pour être exposés, le but n’est pas d’être travaillés, d’avoir des traits ou des remplissages propres, juste d’exprimer un sentiment ou une pensée de façon simple et légère.
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Le premier m’a servi à marquer un souvenir. Un petit matin où je suis sortie très tôt sur la terrasse.
Il bruinait, les petites gouttent d’eau qui faisaient clap clip clap sur les surfaces humides. Les oiseaux chantaient, les premières fleurs pointaient le bout de leur nez. Il faisait frais et le soleil se levait. Juste un moment de calme en toute simplicité, la nature offerte à qui voulait l’observer et l’écouter. Un petit cadeau posé sur mon début de journée après des temps compliqués.. C’est ce genre de petites choses qui m’offrent les plus belles bouffées d’oxygène et me permettent de tenir quand je m’écroule…
D’ailleurs en ce moment, je paierais cher pour pouvoir retrouver une mobilité normale et aller marcher quelques heures dans mes coins préférés, saluer le printemps..
Le second dessin évoque à la fois une sensation, et une idée.
Plusieurs fois, je me suis imaginée me « fondre » dans la pluie. La laisser petit à petit effacer les couleurs et les contours de mon existence. Je trouvais l’idée douce, belle, et juste la formuler, c’était déjà sourire en pensée. Comprenne qui pourra, je n’ai pas l’intention d’expliquer. Pour la sensation, c’est beaucoup plus simple : quand la pluie n’est pas trop forte et qu’il n’y a personne autour, il m’arrive de simplement lui offrir mon visage, et de me concentrer sur ce que je ressens à son contact, comme le ferait un enfant. Cela peut être très apaisant de juste passer quelques secondes ou minutes à l’accueillir..
Parfois aussi, je me laisse pleurer en même temps, et je sais que ça ne se voit pas si quelqu’un passe. J’aime sentir cette caresse qui protège l’anonymat des larmes qui veulent sortir en silence. C’est comme si la pluie lavait mon visage, et l’aidait à se détendre..
J’ai mis longtemps à aimer la pluie, et ça reste un amour assez fluctuant, mais j’apprends à savourer quand elle est là si je le peux.
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La fée du lac
Je n’aurais rien eu à dire de particulier sur ce dessin, c’est juste que je trouve que c’est l’un de mes plus réussis. C’est également l’un des rares « Draw This Again » que j’ai fait : quand on reprend un vieux dessins pour le refaire et voir l’évolution des compétences en chemin. Il n’est pas parfait, mais je le trouve assez lumineux et plutôt bien fait. Il symbolise le fait que, même si souvent je pense que je ne progresse jamais, j’ai quand même avancé entre 2002 et 2022, et pas seulement en dessin. Et même si ce n’est toujours pas assez, c’est déjà toujours mieux.
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« Spring Moon » (Asperger)
Celui-ci, vous l’avez vu passer il n’y a pas si longtemps. Je ne l’avais pas fini au moment des envois, sans quoi je l’aurais sûrement mis.
Cette nouvelle du diagnostic pour moi a jeté un jour nouveau sur mes difficultés. Je me suis sentie plus légère après ça, et ça a soufflé comme un nouveau départ, un printemps intérieur. Je suis toujours un peu un être de la nuit, mais j’arrive à être en plein jour aussi. Sans m’afficher, je ne veux plus me cacher, et chez moi, c’est un incommensurable progrès.
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Et voilà..
Peut être que des explications sont redondantes. Peut être que certaines creusent un peu plus que je ne le fais habituellement, ou complètent ce que j’avais déjà pu dire dessus. Quoi qu’il en soit, j’ai essayé d’expliquer quelques dessins importants pour moi. C’est un peu compliqué d’autant que j’ai du mal à me concentrer, surtout les derniers temps, mais j’espère que c’était compréhensible et intéressant (désolée s’il y a des fautes, je n’ai pas le courage de me relire !)… Quoi qu’il en soit, j’aime bien l’idée que mes dessins seront probablement affiché au stand. Si j’arrive à marcher, j’essaierai peut être d’aller les voir et de voir les œuvres des autres aussi.. On verra !
Bonne journée, à bientôt.