Journal – Irréel et compliqué

By | Blabla / News | 2 Comments

Je suis toujours là.

Pour des raisons personnelles, je me suis retrouvée avec très peu de temps et d’énergie pour tenir le blog, dessiner, ou même streamer;…  J’ai bien envie, là que je peux enfin me poser un peu, de profiter d’un répit pour faire un petit résumé de ce qu’il s’est passé.

J’ai écris je ne sais combien de textes sur ce que je traversais, pour tous les supprimer, les uns après les autres… je n’arrivais pas à en parler. Finalement, c’est à la veille d’une opération (encore incertaine à ce moment là) que je me suis débloquée…

Cette opération, c’était un risque pour moi de perdre les deux enfants que je porte actuellement. Un risque pour mon conjoint et moi de voir s’envoler une nouvelle fois nos projets… Dès qu’on nous a prévenu que l’opération « risquait » d’être inévitable, on a prévenu nos très proches de ce qu’il se passait. On s’est dépêchés de faire une vraie place à nos deux bébés avant que tout ne tourne éventuellement au cauchemar… les cauchemars, on connaît..

On était déjà un peu au bout du rouleau. Moi surtout. Dès le début de la grossesse, celle-ci a été un fardeau. D’entrée de jeu, il a fallu digérer, les unes après les autres, les nouvelles un peu assommantes…

Pour moi le premier choc a été d’apprendre que j’étais enceinte. J’avais toutes les raisons de m’en douter, mais curieusement là, je n’y croyais juste plus.
Je venais peu ou proue de finir mon deuil de ce projet là. Dessiner un nouvel avenir m’avait demandé beaucoup de force. Aimer de nouveaux projets, me préparer à m’y investir à fond, ça m’avait pris du temps, de l’énergie… J’avais commencé, mais je n’étais pas dans le meilleur état pour commencer. Et de nouveau tout basculait mais dans l’autre sens… je n’ai pas compris de suite ce qui m’arrivait.
Rapidement, j’ai ravivé mon petit rêve de fonder une famille avec mon compagnon. Je ne serais probablement pas la meilleure maman du monde, mais j’étais prête à tout pour faire de mon mieux pour m’occuper de mon enfant… Je n’ai pas pensé un seul instant qu’il pourrait y en avoir deux. La nouvelle est tombée comme « un parpaing sur la tartelette aux fraises de mes illusions » comme dirait ce cher Boulet.
Deux bébés… Deux fois plus de frais pour leur arrivée. Deux fois plus d’attention à donner. Deux fois plus de couches à changer. De possibles réveils au milieu de la nuit. De pleurs à essuyer, de colères à apaiser, de mains à guider, d’esprits à apprivoiser.. Et toujours seulement moi pour y faire face la journée, avec seulement deux yeux, deux bras, et ma maladresse quasi légendaire… j’ai paniqué. J’ai pleuré. J’avais toujours dit que « un », c’était ma limite, que je ne voulais pas qu’il y en ait deux, jamais…
Et puis deux, c’était rentrer d’office dans une grossesse plus à risque qu’une simple, sans compter que la division tardive de l’embryon pouvait donner lieu à des malformations qu’il allait falloir surveiller plusieurs mois durant…. une épée de Damoclès de plus au dessus de la tête, alors que de base, on en avait déjà tant…

Le rendez vous d’après, on apprenait que le placenta s’était logé sur le col, et sans ménagement on m’affirmait que je n’aurais pas le choix : ce serait une césarienne ou rien. Si « tout se passe bien » jusque là, bien sûr… C’est étrange, mais à ce moment là, l’idée de la césarienne m’a anéantie aussi. Je n’en voulais pas. Je n’avais jamais envisagé ça, et je me retrouvais sans aucun choix… On m’a aussi soudain déconseillée voire interdit beaucoup de mouvements, d’activités, etc… Trop risqués. C’est d’ailleurs pour cela que j’avais déjà saigné, c’est rarement bon signe… Explosion du level de stress, chute drastique du moral.

Par dessus le marché, mon corps, déjà épuisé avant la grossesse, s’était effondré.
J’ai toujours été plus ou moins anémiée, en proie à des chutes de tensions, des vertiges, etc. mais jamais à ce point. La fatigue s’est étroitement liée à des nausées, saupoudrées de douleurs. De multiples « petits maux » de grossesse sont apparus. Pris séparément, j’aurais sûrement fait avec. Tous ensemble, j’ai eu du mal à gérer. Difficulté à respirer, perte d’équilibre, vertiges, nez qui saigne sans arrêt, seins sensibles et douloureux etc.. et pas le droit de sortir marcher pour respirer… mais je tenais encore.
Les douleurs se sont vite faites plus présentes. La fatigue plus lourde encore. Les nuits devenaient infernales. Manger avec les nausées était compliqué, et le peu que j’arrivais à ingurgiter, mon estomac galérait à le digérer, me rendant malade. Il a fallu un bon moment avant qu’on ne me donne finalement des comprimés pour annuler les nausées, diminuer les remontées acides, tenter de contrebalancer ma carence en fer, etc… du temps pendant lequel mon moral n’a fait que chuter, sur fond de monde covidé..

Puis il y a eu une brève accalmie pendant les fêtes. On passait les étapes les unes après les autres. Le risque lié au rhésus ? écarté. La trisomie 21 ? écartée. Les malformations ? Toujours aucune constatée. Le placenta ? Il se déplaçait. Etc… On montait les marches comme on monte un escalier, et l’espoir grandissait. On a commencé à se projeter, envisager les annonces, les prénoms… Apprendre le genre de nos bébés nous a donné un coup de boost, et je me sentais prête à endurer encore s’il le fallait…

Mais le rendez vous d’après, ça s’est gâté. Un problème est apparu, « à surveiller » comme le lait sur le feu : un syndrome transfuseur/transfusé.
On a été bien informés sur les risques, les solutions… Il y avait une infime chance que ça se résorbe tout seul, mais le plus vraisemblable était que ça allait continuer, auquel cas il faudrait agir. Pas trop tôt, pas trop tard, car l’intervention est généralement suivie d’une naissance précoce un à deux mois après, hors avant 23 SA, les chances de survie des bébés sont quasi nulles.
Ne rien faire c’était assurément perdre les deux bébés, mais « faire », c’était possiblement en perdre un, ou les deux quand même… mais aussi leur donner une chance à tous les deux, la seule possible… si dernière il n’y avait pas de séquelles, cardiaques ou cérébrales… si la poche tenait bon, si le syndrome ne revenait pas. Si, si, si … beaucoup de « si ».
Il a fallu envisager toutes les options, entendre les possibilités les plus affreuses, se projeter avec deux très grands prématurés, à supposer qu’ils résistent, ou avec un seul enfant vivant, et l’autre pas, mais dont il faudrait accoucher quand même en même temps…
Il a fallu « attendre et voir » ce qui se passait… voir les choses se détériorer, sentir l’espoir chaque fois être un peu plus rogné.
Pendant ce temps, la douleur ne faisait que monter. Marcher, même d’une pièce à l’autre était devenu presque une torture. Même au repos complet, je souffrais, au point de pleurer la nuit, car ça ne s’arrêtait jamais.
J’ai senti ma volonté presque se briser quand on m’a clairement dit « ce n’est pas une question de volonté madame. Si votre corps ne tient pas, on n’aura pas le choix« … C’est affreux de se sentir abandonnée, trahie par son propre corps. Je l’avais déjà ressenti à moindre échelle, mais ça n’avait jamais impliqué que mon corps puisse risquer les vies que je portais… et pourtant il fallait continuer à faire équipe avec ce corps qui se rapprochait du point de rupture malgré moi.. Nous étions quatre à souffrir. Mon conjoint, mes bébés, et moi. Et la volonté d’endurer ne suffirait pas.

On a renoncé aux jolies annonces. On a stoppé toute projection. « Attendre et voir ». Encore et toujours. Corps et esprits sur la brèche, tous les deux, car Lui me soutenait déjà depuis des mois et me voyait souffrir, impuissant, et moi effondrée complètement n’arrivant plus à y croire… Je crois qu’on avait limite commencé à se préparer à vivre un nouveau deuil…
S’obliger à y croire. Mais sur fond de campagne électorale aberrante dans mon pays. Lutter contre les pensées noires, les pensées de haine envers ces gens qui cherchent toujours sur qui taper, en oubliant ce qui devrait les rassembler… Écœurée… Il reste une chance que tout se passe bien, aussi infime soit elle, mais quel avenir pour mes bébés ? Ne pas y penser…

Mon hémoglobine qui continue à chuter. Première perfusion de fer. L’impression que ma tête peine à motiver mon corps à lutter. Culpabilité… S’obliger à respirer. Continuer, malgré tout, à espérer. Prévoir le bon comme le mauvais… C’est là qu’on a annoncé – pas comme on l’aurait rêvé – ma grossesse à la famille..

Tout s’est accéléré. À peine a t on prévenu nos proches de ce qu’on vivait que la situation s’est dégradée au point de ne plus pouvoir être ignorée. Il a fallu opérer. Il ne s’est pas écoulée 24h entre l’échographie qui l’a révélée et l’opération. On n’a pas eu le temps de trop y réfléchir. Lui m’a accompagnée à l’hôpital. Je revois encore son regard dans le mien, aussi proche que moi de pleurer. Pas le choix : s’accrocher, tenter, espérer…
Sans sa main dans la mienne, combien de fois aurais-je renoncé ?

L’opération a réservé quelques surprises au personnel soignant. Les bébés sont très liés : leurs cordons ont des connexions impossibles à couper à la racine. Ils ont fait de leur mieux, cautérisé ce qu’ils pouvaient, drainer l’excédent de liquide qui nous blessait tous les trois, sans pouvoir garantir que cela suffirait. Moi, j’ai passé un moment absolument horrible. Du liquide amniotique s’est échappé et s’est répandu dans mon corps. J’ai fait connaissance avec des douleurs encore inconnues qui ont dépassé tout ce que j’ai pu vivre auparavant, posées sur la montagne d’angoisse qu’on ait subi tout ça pour rien, que tout s’arrête quand même du jour au lendemain… Heureusement, Lui a été formidable de soutien…
Au passage, j’ai eu droit à deux poches de fer en plus, toujours pour contrer mon anémie sanguine. Je dois faire un contrôle prochainement. Si j’en crois mon énergie et mes vertiges, le « mieux » ne devrait pas être vertigineux… mais on verra.
Par contre, niveau échos & compagnie, le suivi les temps suivants a montré une amélioration presque miraculeuse : en un weekend, les bébés reprenaient une activité normale (récupération de vessie notamment..), les dysfonctionnements se sont équilibrés en une semaine et demi (notamment les poches qui faisaient la même taille), et en quinze jours – trois semaines, ils se développaient normalement : comme si rien ne s’était jamais passé. Pas de signes avant coureur de lésions jusque là. Un suivi restait nécessaire, par prudence surtout, mais c’était inespéré… une bouffée d’air frais sur nos espoirs malmenés.

Hélas après quelques jours de répit avec des douleurs légères, elles sont revenues. Supportables, mais parfois encore bien fortes. Mon bassin s’est écarté, m’empêchant encore davantage de marcher. Les douleurs qui étaient principalement dans le bas ventre et les côtes se sont généralisées, se sont fait plus fortes dans le dos, les hanches, etc. Là, je commence juste à ravoir des demis journées tranquilles, quand je ne fais pas que « dormir ».
Je suis tellement KO, mes journées font de 4 à 8h, le reste du temps je ne peux juste RIEN faire. Le moindre effort me fait mal, et ma capacité de concentration frôle le niveau 0. Je suis comateuse la plupart du temps, et c’est déprimant, parce que moi je ne m’ennuie jamais, et j’aurais des milliers de choses que j’aimerais faire ! Et jusqu’ici sur les périodes « réveillée », mon emploi du temps n’a jamais été totalement à moi : il y avait beaucoup trop de rdvs à gérer. On a été baladés sur plusieurs hôpitaux, on a vu X médecins différents, on a fait x prise de sang et échographies. Bien sûr qu’on est rassurés d’être bien suivis, mais c’est loin d’être une partie de plaisir pour autant… et ça aussi, c’est épuisant. Cela devrait enfin se calmer sous peu. À moins que le suivi à domicile ne prenne la relève : on ne sait pas encore de quoi il retourne exactement..

Comme je suis KO, je dis « dormir » pour ne faire suer personne, mais je devrais peut être offrir le détail de temps en temps, histoire de calmer les gens, car il y a autre chose de lassant.
Tout le monde (amis, famille, médecins, personne random) s’amuse à me dire « Profites-en, dors bien, après tu ne pourras plus !« . Bon sang, ce que j’en ai ras le bol de cette vanne de merde que la Terre entière s’amuse à faire à chaque fois...  mais je ne peux rien dire.
Qui a envie d’entendre : je suis fatiguée à un point non descriptible tout le temps. Je me recouche par incapacité à juste garder les yeux ouverts et parce que même assise j’ai mal au bout d’un moment, seule la position allongée me soulage à peu près (et encore trop souvent, j’y ajoute la bouillotte et les cachets). Je ne dors qu’à moitié, par lot de deux à quatre heures. Je suis réveillée à chaque fois, que ce soit parce que soudain je n’arrive plus à respirer, que j’ai mal et besoin de reprendre un cachet, parce que soudain j’ai la gorge sèche et en feu et que je dois absolument boire, parce que j’ai fait un horrible cauchemar sur ce qui s’est passé, parce que j’ai besoin d’aller uriner… C’est une valse de désagréments tous très glamour qui font que je ne suis jamais réellement reposée. Alors non ; je ne pense pas que – pour moi – ça soit bien plus éreintant « après », même avec deux bébés. On sera deux aussi, à les bercer, les rassurer, les aimer, à les nourrir la nuit tombée… Là je suis seule à gérer mes maux (et tant mieux ! Que mon amoureux soit préservé autant que faire se peut !). Non je ne me repose pas là. Je douille, moralement et physiquement, et je n’ai plus la place pour de l’humour sur le sujet. J’endure et je me tais pour ne pas devenir un boulet (je me sens comme tel même sans ça déjà). Et j’essaie de le faire sans hurler et pleurer de rage, d’impuissance, de lassitude, et j’en passe. Parce que j’ai toujours gardé pour moi autant que possible ce qui met mal à l’aise les gens, ou ce qui risque de me valoir leur jugements imbéciles dont je me passe bien..

Ma lassitude n’est plus dicible. Après des mois à avoir mal, à angoisser, et à ne pas pouvoir récupérer la nuit, c’est devenu difficile de supporter la douleur et tout le reste. Même malgré les bonnes nouvelles. Celles-ci me font tenir, mais n’empêchent pas que je vive mal le côté handicapant de cette grossesse que je n’ai encore pas pu réellement vivre. J’essaie que ça change, de modifier ma perception des choses, mais même la meilleure volonté du monde ne fait pas tout.

J’envie toutes ces femmes radieuses, qui s’apprêtent joliment, exhibant leur ventre rond, marchant d’un pas léger et fier… je voudrais être comme elles, mais cela ne m’est pas possible. Ce n’est pas que je ne veuille pas : je ne PEUX pas, je ne suis pas en état…
Je n’ai pas « l’aura » des femmes enceintes. Moi, pour ne citer que l’essentiel : j’ai des cernes sous les yeux, de l’acné partout sur le visage, les cheveux qui graissent vitesse grand V, le corps qui tremble et s’effondre en 2 minutes, et la démarche d’un canard boiteux quand je m’efforce de marcher en limitant autant que possible les douleurs qui m’assaillent… ça fait mélodramatique, mais c’est vrai.. si j’apprécie de porter mes bébés et que j’arrive à sentir la joie à l’idée de les tenir un jour dans mes bras, cela n’efface en rien ce fait (ridiculement) trop tabou que je sais n’être pas la seule à vivre : je déteste être enceinte. Cette grossesse m’aura volé des mois de vies que je ne récupèrerai jamais, et la seule chose qui atténue ça, c’est de le voir comme un investissement, un prix à payer pour avoir une famille que je tenterai de construire selon mon coeur. Je ne serais jamais une femme enceinte radieuse. Point.

Et puis, je me mettrai en valeur avec quoi ? Vous avez vu le prix des vêtements de grossesse ? Il reste deux mois à tenir… je ne vais pas acheter des habits coûteux pour si peu de temps… Je n’ai pas osé avant : cela m’aurait fait trop mal de m’acheter de jolies choses exprès, et d’ensuite les regarder, inutiles traces d’un espoir écrasé, si ça avait mal tourné… Pour ma défense, je ne l’ai jamais dit clairement ici, mais j’ai déjà perdu deux bébés dans le passé. Cette douleur je la connais trop bien, je ne l’oublierai jamais. J’ai limité tout ce qui aurait pu m’achever si elle m’avait été ré-infligée..
Je n’ai acheté que le strict nécessaire : juste assez de culottes/soutifs confortables pour tourner, 2 pantalons, et deux ceintures sensées m’aider avec mes douleurs (et à l’efficacité très mitigées). Le reste, c’est ce que j’avais sous la main et qui passait : t-shirt trop grand ou distendus, vestes de toujours qui ne ferment plus, etc…. je suis loin d’avoir la classe… heureusement mon adorable conjoint me dit quand même régulièrement que je suis belle, sinon j’aurais ajouté à tout le reste le désespoir de me sentir hideuse… C’est déjà très culpabilisant de se sentir comme ça quand l’univers tout entier s’attend à vous voir rayonner… Ce sera, je pense, un regret à porter..

Si cela c’était mieux passé, j’aurais rêvé d’avoir au moins une jolie tenue à exhiber… peut être même un élément de lingerie joli, pour me sentir un peu « sexy » même avec le gros ventre… j’aurais aimé prendre soin de moi, m’apprêter, pouvoir aller marcher, toute pouponnée… J’aurais même pris un de ces t-shirts trop classique indiquant clairement que j’attendais un heureux évènement : le genre de t-shirt qu’on n’a plus vraiment de raison de mettre une fois qu’on a accouché..
Du superflu agréable, mais du superflu quand même, surtout quand on pense à tout ce qu’il va falloir acheter ensuite, pour pas mal de chose en double. Rien que le prix d’une poussette… enfin bref. Tant pis, c’est ainsi. Je crois qu’il faut que j’accepte que, de toute façon, absolument rien dans ce projet ne sera passé comme imaginé. On aura déjà de la chance si tout finit bien et qu’on s’en sort à la fin avec deux petits êtres tout fragiles dont il faudra prendre soin..

D’ici là, il reste quelques examens à passer. Heureusement, les médecins sont confiants. On recommence à se projeter… et moi un peu à paniquer..
On se rend compte qu’il reste à peine deux mois pour tout préparer. Choisir des meubles, des sièges auto, prévoir le minimum syndical pour les nourrir et les habiller, etc… comment arranger la maison ? À quel moment Lui doit il poser ses congés ?? C’est quoi les démarches administratives à prévoir ? On est sur deux hôpitaux car personne ne sait lequel va nous accueillir vu qu’on ignore à quel moment les bébés vont arriver. Etc.
C’est une organisation que je trouve au final assez colossale parce qu’on y connaît rien. On a pas pris le temps de « voir venir ». On a pas discuté de ça avec qui que ce soit, ni même entre nous. On s’est focalisé sur les problèmes urgents et ce qu’on vivait. On ne se sentait juste pas de raconter ce qui se passait, et on avait trop peur pour plus s’investir dans tout ça… là je me sens dépassée, il y a tant à penser ! J’essaie de surtout penser matériel, et pas trop à l’accouchement. Avec tout notre passif, cela m’effraie, je ne sais plus quoi penser..

J’imagine qu’au fil des jours, si la douleur veut bien rester un peu tranquille, si la fatigue accepte de s’estomper même un tout petit peu, j’y verrais plus clair. J’imagine qu’à force de se projeter, on va retrouver une joie sans tâche à l’idée de l’arrivée de nos bébés. En attendant, ça reste quand même globalement très irréel et compliqué….
mais on finira bien par se débrouiller et y arriver.

Je dépose ça ici

By | Blabla / News, Dessins, Poésie / Texte, Réflexions | 3 Comments

Je me demande combien de fois au cours de ma vie, j’ai pu me rabâcher ou m’entendre reprocher que j’étais « différente », « anormale », « bizarre »…?
Combien de fois ai-je entendu des jugements sur moi que je ne comprenais pas tant ils étaient loin de tout ce que je me voyais ou tentais d’être ?
J’ai passé bien vingt cinq années de ma vie à me sentir totalement dysfonctionnelle, inadaptée à ce monde, incapable de le comprendre et de m’y faire entendre… Ce serait peine perdue de tenter de décrire la solitude dans laquelle j’ai pu évoluer, et les cicatrices que j’ai pu porter sans en faire part à quiconque… Je n’écris pas cela pour me plaindre, je pose un constat, et je m »interroge : tout aurait il pu être autrement ? le fameux « Si j’avais su », si « on » avait su…
Une question bien inutile, et pourtant, elle m’effleure souvent…

J’en ai parlé plusieurs fois sur ce blog, à mots plus ou moins découverts (comme ici, ici, ou encore et surtout *), mais cette différence a été le pivot central de nombre de mes réflexions, de mes obsessions…

Il y a quelques années, j’ai entamé un long parcours. Un parcours encore inachevé dans le sens où pour faire reconnaître son débouché, j’ai encore beaucoup à affronter, quand j’en aurais le courage et la volonté. Un parcours incertain, éprouvant, en plusieurs étapes, attirée par un mot comme un papillon de nuit par la lumière trop vive d’un réverbère. Avec au coeur, un espoir insensé, un rêve émietté et discret : comprendre, et peut-être par la suite, pouvoir accepter… C’était devenu vital.

J’ai lu des centaines de pages web sur le sujet, des livres, des témoignages, j’ai regardé des vidéos en boucle, écouté des podcasts, fait des recherches toujours plus poussées… Qu’est-ce que j’ai pu pleurer, en lisant les lignes écrites par d’autres et qui pourtant, pour la première fois, à la perfection me décrivait, moi, l’anomalie inexpliquée… De découvrir que nous étions des milliers, tous aux mêmes épreuves confrontés, et dans la même solitude et la même inquiétude moulés, parfois pétrifiés..
Au fond de moi, j’ai très vite su. Je le sentais, même si j’avais infiniment peur de me tromper. Au début, mon conjoint a été le seul à ne pas avoir cherché à me détourner du chemin que j’empruntais pour obtenir une validation de mon ressenti et mon vécu.. même s’il ne comprenait pas tout, il a fait comme il fait presque toujours : il a accepté, parce que ça venait de moi, et que pour lui, ça ne changeait pas quoi que ce soit… ♥

J’ai eu de la chance, c’est allé « vite » pour moi. Certains attendent toute une vie une piste à remonter, ou une file d’attente qui daignerait les laisser passer… Je suis tombée au bon moment sur les bonnes personnes, en quelque sorte. Fin 2021, j’ai eu ma réponse. LA Réponse. Celle réponse que j’attendais désespéramment depuis si longtemps sans le savoir. Celle qui m’a enfin tendue un autre miroir… un que je pouvais croire.
Je l’ai accueillie avec force de larmes, de soulagement, et d’appréhension, mais ça a été une réelle libération.

♥ trois des livres posés sur la fin de mon chemin vers le diagnostic ♥

Toutefois, cette révélation reste suspendue à un fil bien ténu. Que je comprenne la raison de mes tourments est une chose incroyable, mais jusqu’ici, malgré une furieuse envie de le crier sur tous les toits, je l’ai beaucoup gardée par devers moi, comme un petit secret. D’abord parce que je suis un peu comme ça, surtout le temps d’intégrer les informations, et ensuite, parce que je manquais de foi. La foi de se dire « si j’en parle, mon interlocuteur l’acceptera« . J’ai fait quelques tentatives aux résultats variables… Quatre proches ont accepté l’information sans broncher (mes êtres humains préférés ♥). Deux proches ont accepté mais sans bien comprendre de quoi il retournait, ou avec une idée un peu biaisée de la chose et ses retombées. D’autres ont vivement protesté : c’est impossible, je m’invente des problèmes. Ah cette phrase… combien de fois l’ai-je entendu aussi ? Combien de fois ce que je pouvais être ou ressentir a-t-il été minimisé ou nié ?
C’est si fragile ce genre de choses. Les handicaps et les douleurs qui ne se voient pas sont si souvent ignorés, voire niés, et presque systématiquement mal jugés..

Aujourd’hui, le temps aidant, je commence à me dire que je m’en fiche, de ce que les gens pensent.. Je ne vais pas le crier sur tous les toits, mais je n’ai plus l’intention de me cacher. Je suis moi, avec ce fait impalpable qui me donne bien des faiblesses, mais aussi quelques jolies qualités que même le temps passé à me remodeler n’a pas pu complètement effacées…

Je le dépose ici, comme on poserait un objet délicat dans son carton tapissé de papier bulle et de coton.

Je suis Autiste Asperger.

Je suis toujours différente. Différente d’une norme, mais pas de milliers d’autres oubliés. Avec ma personnalités et ses fêlures, mais la même singularité que d’autres humains que je remercie d’exister. Je ne suis plus anormale, ou dysfonctionnelle, c’est ce monde qui l’est, par la façon non inclusive dont il a été pensé, et qui pourra(it) être améliorée, avec du temps, et de la volonté des deux côtés… J’ai toujours les mêmes défauts, les mêmes qualités, les mêmes problèmes à affronter, mais désormais : je sais.

Je ne suis plus complètement perdue dans un monde où je n’ai pas ma place. Je suis en recherche, dans un monde pas encore complètement exploré, d’un tout petit espace..

Après tant d’années à me haïr, moi l’anomalie dysfonctionnelle,
Si différente qu’elle s’isolait, quand elle n’était pas rejetée…
Prisonnière de sens et de pensées, d’effondrements trop réguliers,
Et en proie aux doutes sans arrêt.. Je peux enfin m’accepter.
Rudes furent mon errance et ma douleur confidentielles..
Gardez donc votre “normalité”, je cesse de m’y contraindre et de la désirer.
En réalité je peux accueillir qui je suis depuis que je sais..
Rien que moi, une Aspie qui -finalement- ne s’est pas si mal débrouillée.

May I always recall myself,
Even in bright light, there’s shadow,
even in dark night, there’s something to glow…

Bonne année 2022

By | Dessins | 4 Comments

Même s’il fait bien sombre parfois, je vous souhaite de toujours entrevoir -quelque part- la lumière.
Je vous souhaite de la Chance, beaucoup de chance, et une sacrée dose de courage.
De la Patience, de l’énergie, de l’inspiration, et de la Bienveillance.
Je vous souhaite des joies par milliers pour oublier les inévitables souffrances,
de surmonter toutes les épreuves, et de pouvoir inaugurer au besoin une nouvelle page.
Je vous souhaite de prendre soin de vous, et ensuite de pouvoir prendre soin de vos pairs ;
Je vous souhaite de toujours trouver la force nécessaire pour avancer, ou d’avoir toujours un coup de pouce..
Quoi qu’il se soit passé en 2021, puisse 2022 vous être douce.

Bonne année.

Fin 2021

By | Dessins, Liens | 2 Comments

En cette fin d’année 2021, je serais restée plus d’un mois bloquée au niveau création. Couture, broderie, écrits, dessins… rien ne venait. Je l’ai particulièrement mal vécu. Après les tsunamis d’émotions qui m’avait mise à genoux en Octobre, j’ai dû gérer ce ras-de-marée là qui dévastait ma confiance en moi. Une fin d’année compliquée. Psychologiquement, comme physiquement. Passer des mois sans jamais être en forme, c’est dur..

J’ai maintenu la tête hors de l’eau tant bien que mal. Les streams notamment m’ont beaucoup aidée. Les miens, et ceux des autres que je suivais. Bien sûr, j’ai aussi eu un soutien primordial de la part de mes très proches, heureusement.

De part et d’autre de cette période vide et lourde, j’ai quand même pu produire quelques petites choses. Faisons un petit point ensemble histoire de finir l’année sur un peu de positif.

Pas de photographie : je ne suis pas sortie, ou jamais pour faire des photos. Je n’étais pas en état.
Pas de véritable pixel art. Pas de couture (tous les projets ont été laissés à l’abandon). Le seul truc approchant le pixel art que j’ai fait, c’est un portrait pour une copine (qui ne servira jamais, mais j’avais eu envie de le faire).

J’ai aussi fait quelques émotes pour le plaisir de m’entraîner et pour essayer de faire des trucs utiles.
Une olive pour KrysaliaH (qui l’a mise en service et m’a citée plusieurs fois ♥). Un « chanut » pour IGot, mais les gens ayant préféré l’ancien il ne servira pas. Un dinosaure (récupération d’un dessin existant) et un « Gromi-coin » pour la chaîne du poto Gromissaire (il les a mise en service et a même mis mon pseudo dans le nom, j’ai failli en pleurer je ne sais même pas pourquoi ça m’a touchée autant ♥ ). Un « RIP » et une émote « câlin » pour ma propre chaîne : le premier pour quand je meurs en jeu ou quand j’enterre quelque chose en stream (comme l’élocution qui part souvent très loin avec moi) et la seconde parce qu’il n’y a jamais trop de douces pensées dans le monde.

Travaux Manuels.
J’ai réussi un seul des cadeaux faits mains que je préparais : un attrapeur de rêve pour ma soeur. Je ne sais pas s’il lui a vraiment plu, mais j’ai fait comme j’ai pu.
Gribouilles :
J’ai fait quelques requêtes tout début Novembre. J’en avais fait gagner six par loterie (j’ai tiré au sort parmi les requêtes que j’avais reçues, chacune ayant son numéro). La dernière a marqué le début du blocage. Plus je dessinais et moins j’étais satisfaite.. Seules les deux premières me plaisent bien :

Un dessin rapide lié au stream de IGot, parce que j’aimais bien l’idée que son petit renne et sa licorne finissent par échanger leur repas.Un avatar version basique et version Noël pour Leia qui s’est lancée sur Twitch à son tour.

Après, je me suis débloquée juste avant Noël, tout doucement, avec de petits dessins qui n’ont l’air de rien, mais qui ont été une bouffée d’oxygène et d’espoir. Un dessin rapide pour Ninoche (que je dois encore lui envoyer), une gribouille pour Assistant dont le précieux soutien sur ma chaîne méritait bien un petit quelque chose. Une esquisse ambiance de Noël et enfin un dessin sans prétention pour Magnet_Boy, un collègue Twitch qui a permis de bons moments et de belles rencontres cette année.

Textes.
J’ai jeté la plupart des choses que j’ai pu écrire. Je n’ai gardé que deux papiers de quelques lignes à peine chaque fois. Je les dépose là :

Quelques mots pour dire que ça n’allait pas bien, un jour chagrin :

Mettre des paillettes sur les larmes.. parce que c’est plus joli.
Parce qu’on veut pas que les gens s’attardent sur la pluie.
Attendre que le vent souffle, et chasse les nuages,
Sourire de désespoir jusqu’à tourner la page..

(sur mon twitter j’ai remplacé le début de la dernière phrase par « Maquiller le miroir ».)

Quelques lignes qui sont venues après la première esquisse qui a réussi à sortir (passé plus d’un mois de blocage) :

Et tout d’un coup, comme un filet de vent à peine perceptible, une impulsion.. 
Un geste flou, mais sans cette peur incoercible, un bref instant de concentration. 

 
Et la main dessine contre toute attente, rien de bien fou, mais un truc qui ressemble à quelque chose malgré tout. 
Et l’âme s’en retrouve toute pantelante, c’est comme inspirer après un temps en apnée, dans un en-dessous.. 

 
Cela ne signifie pas que tout est terminé, que l’inspiration est revenue pour rester, que tout va bien, 
mais c’est un pas pour avancer, un morceau d’espoir à savourer, pour envisager demain.

Et puis voilà, c’est tout, mais l’essentiel, c’est qu’il n’y ait pas rien… et pour mieux visualiser, voici les résumés en Art de l’année pour les photos & dessins. Même s’il n’y avait qu’une seule image dans le mois, je l’ai mise. Je visualise sans mal les mois qui ont été les plus compliqués pour moi, mais ils sont là, je les ai traversés :

Niveau Bilan 2021…

Je jette les doutes, la peur de ne jamais trouver la sérénité, les périodes de douleurs, les angoisses et les pensées sombres, les déceptions et les échecs, le blocage, l’ambiance globale du Pays noyé dans les haines et le covid.. mon éco-anxiété et mon impuissance face à l’injustice ont rarement autant crevé les plafonds, ce qui ne m’aide absolument pas à aller bien, mais je n’y peux rien. Je ne sais pas ne pas voir ou entendre, même quand je m’isole, tout me parvient et m’imprègne…
Je conserve les petites victoires : réussir à maintenir certaines relations, me relever tant bien que mal chaque fois que je tombe, les dessins achevés, les lives partagés, le giveaway sans prétention sur ma petite chaîne qui m’avait boostée pour plusieurs jours, le tri et le rangement qui ont avancé un peu dans la maison, ce genre de choses.

Je sais que 2022 s’annonce compliqué aussi, par certains égards de façon identique à 2020 et 2021 (avec ce satané virus notamment, et à cause des élections qui me fatiguent d’avance), mais aussi différemment (je vois venir une nouvelle épreuve dont j’ignore l’issue, redoutant de façon différente chaque possibilité)… mais je vais m’accrocher comme je peux… et faire de mon mieux, en espérant que cela suffira…
J’ai pris ma décision je pense. Fin Août 2022, si je suis toujours là, je me paie un nouveau tatouage. Le premier marquait mes épreuves, celui-ci marquera le fait que je les aurais traversées… je le mettrais bien visible, pour que chaque fois que mon regard tombera dessus, je me souvienne que j’ai fait un choix il y a 2 ans : celui d’essayer de vivre, et de me faire une place à moi dans ce monde pour moi un peu trop fou, mais si beau malgré tout.

Texte: Un peu de rien.

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Cela ne m’était pas arrivé depuis… à ce point : jamais, en fait. Ou alors, j’ai oublié.
Cela m’arrive désormais, d’oublier…

Me poser devant mon écran, et ne rien vouloir y faire dessus. Ni jouer, ni dessiner. Ni lire, ni écrire. Ni rechercher, ni contacter… rien. Rien qu’une immense flaque de néant au bout de mes envies.
Je regarde autour de moi, et c’est la même chose. Les esquisses en attente depuis le début du « Art Block », la couture délaissée, les livres abandonnés… le rangement qui s’impatiente, le ménage aussi. Je n’ai juste envie de rien faire. Rien du tout.

Je suis sans doute plus fatiguée que je ne le pensais, mes souhaits noyés dans une torpeur démesurée.

Tout est terne en dedans.. Dehors, le ciel est gris-blanc. Rien ne s’y passe, rien n’y bouge, tout fait semblant, en suspens… Dans les rues en contrebas, à demi noyée par la bruine, quelques personnes s’agitent. Il y a un évènement en ville. Moi, je n’irai pas. Trop de monde, trop de bruit, j’ai besoin de tranquillité, de solitude choisie.

J’ai dormi plus que de raison aujourd’hui, migraines et cauchemars ont pourri ma nuit. Me lever a représenté un considérable défi… je n’ai pas même le goût de m’alimenter.. Je verrais ce soir, quand Il sera rentré… après tout, ce n’est pas comme si j’allais m’activer…
Je sais que plus le temps sera morne et plus il en sera ainsi. Mon énergie en chute libre, et le moral aussi, si je ne cultive pas les petites satisfactions avec précaution.. Spleen de fin de saison. Déprime de fin d’année, sur fond d’une dépression qui a toujours plus ou moins été. J’ai commencé à m’en libérer, mais par moment, les symptômes reviennent me hanter.

Novembre et Décembre… ce sont deux mois qui voient presque systématiquement ma forme s’envoler. Le froid, le manque de Soleil, l’absence de papillons dans les bosquets… je dois trouver des moyens de compenser pour ne pas m’écrouler. À croire qu’une part de moi est née pour hiverner… j’aime la consonance de ce mot « hiverner »..
Mais cela ne se fait pas, dans l’univers des humains. Il y a à faire toute l’année, sans jamais s’arrêter. C’est pesant par moment si vous saviez…  D’ailleurs, j’ai parfois l’impression que c’est de plus en plus lourd pour moi chaque année..

Aujourd’hui, même si c’est un peu malgré moi, je prends le temps. Le temps de ne rien faire. Le monde des ‘miens’ à deux pas, et pourtant, infiniment lointain déjà. Mes réflexions d’habitude si tourbillonnantes pénètrent l’oeil du cyclone au fond de moi. C’est flou, c’est las. En suspension dans un espace qui n’existe pas, où le temps n’est plus qu’une illusion qui s’effiloche au moindre geste, à la moindre pensée qui se déforme et disparaît avant même que d’avoir été pleinement formulée. Un univers rien qu’à moi qui ne se décrit pas.

J’observe cette sensation de trop-plein qui sonne comme du vide, à l’intérieur comme à l’extérieur. Je réalise avec distance tout ce qui traverse mon esprit et mon coeur. J’accepte que ce jour soit réservé au constat factuel de ces ressentis, et je chasse toute la culpabilité qui essaie de m’enserrer. Je respire, en flottant intérieurement au grès du vent..

Par la fenêtre, je vois le jour qui déjà décroît, et je me souviens que ces nuits précoces m’ont toujours plus ou moins vidée. C’est dur pour moi, de voir les jours raccourcir. Même quand je n’en profite pas.. Il y a quelque chose qui ne va pas dans ces moments là… mais quoi ? Peut-être le fantôme de cette impression qui m’a si souvent peinée, piétinée ou affolée : « ma vie me passe à côté. Je n’ai jamais vraiment existé« . Tout est plus saisissant dans la langueur des jours blancs.. Peut-être autre chose, qui n’a pas encore de nom dans mon inconscient..

J’arrive à saisir la beauté de l’arrière-saison qui souffle sur la terre, à aimer la présence de la Nuit autour de chaque lumière.. J’arrive à affectionner ce ciel de plomb et de coton et sa mollesse, le froid qui fait tressaillir le corps à la moindre caresse. J’ai l’âme qui vibre au premier flocon, et dès que dans l’air des rues fusent des chansons.. mais quelque chose à l’intérieur de moi, dans tout cette lente et pure transmutation, ne trouve pas sa place, et je voudrais pleurer de n’en pas saisir la raison..
Elles sont lourdes à porter, les larmes qui s’interdisent de couler, bloquées par des croyances passées.

Il y a dans les nuages quelques nuances timides, qui peu à peu se fadent totalement. Dans le ciel, un grand silence à peine masqué par la rumeur confuse de la ville. En ouvrant, une goulée d’air froid vient me mordiller la joue. Le vent sent le gris, et l’amorce de l’Hiver. Je ferme les yeux pour mieux le goûter, comme si une part de ce qu’il est me comprenait.
Je tremble et referme, puis enroulée dans un plaid bien chaud, je pose le front contre la vitre.

Je touche du bout de l’être l’absence d’actions, et toujours mes pensées errent, lointaines, floues, presque inexistantes elles aussi..

J’attends. Je regarde le simulacre de couleurs alentour s’estomper, jusqu’à se noyer dans ce bleu nuit qui engloutit les montagnes et tout le paysage en arrière plan. Je regarde disparaître chaque élément dans son manteau de velours, jusqu’à me lasser de ce sombre monochrome qui remplace la vie dans l’embrasure de ma fenêtre, seulement piqueté de jaune par quelque lampadaires vacillants..
Je décolle mon front de la vitre et je tire les rideaux. Combien de temps s’est il écoulé ? Je ne saurais le dire. Tout est calme en dehors du roulement des voitures qui passent régulièrement. Autour de moi tout reste vide et inanimé.

Je n’ai rien fait de mon après midi, mais ça n’est pas grave. Il y avait en moi un gouffre assoiffé de néant qui me hurlait de tout mettre sur pause, et je lui ai donné ce qu’il voulait. Demain, le jour traversera peut être ma fenêtre pour arriver jusqu’à ma peau, et je ressentirai ‘autre chose’, et l’envie et la Vie, peut-être, pointeront le bout du nez..?

En attendant, les mots emmêlés, je note dans un coin cette étrange journée. Il y a quelque chose à y capturer. À garder, ou relâcher…
Quoi exactement ? Ça… Qui le saurait ? Parfois les mots ne sortent que pour s’envoler, sans rien nous laisser.

Résumé de l’Inktober 2021

By | Dessins | 3 Comments

Cette année, j’ai voulu faire le challenge de l’Inktober : un dessin par jour à l’encre, selon un thème donné.
Comme certains thèmes ne donnent parfois rien chez moi, je me suis aussi penchée sur d’autres versions de ce challenge de façon ponctuelle : Le #bouquetober (de Panpeekaboo), le  #Nyoctober (de Nyo chaque vendredi uniquement), le #witchtober (une sorcière par jour, j’ignore de qui c’est), et au pire du pire : pas de thème, ou bien arrangé à ma sauce.

Mes dessins : de qualité variable, mais dont la quasi totalité sont des « quickdraw », des dessins « rapides », c’est à dire qu’ils m’ont pris moins d’une heure trente.
Lorsqu’une fleur 🌸 apparaît, c’est que j’ai utilisé un thème du bouquetober. S’il y a une palette 🎨 , alors c’est qu’il s’agit d’un thème du Nyoctober. Enfin pour signaler les petites sorcières, il y a des petites étoiles ✨.

J’ai mis en gras et indigo les numéros de ceux qu’au final, je préfère dans mes gribouilles. Et vous, un ou des favoris ? ^^

01 🎨 02 ✨ 03 04 ✨ 05
06 07 08 🎨 09 10
11 12 13 🌸
14 🌸 15 🎨
16 🌸

Inktober 2021

17
18 19 20 21 22 🎨
23 24 25 26 26 bis ✨
27 28 29 🎨 30 ✨ 31

Et voilà, pour une fois, c’est un challenge complet que j’ai réalisé ! J’ai fini de rédiger mon article le 31 Octobre à 7h43, je n’avais plus qu’à le poster ! J’ai tout fait dans les temps ! Et j’en suis bien contente ! 😀

C’est un excellent exercice, mais je suis tout de même ravie de le voir s’arrêter car mine de rien, ça mange du temps ! ^^

Aller, c’est parti pour Novembre maintenant, je me demande bien ce qu’il va s’y passer ! À bientôt !

 

Octobre

By | Dessins, Photos | No Comments

Et voici un peu tout ce que j’ai traficoté ce mois d’Octobre !!

Je commence par les photos. Il n’y en a pas masse, mais comme toujours, la moindre photo prise reste une victoire, alors savourons les !

Couleurs

d’Octobre

J’ai fait un peu de pâte fimo aussi.
En fait, le délire du Galet de compagnie est allé jusqu’au point suivant : j’avais promis un live où je brancherai ma webcam sur le galet – comme d’autres streamers font sur leur chat, mais moi je n’ai pas de chat -. En utilisant des « points de chaîne » (que les gens gagnent en regardant le live), ils pouvaient lui permettre de lire un livre, avoir un animal de compagnie, etc… Je me suis énormément amusée à préparer tout ça !! Des gens ont participé lors du live, donc je me permets de conclure que ça a du les amuser au moins un petit peu ^^

J’ai fait un brin de couture et essai broderie. La plupart des trucs sont toujours inachevés… Mais j’ai au moins fini un bidule : une petite licorne en feutrine. J’aurais du doubler le corps sur l’arrière, avant de mettre la crinière… l’arrière est moche… mais de face ça va. Tant pis ! Je saurais pour la prochaine fois ! 🙂

J’ai reçu ma contrepartie au projet « Étranges Escales » de Patrick Baud. Rien de fifou, mais assez pour se dire « j’ai pu participer » (à mon échelle). Du coup, j’ai un badge qui s’ajoute à ma petite collection. Il faudra vraiment que je trouve comment les afficher un jour sans qu’ils ne s’abîment… et quand j’aurais fait de la place dans la maison x)
J’ai également reçu ma contrepartie à la campagne Ulule de Marie Ortie. Je vais l’offrir à ma soeur, je le lui avais proposé et elle avait semblé contente de l’idée.

 

En aparté : J’ai aussi cuisiné un peu ! C’est assez rare pour être noté. La première fois, j’ai fait des fondants au chocolat (qui n’ont pas fait un pli ! 😀 ) parce que c’était nos 10 ans ensemble à monsieur et moi ♥. La fois d’après, c’était une simple tarte aux tomates. J’ai aussi fait une béchamel au thon/tomate, mais même si c’est très bon, ça a toujours une tête effroyable donc je ne l’ai pas prise en photo xD

J’ai fait quelques dessins aussi. Déjà, encore des tutoriels de DevianArt, pour le plaisir de choper les badges qu’ils rapportent (et qui ne servent strictement à rien xD) :

Puis un « Draw This in Your Style » (dessine ça dans ton style) de Mariko qui fête cette année ses 13 ans de blog !! Je voulais être sûre d’avoir le temps de participer alors j’ai fait ça vite, en mode inktober aussi et ça a donné ça :

Ensuite, j’ai fait l’inktober !!! Mais je ferais un article exprès à ce sujet ^^
Néanmoins, j’ai repris l’une de mes gribouilles de l’Inktober (le 22, la baleine de l’espace) pour la transposer en numérique et en couleurs, et ça a donné un petit dessin plutôt mignon qui me plaît assez :

Enfin, j’ai également fait une gribouille pour Halloween ! La première version est la version « dessin » seul :

J’en ai fait une seconde, au format « Carte » carrée, plus épurée. C’est ma version préférée =)

Je vous laisse avec ça pour cette fois-ci =)
Avec un peu d’avance : bon Halloween à celles&ceux qui le fêtent, et dans tous les cas, portez vous bien ! À bientôt ^^

Septembre

By | Dessins, Photos | 2 Comments

Bonjour !
Non, je n’ai pas oublié mon petit blog. Je n’ai juste pas assez de temps ni assez d’énergie pour faire tout ce que j’aimerais. Enfin bon ! Petit retour tardif sur le mois de Septembre.

Quelques photos prises au petit parc. J’ai eu la joie de voir des grenouilles dans la mini mare, et des papillons un peu partout. Hélas beaucoup de monde, je ne suis pas restée trop longtemps.

J’ai fini par envoyer les peluches que j’avais confectionnées pour Sarys. Il m’a fallu du courage pour lui demander une adresse à laquelle les envoyer et poster le colis. J’ai eu pratiquement autant de stress à expédier ça que j’ai eu de joie à créer mes petites notes en tissus… heureusement, après réception, sa réaction m’a redonnée une double dose de joie ! ^^ Je crois que ça lui a plus pour de vrai ! Et s’il en a été content, alors je suis ravie, et peut-être même un peu fière !!! Il les a montrées deux fois en live (j’étais émue !!) et il en a fait un post sur son compte twitter :


Dans la foulée, j’ai eu l’audace d’envoyer un dessin FanArt sur son discord à KrysaliaH. Je l’avais réalisé en grande partie en live. Voici le résultat de mon labeur :
Sa réaction a été positive aussi, m’ôtant un poids de la cervelle ! Elle a écrit deux messages à ce sujet sur son compte twitter :

Pour continuer sur les dessins, j’ai fait deux designs un peu humoristiques et sensés être mignons pour ma boutique. Au final, je n’ai activé que le premier :

Le premier a pour description « Pour montrer au monde que, même si vous êtes mignon•ne•s, faut pas vous chercher. ». Parce qu’être gentil, ce n’est PAS s’interdire de se défendre.. une leçon que j’intègre petit à petit et que je dois régulièrement ré-appréhender…
Le deuxième est juste un délire qui m’a prise lorsque l’on m’a envoyée la page wikipédia vers « les galets de compagnie » en anglais : PetRock. Pour la blague, j’ai peint un caillou pour m’en faire un (j’en avais parlé la dernière fois), et cette blague est partie plutôt loin, mais j’en reparlerai peut être à l’occasion ^^

J’ai quand même fait un vrai dessin aussi. Le thème en était « ouvrir son coeur », et a été largement inspiré par le travail que j’effectue en thérapie même encore aujourd’hui. C’est un peu différent de ce que je fais habituellement, mais j’ai pris plaisir à le faire. Il a été réalisé en live également, en grande partie.Et, je crois que c’est à peu près tout pour ce mois-ci. Pas grand chose au final, mais peut être que j’ai oublié des choses. J’ai du mal à rester concentrée et me souvenir des choses. Enfin, l’essentiel reste que je n’ai pas rien fait, n’est-ce pas ?

Et voilà. C’est tout pour cette fois-ci. À bientôt ! ☺

Texte : J’aime la brume…

By | Poésie / Texte | 2 Comments

Tôt ce matin, alors que j’avais à faire à l’extérieur, je me suis retrouvée à traverser une vaste zone noyée dans la brume.
D’épais nuages laiteux qui réduisaient la visibilité, et donnaient au monde du quotidien un air fantasmagorique… peuplés de fantômes de moments similaires, à l’éclat irisé dans ma mémoire.. j’aurais adoré m’arrêter. Prendre des photos, marcher dans n’importe quelle direction, jusqu’à ce que mes jambes me demandent une pause bien méritée… Attendre dans le demi silence que le jour se lève tout à fait, estompant progressivement les ténèbres…
Hélas j’étais prise dans la frénésie de l’horloge. Des rendez-vous à ne pas manquer, des papiers à envoyer avant telle heure donnée… J’ai chassé cette pensée, du moins j’ai essayé : elle m’a poursuivie toute la journée.
Cela m’a rappelé des moments que j’ai dérobé dans le passé, et que j’ai confiés à la douce nébulosité de ces jours tamisés. Je me souviens du plaisir de marcher dans cet irréel écran de fumée…

Bon sang, comment ai-je pu oublier ces dernières années ? J’aime la brume… Cette familière inconnue aux allures de poème.
Vous ai-je jamais parlé de cet étrange sortilège qui peut revêtir la légèreté d’une plume ? Combien de fois, il y a longtemps, ai-je pris plaisir à faire mes trajets à ses côtés ?
Comme il est bon de s’abîmer dans ses souvenirs jalousement gardés..

S’enfoncer dans son voile gris, s’évaporer aux yeux du monde comme par magie… Cette sensation de s’aventurer dans un lieu oublié, qui n’appartient qu’à ceux qui se tiennent au centre  de la buée… Un goût de retombée dans la candeur de l’enfance. Une allégorie de l’avenir que l’on ne peut jamais vraiment deviner…

En ville, voir les gens et les voitures disparaître dans la grisaille, et apparaître d’un coup, par enchantement, seulement pour un fugace moment. Arbres et bâtiments émergent au fil de la route comme on sort d’un long sommeil, avant d’y sombrer à nouveau, quelque part dans notre dos.

Par endroits, l’on n’y voit guère à plus d’un mètre de distance, tandis qu’ailleurs, quelques dizaines de mètres sont visibles, ou devinables. Comme des bulles diverses et variées, ci et là déposées. On passe de l’une à l’autre au son de l’écho de nos pas.  Un univers estompé, lavé, qui gomme les défauts et le trop parfait dessiné par le hasard. Tout prend un air différent dans ces cas là, ensevelis sous le brouillard..

Dans son étreinte, même les plus connus des chemins s’auréolent de mystère. L’occasion de les redécouvrir, d’une singulière façon, à mesure que les détails se dévoilent lentement, tour à tour. Un pas après l’autre, l’oeil capture les contours qu’il ne faisait qu’interpréter l’instant d’avant. Timides, les couleurs se fondent dans un camaïeu de gris, monochrome de génie..

Au sein de cet espace artificiel, créé par une illusion de cocon, je ressens une certaine forme d’intimité. Lors de mes instants d’angoisse, il se ressert sur moi, et j’ai peur de tout ce qui pourrait, à tout moment, surgir de n’importe quel côté. Mais les bons jours, c’est un cadeau dans lequel je me sens libre d’être et de respirer.. Mon imagination de grande enfant se teinte d’humidité, et je parcours des terres oubliées. C’est comme plonger dans des citées immergées, mais sans avoir à retenir son souffle.. lequel s’échappe en volutes de vapeur. J’hume le sol qui transpire de fraîcheur, cet humus détrempé dont la douceur est presque palpable. Loin dans ma tête, se jouent des scénarios incroyables, et en avant plan, mes sens savourent le présent.

Écouter les oiseaux, les seuls qui se moquent de défier le silence de leurs mots si plaisants. Sentir la vie qui s’éveille, bruissant dans chaque recoin, et ressentir ce léger picotement sur la peau, ce frissonnement qui nous rappelle qu’on est vivant. Voir le voile se dissiper, à mesure que le jour gagne du terrain, se délecter de l’air qui glisse autour de ma main… Respirer le vent, le parfum des fleurs au petit matin. Observer les couleurs qui saturent graduellement sur toute chose, comme avec pudeur, alors que le tableau se métamorphose. Les premiers rais de lumière qui percent vraiment le rideau de petits cristaux en suspension, faisant naître – parfois, quand on a de la chance – de petits arc-en-ciel inopinés.. S’ouvrir à ce monde opalescent, constellé de gouttelettes abandonnées, comme autant de points de rosée qui scintillent au Soleil. Se dire que notre Terre est véritablement une pure merveille..

Revenir délicatement dans le monde « des gens ». Reprendre la marche pour rentrer chez soi, paisiblement. Ancrer en soi ces heures clandestines, l’âme chaussée de ballerines.