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Réflexions

Si j’étais une couleur ..

By | Poésie / Texte, Réflexions | No Comments

… je serais le Bleu.

Bleu

Ma couleur préférée est le bleu dit « Turquoise » (ou « Cyan »), mais tous les bleus sont beaux.
Le Bleu a tant de facettes qu’il en est captivant, pour apprendre à le connaître, il faut du temps.

– Le Bleu, c’est moi au départ : neuve et candide.
– Le Bleu, c’est un cocon réconfortant, ma chrysalide.
– Le Bleu, c’est la couleur des souvenirs de ma Mamie, douce et attentive.
– Le Bleu, c’est mon âme en fleur, sentimentale et émotive.
– Le Bleu, c’est aussi le regard de mon amoureux.
– Le Bleu, c’est l’été quand le Soleil est éclatant dans les cieux.
– Le Bleu, c’est l’hiver et le froid, quand tout est neige et glace.
– Le Bleu, c’est quelque chose qui s’en va, la mémoire qui s’efface.
– Le Bleu, c’est léger comme l’Heure qui précède le jour, encore un peu de patience.
– Le Bleu, c’est parfois lourd et profond, comme le voile de la Nuit qui s’avance.
– Le Bleu, c’est l’Horizon, Berceau d’une Union où le Soleil sommeille.
– Le Bleu, c’est L’Eau, cette Essentielle qui fait des Merveilles.
– Le Bleu, c’est la Mer, qui fait danser des navires sur la houle scintillante.
– Le Bleu, c’est l’Océan, poumon du Monde qui regorge d’une Vie étonnante.
– Le Bleu, c’est une petite ecchymose, une meurtrissure de l’Existence.
– Le Bleu, c’est un sentiment de Paix, un murmure qui fait un souhait en Silence.
– Le Bleu, c’est de multiples teintes et variantes, couleurs de mes humeurs.
– Le Bleu, c’est la couleur qui parle le plus à mon cœur.
– Le Bleu est ce qu’il veut : Marin, Persan, Pétrole, Roi, Acier, il n’a qu’à choisir.
– Le Bleu a un goût d’Avenir.

Le Bleu est un camaïeu de symboles et d’émotions qui crée des tableaux.
Le Bleu c’est mon passé, mon présent, et ce vers quoi je tends.

Si j’étais une couleur, je serais le Bleu.

Vulnérable

By | Réflexions | No Comments

Quand j’ai peur ou que je suis blessée, des voix résonnent dans ma tête…

« Tu es fragile » me disent les voix de ma soeur, de ma mère, d’autres.
« Tu es forte » me disent les voix de mon amie, de mon conjoint, d’autres.

« Fragile ». Comme un objet qui se casse en tombant, ou s’ébrèche au moindre contact un peu rude, et ne saurait être réparé.
« Forte ». Comme un mur qui se dresse fièrement et supporte les coups sans broncher, ou que l’on pourra reconstruire à l’infini.

Étrange parallèle, qui n’a aucun sens pour moi.
Il est vrai que l’on peut être à la fois fort et fragile. Tout dépend du contexte, du moment, de l’épreuve…
Pourtant, je ne me retrouve dans aucun de ces termes.

Je ne suis pas « fragile ».
Oui, j’ai été plus d’une fois brisée et piétinée, mais je n’ai pas encore renoncé que je sache.
Oui, c’est lamentablement que j’avance, l’âme à vif, il n’empêche que je ne suis pas à l’arrêt.
Oui, parfois je panique et suis terrorisée, pourtant je ne laisse que rarement le dernier mot à mes craintes.

Je ne suis pas « forte ».
Oui, j’ai encaissé plus que je ne le dis et je me bats encore, mais je le fais tantôt claudiquant, tantôt en rampant, sans savoir où cela mène.
Oui, je m’obstine face à la Vie et ses injustices, agrippée à ma volonté, mais je le fais le cœur submergé de sanglots et de peurs.
Oui, je combats mes peurs, mais j’ai tout de même besoin de les exprimer et de leur laisser un peu de place pour les vivre.

En fait, je suis tout simplement humaine, comme tout le monde. Cela signifie que je ne suis ni fragile, ni forte, je suis juste « vulnérable », j’ai mes peurs, et je sais faire montre de courage, parfois.

Je trouve triste que le monde fasse sans cesse l’amalgame entre vulnérabilité et fragilité, de même que dans une moindre mesure, entre force et courage. Pourtant, si les mots sont distincts, ce n’est pas sans raison, non ?
Peu m’importe que vous saisissiez ou non la différence, le dictionnaire de mon cœur connaît l’importance de ses propres nuances, surtout celles-ci.

Je ne suis ni fragile, ni forte, et je n’ai pas besoin d’étiquette qui déterminerait à l’avance mes capacités, jusqu’à la fin des temps, niant par là même la variabilité de l’être vivant.

Si je n’ai pas de quoi être fière, je n’ai pas non plus de quoi avoir réellement honte. Je ne cherche pas particulièrement la première, je maintiens la seconde à distance. A fleur de peau, je suis une écorchée, mais une écorchée qui continue à cheminer à côté de vous, envers et contre tout, même si ça fait mal.

Parce que s’ouvrir au monde et s’y exposer, c’est accepter la possibilité des échecs, des blessures, des injustices…, c’est accepter d’être vulnérable.

Parce que c’est en étant vulnérables qu’on est vraiment vivants, vraiment humains.
Et parce que quelles que soient nos différences, nous sommes tous frères, et il est vain de vouloir juger les « faiblesses » et les coups de mou, les « forces » et les réussites.

En ce moment, je revendique le droit de dire que j’ai peur. Car j’ai peur des envies qui ont fini par naître en moi, peur des épreuves à venir, peur de me rétamer encore une fois, peur des éléments de demain que je ne peux maîtriser, peur que tout s’arrête aussi.
Je revendique le droit à ma vulnérabilité, et celui de l’exprimer.

 

 

Tenir bon

By | Dessins, Réflexions | No Comments

Un article que j’ai voulu poster il y a peu… J’ai préparé, puis hésité, ensuite renoncé, puis finalement, le voilà. Il a l’air plus sombre qu’il n’est, mais je n’ai pas su comment mieux le tourner.

Encore une image qui s’est imposée à moi, et que j’avais dessinée et postée il y a quelques temps sur mon DeviantArt, accompagné d’un poème (en anglais, ou en tout cas j’ai essayé, vu que la plateforme est majoritairement anglophone). Cette image est le fruit d’une réflexion posée sur une « accumulation ».

Ce qui a provoquée cette image ? Un tout petit rien.

Un petit rien par dessus une multitude d’autres petits riens, et de trucs plus gros, moins récents ou à venir, mais présents malgré tout.
C’est fou hein. C’est si souvent « un petit grain de sable qui fait pencher la balance », « la goutte d’eau qui fait déborder le vase » comme on dit…  Un grain de sable, une goutte d’eau… si insignifiants et pourtant..

Pourtant à l’instant où la limite est franchie, ils sont tout.
Pourtant, il faudra bien plus de contrepoids qu’un grain ou une goutte, pour revenir à l’équilibre.
Avant cela, il faudra ramer, lutter, se débattre. Et encore avant, il faudra probablement se laisser couler un moment, car il n’y a que comme ça qu’on exorcise ce qu’on avait renié, enfermé, contrôlé, et parfois même, oublié.

Momentanément, nous voici accablés par des œillères, réduisant notre champ de vision aux sales coups du Sort.
C’est ainsi. La Vie semble parfois vouloir s’acharner avec une cruauté sadique.

A chaque nouvelle épreuve, on se dissous un peu plus sous une pluie de malchance que l’on ressent comme presque acide. On la dilue dans nos larmes, versées ou non, et on s’y laisse noyer.
On finit par se débattre pour s’extirper de ce miasme, réflexe archaïque d’un instinct de survie dont on doute parfois.

On ressort de là essoufflé, marqué, écorché, blessé, effondré. C’était le premier pas, mais ce n’est pas encore fini. Enraciné dans nos problèmes, il faut une volonté de fer et une énergie immense pour s’accrocher à la surface… Alors on réalise que les œillères sont restées au fond, et on a le déclic..

Chaque coup, on peut se demander combien de fois encore nous aurons le courage, la force, de nous relever.

Et pourtant, nous sommes bien toujours là : Pourquoi ?
Qu’est-ce qui nous fait tenir face à l’injustice, face à l’insensé, face aux peurs, aux chagrins …?

C’est cette minuscule tâche de lumière… Cette frêle flammèche vacillante, mais que nul ténèbre ne semble pouvoir éteindre. Même si l’on se perd dans des profondeurs obscures, elle nous montre le chemin. Aussi ténue soit-elle, elle vibre. Aussi lointaine soit-elle, elle brille. Immanquable pixel clair sur un écran noir.

Coups sur coups, on se redresse, tant bien que mal, et on avance. Chacun son rythme, même s’il paraît dérisoire. Sans perdre de vue l’Essentielle : On y accroche son regard et son coeur. Notre seul but : la rejoindre, et l’entretenir. Afin que jamais elle ne cède. Consciemment ou non, nous connaissons sa valeur. Elle est la raison pour laquelle nous supportons tout ça, la raison pour laquelle on avance, envers et contre tout. Cette flamme, c’est l’Espoir.

 »   Overwhelmed by a rain of bad luck,
    Laying in a puddle of troubles, Stuck
in the middle of roots, Flayed
by a Life in ruins, wrecked,
Tiny Flame, ‘Hold on’ tight,
The slightest light can pierce the night.  « 

C’est elle qui mérite qu’on rampe, à s’en faire saigner les genoux s’il le faut, pour aller la protéger,

Car tant qu’elle existe, on existe aussi.

Petit Nota

By | Blabla / News, Réflexions | No Comments

Lorsque j’ai débuté mon blog, je n’avais pas vraiment d’idée précise en tête.

Je crois que je me disais que cela pourrait éventuellement informer mes proches, ceux qui avaient le lien, des nouvelles de ma petite vie. Je voulais y partager ce que je faisais et voyais, au travers de dessins, de photos, de blablas. Je voulais me concentrer en grande partie sur les belles choses, les bons moments, car c’est ce que je tente de valoriser chaque jour. Insuffler du positif à qui lirait par envie, erreur ou hasard, mes quelques balbutiements. Créer une bulle d’Optimisme colorée par le prisme de ma vision du Monde.

Mais tout évolue, et la Vie c’est plus que ça. Plus que des bons moments, des joies, des découvertes …
Il y a aussi des moments d’abattement, des « coups de gueule », des peurs, des doutes, des sujets tabous qui ne devraient pas l’être… et plus encore. Or je veux que mon blog soit aussi « authentique » que possible, et m’y sentir libre, dans la mesure de mes capacités à me dévoiler. Je peux faire quelques omissions, car tout ne se partage pas aisément, mais je ne veux pas en faire un mensonge, une façade de « Bonheur apparent ». Je veux pouvoir y partager la Lumière, et les Ombres. Je veux pouvoir oser tout y mettre si j’en ressens le besoin.

Car il n’y a pas que des images qui s’imposent à moi, pas que des photos qui me sautent aux yeux … il y a des thèmes et des textes aussi. Des morceaux d’histoires destinées à demeurer inachevées, des poèmes qui tournent en pensées, des réflexions qui se laissent bercer … bref une multitude de mots qui dansent dans ma tête, et que j’aimerais poster ici, parfois. Oui, je voudrais pouvoir poser dans un coin de mon blog non seulement mes photos, mais aussi mes textes, mes poèmes, et mes dessins, même les plus étranges; non seulement ce qui me rend heureuse, mais également les sujets qui me tiennent à cœur, même les plus sombres, et pouvoir évoquer mes bizarreries, même les moins comprises.
Ce petit espace au creux de la toile est mon repère à moi, et s’il doit être un reflet de mes perceptions, alors les Bas et l’Étrange y ont leur place tout autant que les Hauts et le « communément admis ».

C’est un changement progressif, qui a déjà débuté depuis un bon moment, et que j’entends poursuivre, mais de façon consciente.

Il ne faudra pas être surpris si, à l’avenir, poèmes, textes, et réflexions étranges viennent se mêler aux dessins, aux photos, et aux mots plus légers. Il y aura probablement des phases aussi où je ne partagerai rien, comme cela est déjà arrivé. Je veux suivre mon rythme aussi imprévisible soit-il. Je veux partager à l’envie tout ce qui fait que je suis ce que je suis. Je ne force personne à me lire, et je suis reconnaissante envers ceux qui en prennent le temps.

Voilà… J’avais juste envie de l’écrire « noir sur blanc », sans trop savoir pourquoi. Comme quoi tout arrive, il peut m’arriver de ne pas chercher à comprendre certaines choses x)

Sinon dans les nouvelles, Noël s’est globalement très bien passé, avec des moments relativement simples et légers. Les plus beaux présents n’ont pas été de ceux qui s’emballent, et le temps se mettant au diapason était relativement doux. Il y a eu des regards échangés, des sourires, quelques éclats de rire… Ce fut un bon Noël.
Je suis malgré tout contente d’être à nouveau au calme ^^ Je vais m’accorder quelques jours, et je me re-pencherai sur ma ToDoList début d’année 2019, car il y a du pain sur la planche. D’ici là, j’espère achever quelques articles, nous verrons bien, en tout cas, je vais très vite poster un poème récent que j’ai envie de mettre ici. =)

Douce journée, et à très bientôt.

 

 

Si j’étais une Lettre..

By | Blabla / News, Réflexions | 2 Comments

.. je serais un « Y ».

Cela m’a pris du temps pour l’apprivoiser. Aujourd’hui, c’est la lettre dont je me sens le plus proche, celle qui me parle le plus.

– Le Y, en Français, on ne le croise pas très souvent, il est timide.
– Le Y, il n’existe pas partout, il a parfois l’air d’une anomalie.
– Le Y, il a l’air de chercher son équilibre, sa place.
– Le Y, c’est un oiseau qui ouvre les ailes pour s’envoler, bientôt.
– Le Y, il est mal jugé. On l’oublie vite, on rechigne à s’en servir, et pourtant il a ses utilités.
– Le Y, il est mal aimé : beaucoup de gens le remplacent régulièrement par un « i », d’allure plus ordinaire.
– Le Y, ce n’est pas un élève modèle : il se cache au fond de la classe de l’Alphabet.
– Le Y, il a ses faiblesses, ses défauts. Il ferait une note épouvantable.
– Le Y, il a ses propres forces : il peut devenir un mot à lui tout seul, et dévoile une grande valeur au Scrabble.
– Le Y, c’est un visage en majuscule, où les sens se rejoignent en un point central, formant ainsi un tout.
– Le Y, il peut évoquer une union, où deux soudain ne font plus qu’un.
– Le Y, il ressemble à une décoration ou un signe de victoire : à sa façon, il enrichit et égaye les mots.
– Le Y, c’est une lettre qui mérite qu’on lui laisse une chance de se découvrir.
– Le Y, il est « différent » : c’est une voyelle aux allures de consonnes. Il est un peu moitié-moitié.
– Le Y, il est « étranger » : son nom se prononce bizarrement, c’est comme s’il venait d’ailleurs.

Ce Y qui a l’air d’un marginal incompris me plaît. Ce Y caméléon qui se fait tout petit me correspond. Ces particularités me parlent.
Finalement, on se ressemble beaucoup, lui et moi.
Alors, oui.

Si j’étais une lettre, je serais un Y.

700ième déviation

By | Dessins, Réflexions | No Comments

Hier matin, j’ai posté ma 700e déviation sur DeviantArt.
Bon, sont pris en compte quelques « journaux » qui ne sont ni du Dessin, ni de la Photographie, mais tout de même.. 700 contributions sur le site, ça commence à faire un petit nombre, non ? ^^

Je l’ai vue venir il y a quelques jours, et pour l’occasion, j’ai dessiné mon avatar en train de jardiner.
Car au fond, même si dans la vraie vie je n’ai pas la main verte, symboliquement, cela m’a semblé adéquat : Nous sommes le Jardinier de notre Univers.

On sème des rêves et des espoirs, des graines d’imagination, on y consacre beaucoup de temps, beaucoup d’énergie, beaucoup d’Amour.

Parfois c’est long que ça n’en peut plus, parfois ça rate complet, et parfois, ça germe…!
Chaque petite pousse est alors une victoire momentanée, une chance d’avoir un jardin plus joli.
On en prend soin en sachant que c’est le travail de toute une vie… et que la récompense peut très bien ne jamais arriver, ou repartir comme elle était venue.
Parce que tout ne dépend pas de nous. Tout n’est pas toujours juste.
Mais au final, il est bien rare qu’il n’y ait pas au moins un petit résultat à constater.

Mon petit terrain à moi ne paie pas de mine, et je sais que je suis pas le meilleur des jardiniers, mais je commence à avoir un modeste jardin fleuri.
Ce jardin, je continue à le cultiver un peu chaque jour, à ma façon, avec la même tendresse que n’importe qui d’autre.
Et quand ça ne vas pas fort, je suis contente de pouvoir le contempler, et me rappeler toutes ces petites victoires qui comptent au moins autant que les grandes.

Avec le recul, je n’aurais jamais pensé en arriver là. Ça donne envie d’être un peu optimiste.
Ça je m’en suis rendue compte en échangeant avec une amie.

Aujourd’hui, ça m’a fait quelque chose de voir ça. Pour un peu, je serais presque ‘Fière’ en fait.
Déjà de ce que j’ai surmonté et appris jusqu’ici, même si je me casse encore régulièrement la figure sur tel point ou tel autre … mais aussi d’avoir eu la volonté de renouer avec l’Art que j’aime tant, à mon niveau, et de m’obstiner à lui faire une place dans ma Vie.

Je suis fière parce que chacune des « déviations » (dessin ou photo) que j’ai postées sur ce site, même si je suis seule à pouvoir en mesurer l’importance et la valeur, c’est un pas vers le Monde et vers moi-même.
Chaque photo que je prends en extérieur, c’est un moment où je ne suis pas chez moi, un moment où je suis dans l’action, où je rempli mes yeux et mon cœur de la Beauté du Réel. C’est un moment où je me fiche de savoir si le passant lambda va juger, ou non, le fait que je suis parfois presque à quatre pattes pour avoir l’angle que je veux. C’est un moment où moi, je me suis sentie bien, et vivante.
Chaque dessin que je fais, c’est un moment où j’accepte que ça ne va pas nécessairement donner ce que je veux, voire que je vais me rétamer, un moment dont j’ignore s’il sera « rentable » ou pas, un moment où j’oublie tout ce qui ne va pas et où je suis invulnérable. C’est un moment où j’exprime quelque chose sans avoir peur de le faire.
Chaque mise en ligne de l’un ou l’autre, c’est un moment où j’ai osé exposer une partie de moi à la face du monde, où j’ai affirmé ce que je suis.
Chaque fois, c’est un mini défi que je relève. C’est une preuve que je suis vivante, que je me bats encore. Chaque fois, c’est une Victoire.

Aujourd’hui, c’est près de 700 Victoires qui sont exposées sur ce profil Deviant Art, et plus encore dans l’ensemble de ma Vie.

C’est quand je réalise ce genre de chose, que je me dis qu’il ne faut rien lâcher, malgré tout ce qui peut nous tomber dessus… Contempler tout ça, c’est nourrir mon envie de continuer à photographier, dessiner, progresser, étendre mon Univers.. d’avancer.
Je sais que m’attendent encore à tout point de vue bien des aléas. J’en vois venir certains, et d’autres sortiront de nulle part. Mais je suis toujours là, je continue de planter, d’arroser, d’espérer.. Petite victoire après petite victoire. Petit pas par petit pas… pour voir grandir mon jardin.


N’oubliez jamais vos victoires, même si elles n’ont de sens que pour vous. Elles sont plus « vous » que tout le reste.

Douce nuit, et à bientôt. =)

Tous les parents n’ont pas d’enfants.

By | Liens, Réflexions | 2 Comments

Nous sommes le 15 octobre : Journée Nationale du Deuil Périnatal.
Une journée pour accompagner, sensibiliser … et contribuer à lever un tabou.

– Avant Propos –

Aujourd’hui, il s’agit donc d’un article qui est loin d’être joyeux, mais qui je pense est important. Perso, j’ai toujours été une « Miss pieds dans le plat »..

– Déjà parce que j’ai horreur des tabous. Toutes ces choses dont personne ne parle jamais, comme si ça n’existait pas, comme si c’était mal, ou sale, ou que sais je encore. Toutes ces choses qui font partie de la vie (pour le meilleur ou pour le pire), mais que l’on tait, et dont on fait honte à ceux qui le vivent ou qui nous prive de mots et d’aisance, soit pour en parler, soit pour accompagner.
Notre société est pleine de tabous en tous genres : Les émotions désagréables (si,si : peur, colère, tristesse), le sexisme quotidien et la « culture du viol », le viol dit « conjugal », les troubles de la sexualité masculine, la sexualité des femmes, les aléas des vies de couples, les violences éducatives ordinaires, le non désir d’enfant, ou au contraire les aléas de la parentalité et du désir d’enfant, etc. Ce dernier domaine est probablement l’un des plus vastes.
Parmi les tabous de ce domaine : Les difficultés que rencontrent certains couples pour avoir des enfants, les maux plus ou moins fréquents de la grossesse qui peuvent en faire un cauchemar, les dangers potentiels des accouchements avec notamment les maltraitances gynécologiques, puis le tourbillon émotionnel qu’affrontent les jeunes parents (et ce quel qu’eut été leur désir d’enfant – personne n’est jamais vraiment préparé), les questionnements sans fin des ces parents confrontés à la réalité qui diffère du Disney qu’on leur a vendu, en même temps qu’aux injonctions contradictoires et inutiles qui pleuvent de partout mais aussi et surtout : le Deuil Périnatal. Et c’est le sujet du jour.
– Ensuite, parce que j’ai découvert ces dernières années un tas de choses dont j’ignorais tout, et que j’en suis restée assommée, choquée qu’on n’en parle jamais. Ok, le sujet est tout à la fois lourd et délicat, mais l’enterrer n’a aucun sens. Comment accompagner nos proches si on ne sait même pas que ça existe ?? Taire un problème ne le fait pas disparaître, il empêche seulement les gens de s’y préparer un minimum, et les isole quand ils y sont confrontés. Il appartient à chacun de nous de changer cet état de faits.
Pour une fois, j’aimerais dédier mon article à des amies. Des femmes formidables, fortes, et que j’aime beaucoup : Léanora, M., et D. Mon coeur est avec vous.

– Introduction –

J’ai trouvé sur le net un article de blog qui a le mérite de résumer de façon directe l’existence du Deuil Périnatal, et la problématique liée à la naissance, sur le Blog de Maïté : http://maylismonange.over-blog.com/. L’url n’étant pas sûre selon mon antivirus, je ne le linke pas, mais je vous en mets les premières lignes ici (+ deux courtes phrases qui ont accroché mon regard et mon coeur) :
« Je ne souhaite pas vous faire peur, mais seulement vous ouvrir les yeux, que vous soyez averti, que non, la grossesse n’est pas un long fleuve tranquille, qu’il ne suffit pas de vouloir un enfant pour l’avoir, qu’il ne suffit pas d’être enceinte pour le voir naître, qu’il ne suffit pas d’accoucher pour le voir vivant, et qu’il ne suffit pas qu’il soit vivant pour qu’il vive.
[…] Soyez conscients que (…) vouloir donner la vie, c’est accepter de donner la mort.
[…] Ce n’est pas la durée d’une vie qui en fait sa valeur.
 »

Parce que la plupart d’entre nous l’ignore (parfois très longtemps), mais autour de nous, il y a toujours au moins une personne (et souvent 2 – le couple) concernée(s) par ce sujet tabou, qui souffre(nt) en silence. Une personne qui a fait une (ou plusieurs) fausse(s) couche(s), précoce ou tardive. Une personne qui a subi une IVG ou IMG pour diverses raisons, le plus souvent médicales. Une personne qui a été déclenché parce que le coeur de son enfant s’était arrêté de battre ou qu’il était condamné. Une personne qui a accouché normalement, et dont le bébé n’a jamais respiré. Une personne qui a accouché d’un enfant vivant, qui est mort peu après, à l’hôpital ou à la maison.

Ces situations existent, et elles n’arrivent pas qu’aux inconnu(e)s. C’est peut être arrivé à votre mère, votre soeur, votre belle-soeur, votre meilleure amie, votre collègue de bureau, votre voisine… et à ceux qui vivent auprès d’elles (n’oublions pas ces messieurs).

Si quelques fois, vous n’entendez parler que de ça, la plupart du temps, vous n’aurez rien vu, rien su. Une telle douleur, chacun la gère comme il le peut, comme il le sent. Mais un jour vous apprendrez peut être qu’une personne dont vous pensiez tout connaître portait seule un cruel fardeau.. et ce jour là, elle pourrait avoir besoin de vous.

Je ne suis pas portée sur les conseils donnés d’office, mais là je me permets de vous donner à tous un important conseil d’entrée de jeu :
– N’en veuillez jamais à une personne qui ne vous a rien dit. Et gardez vous bien de juger quoi que ce soit.

Acceptons le : de base, nous ne pouvons éventuellement comprendre que ce que l’on a déjà vécu soi-même. Et encore, dans des cas comme ça, il est impossible (et totalement hors de propos) de comparer les expériences. Et comme, souvent, personne ne nous a jamais appris à accueillir ce genre de chose comme il se doit… autant dire qu’on va gaffer à quasi tous les coups. Les gens qui ont vécu des drames « tabous » le savent bien. Et lorsque l’on sait que nous serons incompris et/ou que la personne en face va gaffer, quel que soit le problème, que faisons nous tous ? Nous ne disons rien.

Il existe des milliers de raisons de ne rien dire à son entourage, même à sa meilleure amie à qui on avait toujours tout dit jusque là.
Pour éviter de devoir raconter cent fois la même histoire douloureuse, pour éviter d’entendre des phrases passe-partout qui sont tout sauf ce qu’ils désirent entendre à ce moment là, pour éviter de devoir justifier ce qui s’est passé quand bien souvent ils ne le peuvent pas, pour éviter que cela ne devienne dans notre bouche un « ragot » qui fera le tour de la place du marché sans égard ni pudeur pour leur détresse et leur intimité (surtout si comme moi ils ont horreur de ces trucs là de base), pour tout cela et plus encore, il est humain que bien des gens taisent leur Douleur. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. Seulement qu’ils se protègent. Donc, vraiment, soyons compatissant.

Ceci étant posé, parlons un peu plus en détail de ce Tabou, pourtant plus répandu qu’on ne veut bien le dire.

– Le Deuil Périnatal –

Le Deuil Périnatal : Qu’est-ce que c’est ?

Le Deuil Périnatal, c’est une histoire qui aurait du être magnifique, et qui s’est terminée en Tragédie. C’est la perte d’un enfant avant, pendant, ou après l’accouchement.
Il concerne tous les parents qui ont perdu l’enfant qu’ils avaient voulu, désiré, parfois même un enfant qu’ils ont longuement attendu, et pour lequel ils s’étaient battus. Le Deuil Périnatal, c’est une marque au fer rouge dans le coeur de ces parents à qui il manque l’un des êtres les plus précieux à leur existence, et qui sont malgré tout des parents, même si personne d’autre ne le voit.

Aujourd’hui, on les appelle des « Mamanges » et des « Papanges ». Des « Par’anges ». Des parents de petits anges. Et c’est expliqué ici de façon très touchante sur un forum.
Ce sont les seuls mots dont ils disposent pour déclamer au monde : « vous ne le voyez pas, mais mon enfant a existé ».

PasDeMot

Lien vers la chanson « Pas de Mot » de Lynda Lemay – Source de l’image : www.chartsinfrance.net

Car le côté le plus vicieux du Tabou autour du Deuil Périnatal n’est même pas que personne n’est préparé à voir ses espoirs s’effondrer quand part l’enfant tant espéré, c’est que la société tout entière semble vouloir le gommer, l’ignorer. De gros progrès sont à faire en termes d’accompagnement médical et psychologique, mais le plus gros du travail se situe à mon sens au niveau des mentalités (je le sais, je n’ai pas su accompagner quelqu’un la première fois que j’ai été face à ce monde inconnu) :
Minimisation de la douleur des parents, Négation de la vie de leur enfant (quand bien même il serait parti à 1 mois de gestation – il a été là), Indifférence face à leur solitude, Culpabilisation de leur détresse ou de leur choix quand il y en a eu un… Notre société nous enseigne à fuir et refouler tout sentiment désagréable, et tout ce qui ne sonne pas comme de la publicité enjouée. Sans compter que nous sommes « dressés pour juger »… De fait, les Paranges sont seuls face au monde, et luttent autant pour se relever que pour faire reconnaître l’existence de leur Ange.
Enfin non, pas tout à fait seuls : ils sont des milliers à partager cette douleur, certains ont créé des sites, des forums, des associations pour pouvoir se soutenir mutuellement, et avoir un espace où faire vivre le souvenir de leur enfant disparu. Tous n’y vont pas, mais il est important de souligner que cela existe. Mais je reste convaincue que le soutien des proches demeure primordial.

J’ai fait quelques recherches pour trouver un peu plus d’infos sur le DP. Je vous mets quelques lien vers des articles ou sites. Libre à vous d’en poster des plus pertinents en commentaires :

http://association-agapa.fr/
http://www.deuilperinatal.ch/
Articles :
https://www.parents.fr
http://www.magicmaman.com/
http://www.psychologies.com/
http://lepetitmondedekirichou.blogspot.com/

Le Deuil Périnatal : Quelle réaction ?

Chaque personne vivant cette tragédie réagira à sa façon, et si certaines réactions sont plus facilement acceptées que d’autres, toutes sont à accueillir sans jugement. Colère, Dépression, Discours en boucle, Apathie, Feinte que tout va bien, Passage à autre chose, Séparation… Tout est possible, car les gens s’engagent de façon différente, et à différents moments avec leur enfant. Certains n’ont plus que lui dès l’instant où le test est positif… d’autres ne réalisent que quelque jours après l’accouchement qu’une nouvelle vie a débuté. Nous sommes tous différents, il n’y a donc pas de bonne ou de mauvaise réaction dans l’absolu. Même si nous ne comprenons pas, accueillons leur façon de ressentir les évènements.

Vous pourrez trouver ici différents témoignages, pour différentes histoires, différentes réactions…
https://www.mamanvogue.fr/temoignages-deuil-perinatal-mamanges/

Et je vous donne ici le lien d’un témoignage d’une personne que je connais personnellement, et que j’adore… et que j’aurais souhaité être capable d’accompagner à l’époque lorsqu’elle a vécu son cauchemar.
https://leanorastory.wordpress.com/2016/10/15/je-ne-suis-pas-maman-de-2-enfants/

Qu’en est-il de nous, leurs proches ?? Que pouvons nous faire pour eux ??

Techniquement, il n’y a « pas grand chose » à faire, mais ce pas grand chose est d’une importance capitale.

Je rappelle une chose : Il ne faut jamais vouloir comparer deux souffrances, quelles qu’elles soient. La perte d’un enfant est quoi qu’il en soit une Douleur incommensurable. Et que les choses soient bien claires : on peut avoir la meilleure imagination du monde, la meilleur empathie : JAMAIS personne ne saura ce que cela représente sans l’avoir vécu. Et même une fois vécu, personne n’aura jamais la certitude de comprendre le profond désarroi que vivent ces personnes car tout le monde vit sa douleur différemment. Nous n’avons donc jamais à présumer que l’on comprend une douleur qui nous est inconnue.

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Liens vers la chanson « J’ai pas les Mots » de Grand Corps Malade – Source de l’image : amazon.fr

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Lien vers la chanson « Nos Absents » de Grand Corps Malada – Source de l’image : amazon.fr

Cela étant, rien ne nous empêche de tenter de les aider à vivre leur douleur, et pour cela, rien de plus simple.

1 – Ne pas nier leur douleur, ne pas la minimiser.

EXIT direct les phrases « à la con » qui visent uniquement à sauter la mauvaise passe (comme si on pouvait accélérer les orages pour revoir plus vite le Soleil…). Non notre ami(e) n’ira pas mieux avec des phrases comme ça : « Vous êtes jeunes, vous en aurez d’autres », « Bah, il est parti tôt, ça va, vous vous étiez pas attachés encore », « La Vie/Dieu avait sûrement de bonnes raisons de le rappeler », etc.
EXIT aussi la culpabilisation des parents, encore trop fréquente (et ce qu’il s’agisse ou non d’une décision prise suite à l’annonce de la non viabilité de l’enfant) : « Et vous êtes sûrs d’avoir fait tout ce qu’il fallait ? », « Oui enfin, vous avez fait le choix, c’est vous qui l’avez voulu donc ça doit aller… », « Franchement, tu aurais pu attendre et voir… », etc.
EXIT enfin l’égocentrisme de la personne qui ne partage pas cette souffrance avec les : « Moi à ta place, je… »
En Bref : Réfléchissez bien avant de parler. On parle d’une injustice qu’il est impossible de se figurer, de plusieurs vies (celle de l’enfant, et celles des parents), et d’un véritable traumatisme avec deuil.

2 – Offrir un lieu d’existence pour cette douleur et cet enfant perdu >> Écouter.

Dans la mesure du possible, ne parlons pas : écoutons. Osons leur proposer de les laisser parler, et écoutons nos proches nous parler de leur souffrance, même si cela nous rend triste ou mal à l’aise.
Écoutons-les nous raconter ce qu’ils ont vécu si nous nous en sentons capables (ou annonçons clairement la couleur dès le départ – inutile de se forcer).
Écoutons-les nous parler de ce petit Trésor qui a quitté leur vie, de l’Amour qu’il avait déjà si fort pour lui.
Écoutons-les nous décrire cette injustice qui les marquera jusqu’à la fin de leurs jours, et compatissons autant que possible (et je dis bien « compatir » et pas « avoir pitié »).
Entendons le fait que, pour eux, ce bébé a existé, qu’il a compté plus que nous ne pourrions le comprendre, qu’il leur manque, et qu’il aura toujours sa place en eux.
(Et quand je dis « eux », j’insiste, il ne faut pas oublier le père, qui plus souvent qu’on ne le croit, vit une douleur morale toute aussi vive, mais se voit « interdit » par de stupides conventions de l’exprimer, ce qui n’arrange rien.)

3 – Respecter l’intimité de la Détresse.

Nos proches ont eu suffisamment confiance en nous pour nous en parler. Certes, nous les aidons à porter ce fardeau, mais nous ne sommes pas les premiers concernés. Nous pouvons être tristes pour eux, choqués qu’une telle chose soit possible, révoltés par la façon dont tout cela est arrivé … mais cette Douleur ne nous appartient pas, et donc le droit de la relayer non plus. Abstenons nous de raconter à qui veut l’entendre la « terrible aventure » subie par nos proches. Pas même avec le « je connais quelqu’un qui … », sauf s’il a été clairement dit que c’était ok d’en parler.
Il n’existe probablement aucune douleur aussi immense et aussi intime que la perte d’un enfant. Même la perte d’un conjoint sera différente, et pourtant c’est ce que j’imagine qui pourrait s’en rapprocher le plus en terme de déchirement (la perte d’une partie de soi). Pareille douleur ne constituera donc jamais un simple « ragot » à déballer, il est important de respecter l’intimité de la famille endeuillée. De base, parlons en avec les premiers concernés, entre gens informés à la rigueur (si on est bien certains qu’ils le sont), mais pas davantage.

En Résumé, je le dis et le répète : Ne RIEN juger, s’abstenir de sortir des phrases automatiques, écouter, et ne pas répéter. Rien que ça, c’est être présent vraiment, et respectueux, et c’est un beau présent. Le seul que nous puissions faire pour eux. Avec la sensibilisation, afin de lever ce tabou.

 

Je vous remets le lien vers la magnifique vidéo « AMA » de Julie Gautier que j’avais présenté dans un précédent article. C’est sublime et poignant en plus d’être artistique et impressionnant, et c’est une façon délicatement tendre d’aborder le sujet, donc n’hésitez pas à la partager.

– Ensemble, brisons le tabou –

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Source de l’image : https://abrascadabra06.wordpress.com

A tous ceux qui ont vécu l’enfer du Deuil Périnatal, (ou qui vivent celui de l’infertilité), je n’ai que quelques mots à poser sur un coin d’article : Je vous souhaite tout le Courage du monde, dont vous faites déjà certainement preuve, toute la Chance possible pour l’avenir, et surtout, gardez espoir autant que possible. J’espère qu’il y aura au moins une personne dans votre entourage qui sera capable de vous épauler dans votre souffrance.
Pour ceux-là et pour tous les autres, il ne me reste qu’une seule chose à écrire : Prenez soin de vous, et de vos proches.

A bientôt.

Différente

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Si je devais résumer le Sentiment qui m’a le plus habitée tout au long de ma vie, je le ferais avec ce mot : « Différente ».

Aussi vague qu’il soit, il est celui qui me définit le mieux, celui dans lequel je me retrouve le plus. Le seul aussi, peut-être.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu ce sentiment d’être un « alien », une « anomalie ».  Quelque chose qui n’était là que par hasard, par erreur.  Cette sensation qui picote l’âme, comme si je m’étais trompée d’époque, trompée de planète, trompée d’espèce, trompée de genre parfois aussi. . . comme si ce Monde n’était tout simplement pas le mien.

Je suis une étrangère dans un Monde qui marche sur la tête.
Une goutte d’eau qui cherche le Soleil au milieu de l’Océan.

Où que j’aille, où que je regarde, je ne me retrouve dans rien, ou si peu.
Les cases ne sont pas faites pour moi (le sont elles seulement pour quiconque ?), et ma vision du monde tient à mes propres filtres, que j’ai plus ou moins choisis. Elle et moi, on « est »… mais comment nous définir ?
Les mots que les autres posent sur moi me semblent la plupart du temps hors de propos. Nous n’avons pas le même point de vue, pas la même image, et même sans cela, nous manquons de vocabulaire. Il faut dire que les dictionnaires sont épais car il faut des milliers de mots pour exprimer une personne, et pourtant, il manque encore bien des pages.

Toujours la tête dans les nuages, l’Esprit dans la Lune, et l’Âme parmi les étoiles,
j’ai pourtant les pieds sur Terre, bien trop consciente parfois de ce qui m’entoure.

Mes pensées fusent en tous sens à chaque seconde. Elles ne s’arrêtent que le temps que j’accorde à mes passions ou le temps d’un émerveillement, pour repartir aussitôt de plus belle. Elles sont un puissant maelström sans fin qui bouillonne quasiment en permanence, un in-maîtrisable tsunami de concepts, de questions, de mots, d’images, d’émotions, de perceptions, de souvenirs, de spéculations, de rêves…
Cela me rend difficile à suivre, et difficile à ‘captiver’. Je reste difficilement concentrée sur autre chose que ce qui me plaît, et je n’enregistre pas toujours très bien les infos qu’on me donne (d’où notamment la présence chez moi de mémos partout et le besoin vital d’un agenda x) et pourtant globalement j’ai une bonne mémoire).

Et puis il y a ce côté ‘à fleur de peau’ chez moi. Je vis mes émotions de façon assez intense (et parfois à retardement). Aussi, je doute sans cesse de tout, suis facilement dépassée ou découragée, mais pour autant, je ne lâche jamais réellement le morceau et me révèle assez opiniâtre. D’ailleurs, des paradoxes comme celui-ci, j’en fais ‘collection’…

J’admets que déjà rien que cela puisse être pénible pour la personne en face de moi. Mais à mon sens, ce n’est pas ce qui pêche le plus.

Le principal problème que je rencontre, c’est la communication.

Je l’avais déjà vaguement évoqué dans un précédent article et légèrement développé dans un autre, mais « parler » est très compliqué pour moi, pour une multitude de raisons.

La principale, c’est que je n’ai de contrôle que sur une chose à la fois : soit je maîtrise mes pensées et suis en capacité d’analyser, soit je parle et tout vole en éclats.
Pourquoi ? Déjà parce que la société a des tas de codes incongrus qu’il faut appliquer et qui rendent les conversations trop complexes : Entre ce qui « ne se dit pas » même si c’est la vérité, ce qu’il faut enrober dans trois tonnes de détours inutiles, ce qu’on doit deviner ou que « n’importe qui aurait pu comprendre », etc… Sans compter qu’un refus est toujours mal perçu, même si cela n’a rien à voir avec notre interlocuteur. Pour moi, c’est juste n’importe quoi.

En temps normal, j’ai également une propension à être tatillonne sur les mots et un peu ‘cash’. J’ai tendance à vouloir m’assurer régulièrement que j’ai bien compris ce que vous vouliez dire, et que de votre côté vous allez bien comprendre mon propos et les mots que j’emploie… sauf qu’à l’oral, je n’ai pas le temps de bien choisir les mots ni même d’analyser ce que vous me dites, et cela va trop vite pour moi.

Ajoutons à cela que lorsque je parle, j’essaie de prendre en compte tout ce que j’ai appris à traiter, et ça devient un gros bazar dans ma tête : faire des phrases construites et accessibles sans trop tarder à répondre, essayer d’utiliser les bons mots, manifester de l’intérêt « visible » pour la conversation, penser à regarder dans les yeux, essayer d’y voir une trace d’émotion qui indiquerait si  je saoule la personne en face, guetter les signes qui me disent quand je dois la fermer ou pas, ne pas trop utiliser les mains, cesser mes mouvements machinaux, éviter les carambolages de mots, etc, etc.
Et le problème, c’est que bien souvent, je n’y arrive pas. Mais alors pas du tout. C’est juste « trop » pour moi.

Je lutte pour rester concentrée et je suis envahie de pensées. Alors, je me retrouve impuissante face au flot de paroles qui jaillit de ma bouche – soit parce que je suis passionnée et que donc vous n’aurez pas l’occasion d’en placer une (et après j’ai honte de mon comportement), soit parce que je suis paniquée à l’idée de *devoir* parler et que je perds tout contrôle de la situation, jusqu’à oublier de respirer normalement… Là je me mets à parler plus fort, et plus vite…et c’est parti.
Le moindre son, même ma propre voix, devient du « Bruit » (ce qui m’a toujours fait perdre mes repères, c’est presque un supplice). De même, je ne vois plus arriver les questions trop « personnelles », et je réponds avant d’avoir eu le temps de me dire « non, je ne veux pas répondre », le stress monte d’un cran, je me sens acculée, tout devient « intrusion », et je lutte alors aussi pour ne pas repousser l’Autre, car je sais que pour lui, poser ce genre de questions est normal… même si moi je ne le supporte que très mal –  Et plus je lutte, plus je deviens agressive ou faussement euphorique malgré moi. Je me mets à totalement paniquer, et je n’ai plus qu’une envie : fuir, et aller pleurer dans un coin.

Je mets des heures, littéralement, pour me rasséréner après une « discussion » mal vécue.
Et il me faut parfois des jours entiers pour récupérer de l’énergie derrière.

Alors, heureusement pour moi, j’ai quand même appris au fil des années à « faire la conversation » un minimum, mais cela reste coûteux et compliqué avec de (très) nombreuses personnes. C’est plus simple avec les proches dont je sais qu’ils ne se formaliseront de rien, parce que je n’ai pas besoin de contrôler quoi que ce soit ou si peu. Ils me diront les choses directement et simplement au besoin, et je pourrais corriger le problème. Ce n’est pas le cas avec les autres hélas, même si globalement, je fais tout pour faire ‘bonne figure’ (ce qui est encore plus coûteux, mais fait moins de vagues).

Pour éviter tout cela, je préfère être seule, ou alors demeurer en silence dans un coin des pièces où je suis. Je suis plus « présente » aujourd’hui qu’avant, mais je reste souvent à regarder les gens sourire et à écouter la conversation en cours s’il y en a une (et une seule – s’il y en a plusieurs, en général, vous me perdez).

Depuis ma bulle, j’observe le monde, depuis toujours. En retrait. Comme un fantôme.

Je vis à côté de moi, et à côté des autres. Spectatrice de la Vie et auditrice de ses mélodies. En fait, je ne vis que dans ma tête, mon Univers à moi, là où j’exerce un semblant de maîtrise sur quelque chose, et le seul, souvent, où je me sens à ma place. Nombreux sont ceux qui ont trouvé ça « bizarre » ou « ridicule » au fil du temps. Pourtant c’est simple :

Dans l’intimité de mon esprit, je suis Libre.

De mes yeux de petite fille à mes yeux d’adulte, c’est le Monde extérieur qui m’a toujours semblé étrange. J’ai du mal à le saisir, et même à l’atteindre. Il est si proche et si lointain à la fois.

Même si le monde entier ou presque semble tomber d’accord sur le fait que le problème vient de moi, je ne vois pas où je me trompe, ni comment, ni pourquoi. Je ne vois pas ce que je fais ‘mal’.
C’est sans doute un peu orgueilleux, mais mon monde à moi m’a toujours semblé plus logique, plus Juste, plus simple, plus « tel qu’il devrait être »…

Je sais bien que je ne peux pas continuer à toujours vivre hors du Monde « Réel », mais il y a toujours un gouffre entre lui et moi.

J’ai essayé de le comprendre, véritablement. Depuis toute petite, j’essaie régulièrement de lui « tendre la main ».  Pendant longtemps, j’ai même essayé de me ‘changer’ pour mieux m’intégrer, parce que j’avais fini par croire que c’était vraiment moi le problème.. que c’était à moi de faire tout le chemin..
J’ai souvent dû lutter contre mes émotions, et contre et mes perceptions. J’ai repoussé mes envies, et mes limites (principalement ma résistance aux stimulis extérieurs tels que le bruit ou ma tolérance pour la proximité physique). J’ai caché mes « bizarreries », mes « inacceptables » aux yeux du monde. Tous ces dénis se sont entassés jusqu’à former cet immense « trop-plein » qui me faisait sentir horriblement « vide ».
Et cela a finalement débordé, sans que j’y puisse rien, et la vague est revenue s’abattre une fois de plus sur ma route déjà difficilement praticable. J’ai appris ma leçon.

On ne peut pas être quelqu’un d’autre que soi.
On peut seulement chercher à devenir une meilleure version de qui l’on est déjà.

Depuis je ne souhaite plus changer pour le monde, seulement pour moi, et je tente tant bien que mal de reconstituer le puzzle de mon « Moi » effrité au fil du temps.
Qu’est-ce qui m’a toujours appartenu ? Qu’est-ce qui est le fruit de ce que la Vie a brisé ? Des années que je m’analyse avec du soutien, et que je repositionne mon être. Aujourd’hui je me sens plus légère, plus complète, mais toujours pas entière, et toujours « à côté ». Toujours « Différente ».

C’est aussi compliqué pour moi que pour les autres. Déchirée entre la partie de moi qui retourne à la source, et celle qui, dans la direction opposée, continue d’avancer vers vous. J’affronte les contradictions de l’Autre, que je ne comprends pas, et j’enchaîne les miennes, dont je me sens prisonnière. Et vice-et-versa.

Autrefois j’ai gommé tant de moi-même pour être « moins différente », sculptant le paraître à l’excès, créant tant d’automatismes, portant tellement de masques, qu’aujourd’hui encore, j’ai parfois du mal à savoir qui je suis.

Tout ça pour tenter de vivre « avec » le Monde, sans y parvenir… J’ai dépensé tellement d’énergie dans ce but… sans jamais obtenir le résultat escompté. Ce monde me reste incompréhensible la majeure partie du temps, et je ne m’y sens pas à ma place.
Aujourd’hui, si on m’enlevait mes quelques repères, les quelques personnes qui sont vraiment « là pour moi », je serais pratiquement aussi paumée qu’avant.

A force d’entendre certaines choses et d’en ressentir d’autres, je me suis souvent demandée « Suis-je ‘anormale’ ? ».
On pourrait débattre des heures durant de ce qu’est la « Normalité » – un mot que je n’aime pas particulièrement du reste, il veut tout et rien dire, mais on saisit l’idée -. Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? Qu’est-ce qui ne fonctionne pas comme tout le monde ??  J’ai beau chercher, je ne trouve pas de réponse…

Pourtant, à la base, je suis comme vous tous, et je n’ai rien contre ce Monde. Je n’y suis juste « pas adaptée ». Est-ce un crime ? Ce n’est pas parce que je suis très bien avec moi-même que je refuse d’établir des liens avec d’autres êtres vivants ou que je ne les aime pas. Seulement j’ai tendance à le faire à ma façon (un peu ‘chaotique’), à mon rythme (fortement variable), selon mes valeurs, mes humeurs, mes coups de coeur…
C’est un peu plus facile avec les très jeunes enfants, ou parfois avec les animaux de compagnie. Je crois qu’on se comprend mieux, ou qu’on fonctionne un peu pareil : simplement, sans détour, sans mauvaise intention… Avec les autres, surtout avec les « adultes »,  c’est plus  compliqué. Et contrairement à ce que l’on me reproche, ce n’est pas faute de Volonté, du moins de mon côté.

Depuis très jeune, j’ai lu et observé, expérimenté et analysé, corrigé et appliqué.
Lorsque je ne fuyais pas le monde, j’ai vécu mon simulacre de Vie comme un scientifique de l’Existence.

Le genre de scientifique un peu fou qui est son propre cobaye. Il teste toutes les approches possibles, soigne les archives de ses études empiriques et adapte ses méthodes…
J’ai remis en question mon Monde et le votre, notre Univers tout entier, moi-même inclue, et souvent. J’ai exploré le champ des possibles et cherché des indices, pour tenter d’y voir plus clair dans mon sentiment de décalage entre le ‘vrai’ Monde et moi, dans cette sensation de ‘désappartenance’, et de distance d’avec le Réel et ses codes. Afin de créer un pont entre nous, ou à défaut, un camouflage parfait..

J’ai tant appris par cœur. Autant que je pouvais emmagasiner dans ma petite tête, et bien plus que je ne me serais jamais crue capable d’enregistrer, mais une vie ne suffirait pas à tout intégrer…  Le valable, le non valable, et aux yeux de qui. Le « Bien », et le « Mal ». Les émotions, et leurs expressions. Les sens cachés, et les degrés. Les mots, et les sourires, les regards, et les gestes. Les tenues, et les attitudes. Les priorités, les attentes aussi… La liste est longue, et tout reste relatif.

Au final, j’ai bien compris que tout n’était pas binaire, « oui/non », « ok/pas ok ». J’ai appris les nuances, la multitude de couleurs. J’ai appris à aimer cet arc-en-ciel de teintes et demi-teintes qui rendent le Monde plus riche encore, même s’il nous le complique au passage, et que chacun perçoit à travers ses propres filtres. J’ai accepté qu’un même mot peut avoir plusieurs sens, et que ce que l’on dit (comme ce qui en est compris) n’est pas forcément ce que l’on souhaitait exprimer. J’ai pris énormément de recul sur beaucoup de choses.
Mais c’est tout. Je ne me sens pas moins « hors contexte » qu’avant, et pas plus à l’aise. C’en est désespérant.

Alors le plus souvent, je reste seule dans mon coin. Il est toujours plus commode de choisir la facilité.

Seule tout est plus simple. Je me laisse être car je n’ai à me soucier de rien ni de personne. Pas moyen que je blesse ou dérange, et donc pas besoin de faire attention à ce que je dis, fais, ou suis. « Faire » et « Être » vont ensemble ici. Tout y est vrai. Pas de « Bien » ou de « Mal » puisque je n’agis ni « pour » ni « contre ». Pas de prix à payer pour être soi, pour être différent. Pas de honte à avoir de mes « excès d’émotions » provoqués par « trois fois rien »…
Dans mon monde, je suis intégrée sans avoir à renier des parties de moi, ou à réfléchir à des milliers de paramètres aléatoires à prendre en compte…
Dans le vrai Monde…. je ne veux pas faire de vague, mais je ne veux pas non plus me perdre ou me noyer… Comment faire, quand je ne peux être « moi » sans y réfléchir que lorsque je suis dans ma bulle ?? J’essaie de m’aider de mes retours d’expériences : j’analyse la situation autant que possible avant de m’y impliquer. Histoire de savoir où je mets le pied…

On m’a souvent dit « arrête de chercher à comprendre. ». Mais c’est impossible pour moi. En dehors de mon monde, j’ai besoin d’éléments pour me guider.

Je sais que chaque personne est unique, qu’il n’est pas obligatoire de comprendre pour accepter un Être avec ses particularités, et ça, ça me plaît. Seulement cela ne marche que pour l’ « être ».
Parce que pour ce qui est de  « Faire » les choses, comme mes théorèmes de Mathématiques, je ne vois pas de raison d’appliquer quoi que ce soit sans avoir d’abord compris « comment » et « pourquoi »…
Alors je cherche ou je demande les explications dont j’ai besoin, parce que oui, j’ai besoin qu’on m’explique un peu toujours tout, et c’est vrai, parfois il faut m’expliquer plusieurs fois – pour diverses raisons –, et de différentes façons (J’ai toujours été un peu longue à la détente, bien malgré moi je vous assure). C’est nécessaire pour que je puisse m’adapter, puisqu’on me demande plus souvent de « faire » ceci ou cela que d’ « être » moi-même.

La plupart des gens l’ont oublié, il ne s’en rendent même pas compte…  mais ils ne se voient plus les uns les autres. Ils ont des idées qu’ils se projettent et auxquelles ils s’attendent à ce que l’on se conforme pour ne pas être obligés d’ajuster l’image et le son. Parfois, j’ai l’impression que le monde entier « regarde la télévision ». Moi je préfère regarder par la fenêtre… Ce n’est pas encore tout à fait la Rencontre, mais au moins, c’est une ouverture vers son possible.

Depuis ma fenêtre, chaque jour je fais les tentatives que je peux avec le courage dont je dispose pour cette tâche ardue. Chaque jour j’annote mes archives mentales et je mets à jour ma base de données : j’ajuste ma configuration. Chaque jour, je suis lasse et fatiguée, parce que sortir de ma Bulle constitue une dépense d’énergie quotidienne immense, et que cela m’épuise, parfois bien au-delà des mots. Au point que souvent, si j’ai trop forcé ou que je me suis laissée dépasser, en plus de ressentir une détresse morale, les répercussions sont physiques. Chaque jour, j’ai cette sensation que je vais finir par laisser tomber…

Pourtant, je continue, car au fil du temps, il y a quand même eu de petits et grands « Miracles » qui en valaient la peine, et aussi parce que
je suis « la Pessimiste la plus optimiste du monde », que je suis têtue, et que j’ai encore envie d’y croire.

Y croire. Je sais que j’ai souvent ce petit côté un peu ‘naïf’ pour les choses de « la Vie », mais je m’y accroche quand même, parce qu’il fait partie de moi, et que sans lui je n’en serai pas là. C’est cet incorrigible Espoir qui a maintenu une ouverture au Monde réel possible. C’est lui qui m’a permis de rencontrer toutes ces personnes merveilleuses qui sont des étoiles dans mon Ciel (et pour qui j’espère en être une dans le leur).
Ces personnes vers qui, la plupart du temps je n’ai pas fait le moindre « premier  pas » conscient, et qui m’ont aidée à parcourir la route vers la Rencontre, afin que l’on s’apprivoise…  sans que je comprenne pourquoi ou comment, car je n’avais rien à « faire » pour cela, je n’ai eu qu’à laisser « être » le lien qui se tissait de lui-même… dans un respect mutuel.

Ces personnes à qui je n’exprimerais jamais suffisamment ma Reconnaissance, parce que je ne sais pas le faire, ni le dire, même si mon cœur en déborde. Je ne peux que l’écrire.. J’espère qu’elles savent à quel point elles sont importantes à mes yeux, et à ma vie.
Ce sont elles qui atténuent un peu mon sentiment de ne pas appartenir à ce monde, ni même à cette humanité dans laquelle, bien souvent, je ne me reconnais pas. Elles aussi qui m’ancrent dans le réel et donnent de la consistance à mon Existence diaphane. Elles enfin qui ont permis d’adoucir la Douleur qui découlait de cette discordance.

Car, au fond aujourd’hui, je ne suis pas « malheureuse ». Déçue de ne pas être plus régulièrement comprise ou acceptée, certes, désorientée de ne pas comprendre pourquoi, et très Triste parfois de l’image déformée que l’Autre se fait de moi. Oui, je pleure souvent car je suis peinée de tout ça, mais pas de me sentir différente, plus maintenant en tout cas.
Et à vrai dire, à part lors des « crises », je crois que j’en ai même toujours été presque un peu fière, inconsciemment. Je n’ai jamais voulu changer ça. M’intégrer oui, mais modifier ce qui, à moi, me semblait tellement plus ‘normal’… non.

Je ne suis pas la plus mal lotie. Au final, je ne m’en suis pas si mal sortie.

Et puis j’ai quand même de la Chance. . . Je passe le plus clair de mon temps avec moi-même ou avec mon Prince, et là les choses coulent globalement de source, cela me suffit généralement à aller bien. Notre demeure est mon havre de Paix, notre intimité est ma digue salvatrice sur laquelle ma détresse n’est plus qu’une vague passagère qui va et qui vient. Sans compter mes Amitiés, amarres toujours fidèles, et n’ayant pas peur des mots que l’on pose en couleur, sur papier ou dans le coin d’un ordinateur.

Ce défaut, cette difficulté à communiquer surtout à l’oral, cela reste gênant, pesant, et fatigant (tellement fatiguant !)… mais c’est tout. Enfin, « presque » tout….

Plus le temps passe, plus j’ai comme un sentiment d’urgence qui me tiraille, par moment, qui me hurle de le comprendre… Je ressens le besoin d’expliquer ce décalage. Difficile de laisser pareil mystère sans explications, surtout quand on se l’entend reprocher continuellement.

Je cherche peut-être seulement une justification à mes quasi-inaptitudes sociales et à mes bizarreries, ou à me rassurer sur ma santé mentale. Peut-être. Peut-être pas. Pour moi c’est plus que ça. Beaucoup plus.

Il me manque un morceau. Un vide que je comble par un mot qui me ressemble. Mais que je ne peux toujours pas définir.

Parfois, je voudrais savoir, poser des mots, les vrais mots (s’ils existent), sur cette dissonance dénuée de raison apparente. Pour ne plus me débattre dans le flou. Pour me sentir juste « Moi », et plus seulement « Différente ».

Au coeur du Silence

By | Blabla / News, Dessins, Réflexions | No Comments

Quand pour moi, « Le Silence est d’Or »…

Depuis toujours, j’ai ce goût prononcé pour les lieux tranquilles, à l’écart, silencieux…  et déserts. Ces lieux, réels ou imaginaires, ont construit mon Univers, façonné mon être.
Sans doute, ma maladresse et ma pudeur dans mes relations avec autrui viennent-elles de là. Je n’ai pas appris ce qu’il fallait, ou je ne l’ai pas intégré.. Pourtant je me souviens avoir essayé, ardemment, longtemps.. en vain.

Comme tout le monde, j’ai connu des moments dans la Vie où tout silence devenait insoutenable, oppressant… Ces moments sont bien rares pour moi, car bien souvent, le « Silence » est sans prix à mes yeux.
Il n’a pas besoin d’être absolu. Le vent, la pluie, les vagues, les chants d’oiseaux … tous ces bruissements légers sont autant de mélodies naturelles qui apaisent le cœur et l’esprit.
Loin des rumeurs de la ville et des êtres humains, qui ne s’est jamais arrêté un instant, les yeux fermés, pour respirer profondément en savourant le silence alentour, le calme ? Il est parfois un besoin au même titre que Respirer, Aimer, Manger, Dormir…

J’admets que chez moi, ce « Silence » – sous ses nombreuses facettes – a une grande place, bien plus grande… Une place souvent incomprise et/ou mal acceptée. Mais comment expliquer ?

Ce n’est pas pour rien que je préfère le courrier ou les emails. Je ne sais pas manier les mots à l’oral, je n’ai jamais su. Ils font bien trop de bruit qui saturent le flot des pensées. Je les préfère dans une forme de silence qui leur laisse toute la place : à l’écrit, les mots qu’on a eu le temps de choisir coulent sereins vers les yeux qui veulent bien les accueillir. On peut y revenir pour vérifier qu’ils sont bien là, et prendre le temps d’apprivoiser leur message.

Et pour ce qui ne saurait s’exprimer ..? Il existe tant de choses pour lesquels nous n’avons pas réellement de mots. Un simple geste peut supplanter toutes les paroles du monde. Un seul regard peut contenir une éternité d’émotions, un sourire une infinité de sens. Y mettre des mots sur l’instant, c’est déjà les dénaturer.
Il devient alors plus simple pour la personne en face de se tromper lorsqu’elle va l’interpréter, car les mots que l’on prononce se voient toujours attribuer le sens qu’on veut bien leur donner. Et les maladresses de vocabulaire, ou les formulations malheureuses, ne sont pas aisément ‘pardonnées’. Il est si simple de se déchirer pour des mots là où un regard aurait suffi sans engendrer de conflit.

Ces mots me font peur parfois.

Je n’ai pas les bons outils, je n’ai pas les ‘codes’. Je n’ai pas souvent l’énergie, et je n’ai même plus l’envie. C’est trop compliqué pour moi, et souvent trop loin de la façon dont je fonctionne au naturel.
Je n’ai pas envie d’être « quelqu’un d’autre » que moi. Juste moi, avec défauts et mes qualités, mon passé et mes rêves d’avenir. Je n’attends pas qu’on les comprenne, seulement qu’on les accepte comme faisant partie de moi, sans chercher à les changer, à me changer.
Je n’ai pas envie de sourire quand mon cœur pleure, de devoir justifier pourquoi il pleure, ou de m’entendre dire que je ne dois pas pleurer, et de voir ma douleur / mes émotions minimisée(s) ou niée(s), quelles que soient les intentions de l’autre.
Je  ne veux plus répondre aux questions dont la réponse ne regarde que moi, et devoir ‘payer’ le droit à mon intimité en acceptant docilement la mauvaise humeur de l’autre face à mon refus pourtant légitime.
Si l’on m’exprime une préférence, je tâche de la prendre en compte, et j’attends la même chose en retour. Mais je ne souhaite pas que l’autre se force pour se conformer à ce qu’il *pense* que je peux attendre de lui, car je n’ai pas l’intention de devancer ses désirs, de m’oublier pour lui faire plaisir, ou de me forcer à quoi que ce soit quand je ne me sens pas de le faire.
Le ‘bruit’, les incompréhensions, le ‘jeu’ du relationnel, tout cela m’épuise. J’ai besoin d’un droit au silence sans que nous soyons mal à l’aise mon interlocuteur ou moi, et j’ai besoin, même avec les êtres les plus proches de moi, de distance au bout d’un moment, pour plus ou moins longtemps, pour me recentrer sur moi et du calme. J’ai besoin parfois d’attendre qu’une personne me manque pour souhaiter la revoir. J’ai besoin parfois, d’être dans un océan de silence pour me retrouver face à moi-même… C’est si récent pour moi, ce « moi-même » que je ne connaissais pas bien, et que j’ai lentement découvert dans un silence sous forme de solitude, là où j’avais un peu de place. J’ai besoin de m’évader de tout dès que je me perds.

Seulement ces périodes d’évasion peuvent être longues, très longues. Je peux facilement passer un mois complet sans voir personne – à l’exception bien sûr de mon Prince, seul être humain au monde à m’avoir toujours donné la sensation qu’il faisait partie de moi, et moi de lui.

Cette « solitude » m’est familière, connue, et bien souvent très agréable. Elle est ma compagne de toujours, avec elle je suis chez moi, je m’y ressource. Avec elle, je ne suis pas perdue, mal jugée, malmenée. Elle ne présume jamais rien de mes silences, ne spécule pas sur mes mots. Elle ne me prête pas ses émotions, ne me confond pas avec mon reflet dans l’eau de son regard. Elle n’attend rien que je ne puisse donner.

J’ai conscience qu’il y a une part de fuite là dedans, et surtout je sais l’image que cela renvoie. J’ai lutté contre elle pendant des années, sans jamais qu’elle ne bouge, ou jamais dans le bon sens. Je me suis détruite à vivre pour les autres, à vouloir prouver que je n’étais pas cette statue de marbre, froide, ne sachant pas aimer, qui se fiche de tout, qui ne tente rien …
Oui je sais cette image, je la connais par cœur. Aujourd’hui encore, je la vois dans leurs regards, je l’entends dans leurs reproches …et elle paralyse régulièrement ma vie.

Aujourd’hui, je fais un pas de plus pour l’accepter. Je décide d’agir « avec » elle, et non plus « contre » elle. Je fais des efforts quand je le peux, comme je le peux et s’il me faut passer pour la méchante le reste du temps, alors soit.

Aujourd’hui, je vis pour moi, autant que je le peux. Cela ne veut pas dire que j’oublie les autres, non. Seulement que je ne m’oublie plus « Moi » au passage. Je me donne la priorité lorsque je suis cette priorité, car personne d’autre ne le fera à ma place, et que je n’ai que ma vie à vivre. Je suis Moi, ni plus, ni moins.
Je commence à savoir ce que je suis réellement et pourquoi mon Prince m’a choisie. Nombre de mes amis le savent aussi, et sont toujours là. Certaines personnes de ma famille aussi, sûrement. J’éprouve beaucoup de gratitude pour leur bienveillance. Eux le savent : j’Aime. Énormément, et sans fard, mais à ma façon, et je le montre dans la limite de mes aptitudes qui ne s’éveillent (un peu au moins) que dans la liberté d’être pauvres au départ. Dans le respect du Silence qui vaut de l’or ;

 

Doute

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Récemment, j’ai mis en dessin une image qui me trottait dans la tête depuis quelques temps. Le résultat n’est pas exactement ce que je visualisais à l’origine, mais l’idée est là. Je vais partager cette gribouille avec un mot autour de ça, parce que j’en ai envie.
J’ai intitulé ce dessin « Doute », car c’est ce que j’ai voulu représenter. Plus précisément, la forme ‘douloureuse’ du Doute, car ce dernier ne l’est pas systématiquement.

Le Doute en lui-même est souvent sain, salvateur même. Il est bon de douter de temps en temps. Et il est normal et souhaitable de remettre en question le monde et soi-même pour pouvoir évoluer . . .
Mais il existe une forme où le Doute s’insinue sournoisement en nous à force de questions et où il prend de plus en plus de place – trop de place -, perdant de son intérêt premier, et pouvant aller jusqu’à nous paralyser. Et ce Doute là est juste invivable.

C’est par exemple cette petite voix intérieure qui nous souffle insidieusement que nous ne sommes pas ou plus capables, pas légitime, que nous allons au devant d’un échec, qu’il vaut mieux ne même pas tenter, que ce n’est pas pour nous… Il sape notre confiance et fait obstacle à nos projets, nos relations… à notre vie tout simplement.
C’est aussi cet enchaînement sans fin de questions sans réponses qui bloque toute certitude, et qui nous interdit de nous projeter, nous embourbant dans un présent où nous ne sommes pas à l’aise.
C’est tellement de choses… il a tellement de visages, change si souvent de forme pour ne pas se montrer tel qu’il est et nous empêcher de le regarder en face.

Il est ce lent tourbillon qui met nos pensées en vrac, nous empêchant de réfléchir, d’avancer. Il est comme une vague obstinée qui revient sans cesse lécher les mêmes plaies, érodant tout sur son passage. Il est cette cruelle absence de faits tangibles auxquels se raccrocher ou dont il balaie les fondations sans vergogne, nous étouffant dans notre besoin non comblé de certitudes, d’une base solide. Il est le fantôme de la conscience qui hante nos moindres décisions, et ce néant glacé qui anesthésie nos gestes et notre volonté…

Ce doute, j’ai toujours dû lutter contre, avec force, dans tous les aspects de ma vie. J’ai donc eu envie de mettre « un visage », ou en tout cas une image, sur cet ennemi redoutable, d’où ma gribouille. C’est ma vision personnelle de ce fléau.

Heureusement, j’ai un « mémo » qui m’aide quand je traverse une période où le Doute se manifeste trop… Lorsque ce Doute s’empare de moi pour me ronger, je m’accroche au fait qu’il n’est que lui-même: le Doute n’est pas Certitude. De fait, soit il s’écroule quand vient la Certitude (et je la guette si je ne peux carrément partir à sa recherche), soit il ne peut totalement cacher l’étincelle d’espoir qui scintille, aussi loin soit-elle…
Alors dès que je peux, dès que je le sens, «dans le Doute », je tente, et j’avance.

Et vous ? Comment combattez vous le doute ?

 

À très bientôt avec des photos « à l’arrache ».
Belle journée et bonne semaine à tous.