Quand pour moi, « Le Silence est d’Or »…

Depuis toujours, j’ai ce goût prononcé pour les lieux tranquilles, à l’écart, silencieux…  et déserts. Ces lieux, réels ou imaginaires, ont construit mon Univers, façonné mon être.
Sans doute, ma maladresse et ma pudeur dans mes relations avec autrui viennent-elles de là. Je n’ai pas appris ce qu’il fallait, ou je ne l’ai pas intégré.. Pourtant je me souviens avoir essayé, ardemment, longtemps.. en vain.

Comme tout le monde, j’ai connu des moments dans la Vie où tout silence devenait insoutenable, oppressant… Ces moments sont bien rares pour moi, car bien souvent, le « Silence » est sans prix à mes yeux.
Il n’a pas besoin d’être absolu. Le vent, la pluie, les vagues, les chants d’oiseaux … tous ces bruissements légers sont autant de mélodies naturelles qui apaisent le cœur et l’esprit.
Loin des rumeurs de la ville et des êtres humains, qui ne s’est jamais arrêté un instant, les yeux fermés, pour respirer profondément en savourant le silence alentour, le calme ? Il est parfois un besoin au même titre que Respirer, Aimer, Manger, Dormir…

J’admets que chez moi, ce « Silence » – sous ses nombreuses facettes – a une grande place, bien plus grande… Une place souvent incomprise et/ou mal acceptée. Mais comment expliquer ?

Ce n’est pas pour rien que je préfère le courrier ou les emails. Je ne sais pas manier les mots à l’oral, je n’ai jamais su. Ils font bien trop de bruit qui saturent le flot des pensées. Je les préfère dans une forme de silence qui leur laisse toute la place : à l’écrit, les mots qu’on a eu le temps de choisir coulent sereins vers les yeux qui veulent bien les accueillir. On peut y revenir pour vérifier qu’ils sont bien là, et prendre le temps d’apprivoiser leur message.

Et pour ce qui ne saurait s’exprimer ..? Il existe tant de choses pour lesquels nous n’avons pas réellement de mots. Un simple geste peut supplanter toutes les paroles du monde. Un seul regard peut contenir une éternité d’émotions, un sourire une infinité de sens. Y mettre des mots sur l’instant, c’est déjà les dénaturer.
Il devient alors plus simple pour la personne en face de se tromper lorsqu’elle va l’interpréter, car les mots que l’on prononce se voient toujours attribuer le sens qu’on veut bien leur donner. Et les maladresses de vocabulaire, ou les formulations malheureuses, ne sont pas aisément ‘pardonnées’. Il est si simple de se déchirer pour des mots là où un regard aurait suffi sans engendrer de conflit.

Ces mots me font peur parfois.

Je n’ai pas les bons outils, je n’ai pas les ‘codes’. Je n’ai pas souvent l’énergie, et je n’ai même plus l’envie. C’est trop compliqué pour moi, et souvent trop loin de la façon dont je fonctionne au naturel.
Je n’ai pas envie d’être « quelqu’un d’autre » que moi. Juste moi, avec défauts et mes qualités, mon passé et mes rêves d’avenir. Je n’attends pas qu’on les comprenne, seulement qu’on les accepte comme faisant partie de moi, sans chercher à les changer, à me changer.
Je n’ai pas envie de sourire quand mon cœur pleure, de devoir justifier pourquoi il pleure, ou de m’entendre dire que je ne dois pas pleurer, et de voir ma douleur / mes émotions minimisée(s) ou niée(s), quelles que soient les intentions de l’autre.
Je  ne veux plus répondre aux questions dont la réponse ne regarde que moi, et devoir ‘payer’ le droit à mon intimité en acceptant docilement la mauvaise humeur de l’autre face à mon refus pourtant légitime.
Si l’on m’exprime une préférence, je tâche de la prendre en compte, et j’attends la même chose en retour. Mais je ne souhaite pas que l’autre se force pour se conformer à ce qu’il *pense* que je peux attendre de lui, car je n’ai pas l’intention de devancer ses désirs, de m’oublier pour lui faire plaisir, ou de me forcer à quoi que ce soit quand je ne me sens pas de le faire.
Le ‘bruit’, les incompréhensions, le ‘jeu’ du relationnel, tout cela m’épuise. J’ai besoin d’un droit au silence sans que nous soyons mal à l’aise mon interlocuteur ou moi, et j’ai besoin, même avec les êtres les plus proches de moi, de distance au bout d’un moment, pour plus ou moins longtemps, pour me recentrer sur moi et du calme. J’ai besoin parfois d’attendre qu’une personne me manque pour souhaiter la revoir. J’ai besoin parfois, d’être dans un océan de silence pour me retrouver face à moi-même… C’est si récent pour moi, ce « moi-même » que je ne connaissais pas bien, et que j’ai lentement découvert dans un silence sous forme de solitude, là où j’avais un peu de place. J’ai besoin de m’évader de tout dès que je me perds.

Seulement ces périodes d’évasion peuvent être longues, très longues. Je peux facilement passer un mois complet sans voir personne – à l’exception bien sûr de mon Prince, seul être humain au monde à m’avoir toujours donné la sensation qu’il faisait partie de moi, et moi de lui.

Cette « solitude » m’est familière, connue, et bien souvent très agréable. Elle est ma compagne de toujours, avec elle je suis chez moi, je m’y ressource. Avec elle, je ne suis pas perdue, mal jugée, malmenée. Elle ne présume jamais rien de mes silences, ne spécule pas sur mes mots. Elle ne me prête pas ses émotions, ne me confond pas avec mon reflet dans l’eau de son regard. Elle n’attend rien que je ne puisse donner.

J’ai conscience qu’il y a une part de fuite là dedans, et surtout je sais l’image que cela renvoie. J’ai lutté contre elle pendant des années, sans jamais qu’elle ne bouge, ou jamais dans le bon sens. Je me suis détruite à vivre pour les autres, à vouloir prouver que je n’étais pas cette statue de marbre, froide, ne sachant pas aimer, qui se fiche de tout, qui ne tente rien …
Oui je sais cette image, je la connais par cœur. Aujourd’hui encore, je la vois dans leurs regards, je l’entends dans leurs reproches …et elle paralyse régulièrement ma vie.

Aujourd’hui, je fais un pas de plus pour l’accepter. Je décide d’agir « avec » elle, et non plus « contre » elle. Je fais des efforts quand je le peux, comme je le peux et s’il me faut passer pour la méchante le reste du temps, alors soit.

Aujourd’hui, je vis pour moi, autant que je le peux. Cela ne veut pas dire que j’oublie les autres, non. Seulement que je ne m’oublie plus « Moi » au passage. Je me donne la priorité lorsque je suis cette priorité, car personne d’autre ne le fera à ma place, et que je n’ai que ma vie à vivre. Je suis Moi, ni plus, ni moins.
Je commence à savoir ce que je suis réellement et pourquoi mon Prince m’a choisie. Nombre de mes amis le savent aussi, et sont toujours là. Certaines personnes de ma famille aussi, sûrement. J’éprouve beaucoup de gratitude pour leur bienveillance. Eux le savent : j’Aime. Énormément, et sans fard, mais à ma façon, et je le montre dans la limite de mes aptitudes qui ne s’éveillent (un peu au moins) que dans la liberté d’être pauvres au départ. Dans le respect du Silence qui vaut de l’or ;

 

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